Jean-Jacques Bailly est né à Saint-Ghislain le 18 mai 1946 et vit à Louvain-la-Neuve. Marié, père de famille nombreuse et grand-père, il a fait des études de Droit, de Philosophie, de Sciences Religieuses et d'Orientalisme à l'U.C.L., des Oulpanim d’hébreu à l’Université Hébraïque de Jérusalem et un Doctorat en Philosophie à l'U.L.B. Ancien professeur de religion, il est depuis des années professeur d’hébreu et de philosophie. Il a fait de nombreux séjours à l’étranger et tous les continents. Son essai philosophique "Eros et Infini" (L'Harmattan) vient d'obtenir le Prix quinquennal Polydore de Paepe, de l'Académie Royale de Belgique Site http://infoinematov.net |
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Œuvre de couverture : © Jean-Jacques Bailly, "L'annonce faite à la femme" gouache improvisée |
L'annonce faite à la femme suivi de Lettres à Ischah Poésie "L’annonce faite à la femme suivi de Lettres à Ischah" est un recueil en deux parties. La première originale, la seconde réédition d’un recueil paru en 1977, qui fut alors salué par Emmanuel Levinas. Plus de 40 ans séparent ces deux Poèmes. L’annonce faite à la femme maintient la cohérence d’inspiration initiale après un long temps de silence, de vie, de voyages, de réflexion et de ruptures. Il s’agit là d’un chant d’amour original au niveau de l’écriture poétique, de la langue, de la pensée et de l’investigation du sens des choses : une pénétration de la splendeur de l’éros. ISBN: 978-2-8070-0062-9 176 pages 2016 – 16,00 EUR |
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10,99 EUR |
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Extrait Tu
es la reine franche
de ton vouloir farouche l’impératrice de tes songes qui me révèlent. Je me suis livré à l’absence infinie. J’ai scruté l’accord des cieux et de la terre avant de t’étreindre. Notre lit nous attend avec la vigilance d’un lieu inédit entre les tournesols. Je pars au large des plateaux entre faune et flore en nos chambrées muettes et improvisées. Aux quatre vents des chambres closes en nos secrètes intériorités. Je me suis revêtu des parfums qui t’inspirent. La fièvre de nos paumes concaves accoste les froids noirs de la brume. |
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Ce qu'ils en ont dit Le recueil
comporte deux parties, dont la deuxième, Lettres
à Ischah, est en fait la plus ancienne, et de
beaucoup. L’annonce faite
à la femme se
présente comme une ode à l’amour et à la femme qui l’inspire,
l’amour
avec ses vagues, douces ou tumultueuses, ses hauts, ses bas, son
éternité sans cesse renouvelée, toujours semblable et
différente, « le défi
d’un haut vol » car l’amour est difficile mais
tellement gratifiant si on veut en assumer tous les aspects, de
« ce puits d’attente où
se fend l’univers ».
Image et musique scandent la progression sacrée des amants.
Chaque
petit texte de quelques lignes est une perle du collier d’amour
et peut
se lire isolément, les perles se succèdent et s’entrechoquent
sans se
nuire. Prendre le temps de savourer l’instant, contrer le temps
qui
passe et conserver toujours la passion, malgré les « venins
de sang noir »
qui quelquefois paraissent. La pudeur est bannie, l’amour est
noble, le
corps peut être exposé et chanté, toute intimité portée aux nues
pour
rejoindre celle de tous les amants du monde et célébrer « le
splendide éros ».
Comme il s’abandonne aux délices et délires de l’amour, l’auteur
s’abandonne aux mots. Le vécu est sublimé et l’idéal survole le
quotidien du couple. Tout est permis, tout peut se dire et
s’écrire.
« Je suis au cœur de ta solitude / comme la déchirure du temple. / Ma coupe déborde dans les réserves évanescentes du temps et les abysses qui s’ouvrent. // Tu livres à la contemplation / tes grottes souterraines / où la vie se conjure. // Ton impudeur tranquille est la mesure du respect. » La deuxième partie, Lettes à Ischah, se présente, quant à elle, en un flot continu, page après page, telle une rivière de mots, dont le cours peut paraître plus nébuleux à la lecture et appelle explication. L’auteur est érudit, diplômé de Droit, de Philosophie, de Sciences Religieuses et d’Orientalisme, professeur de religion, d’hébreu et de philosophie. Ce texte a été écrit au Zaïre quarante ans avant L’annonce faite à la femme. L’auteur nous en dit qu’ « au départ, c‘est une lettre d’amour » et parle d’un écrit « sauvage ». Il apparaît cependant comme très élaboré et le contenu en est riche et complexe. Laissons parler l’auteur : « Dans mon esprit la forme en a surgi d’un trait : 3.000 vers de 6 pieds, 100 morceaux de 30 vers décomposables en 5 strophes, alternance de rimes masculines et féminines, jeu de rimes croisées et plates. En réalité, c’est une recherche rythmique syntaxique d’un type de réflexion procédant par images ponctuelles ou associées. J’ai tenté de produire un effet linguistique à partir de formes grammatologiques que je crois avoir intuitionnées dans d’autres langues comme le chinois, l’hébreux [il n’y a pas d’hébreu mais des hébreux. Felix culpa ! ] le swahili, afin de faire éclater, dans tous les sens du terme, les potentialités langagières du français.[…] Pousser une langue à ses limites dans l’espoir d’y toucher l’absolu d’une expérience. C’est encore du français et c’est déjà presque une autre langue par surimpression de styles et de génies linguistiques. […] J’ai écrit en langues. Il s’agissait de ne parler que du visible imprononçable. […] D’où de prime abord, l’étrangeté, peut-être la difficulté. » Ainsi avertis, nous voilà peut-être mieux à même de saisir la poésie de ce langage particulier, même si la plupart d’entre nous n’ont guère de connaissances en chinois, hébreu, avec ou sans x, ou swahili… Reste à se laisser déconcerter et charmer par l’originalité du propos, se laisser dériver sans pagaie… « Tu pars. En cette brèche / a pu s’épancher l’eau / des digressions sèches. / Que planent un halo, / comme des feux tes cintres. / Le velours de ces peintres / que les lignes ont bu. / Je me tiens à la barre / entre les points perdus. / En les cieux qui s’amarrent / à l’angle du ciel pur. Noir jaune c’est le dur / épais long gouffre ignoble, / à l’ombre des enclos. / Suffisent les vignobles, / je me tiens les yeux clos / et touche les ruelles. / A la main l’écuelle. » Nous laisserons le mot de la fin à l’auteur, qui écrit à Monique Thomassettie, responsable de la collection Poésie des éditions M.E.O. : « Mon projet conscient était, au niveau du style, de réaliser une déconstruction et quelque chose de neuf autant que possible. » Isabelle Fable, Reflets Wallonie-Bruxelles * Des deux parties
qui composent le recueil, la seconde, Lettres
à Ischah, Poème,
ici proposée en seconde édition, est antérieure d’une
quarantaine
d’années à la première, également un long poème. Le poète
présente le
premier, tout récent poème, L’Annonce
Faite à La Femme,
comme « un chant d’amour original (…) une pénétration de la
splendeur de l’éros ». Qui prend une dimension
cosmique : « Je
me suis livré à l’absence infinie. / J’ai scruté l’accord des
cieux et
de la terre/ avant de t’étreindre. » « Ta robe
transparente/
est le reflet du ciel ».
Et même religieuse : « Tu saisis ma verge/ et doucement tu l’élèves/ comme un cierge pascal/ l’icône du ressuscité/ où je me ramifie. » Lettres à Ischah est composé d’un seul tenant, de vers rimés ou assonancés de six syllabes à la prosodie voulue stricte par l’auteur. Moins explicite, moins directement érotique, plus ésotérique et dans une langue plus érudite dans Lettres à Ischah (Ishah signifie femme en hébreu, dit wikipedia), c’est toujours l’amour fou qui triomphe : « Tu dégageais des flores/ et des atours recuits/ de sentences sonores/ et la terre tournait/c’était bien au chevet/ des enfants sans mémoire/ issus d’eucalyptus. » Jean-Jacques Bailly est un personnage inhabituel, grand voyageur et linguiste, grand lettré, professeur d’hébreu et de philosophie, d’où la lettre d’accompagnement du philosophe Emmanuel Levinas pour Lettres à Ischah, poèmes. Il est également l’illustrateur de la couverture du livre, qui illustre avec des couleurs vives cette passion érotique joyeuse. Michèle Duclos, Temporel. *
« Nos corps en quinconce se replient l'un vers l'autre dans les accordéons du silence » De l'audace, il en fallait pour écrire la page que nul n'écrira demain mais que d'autres noirciront avec la même urgence ! Écrire la femme, le mouvement ondulatoire des corps, le souffle crypté des lèvres, et l'accord, degré par degré des deux silences qui, eux, calligraphient l'intime... Projet de toujours, cahier secret (ou non) de tous les poètes et, surtout, l'utopie de la démarche vitale ! Comment peut-on dire ce que la langue élude le plus souvent ? Mais sous la plume de Jean-Jacques Bailly, le chemin d'écriture s'accompagne d'une investigation plus large qui touche à la quête de sens... Peu d'interrogations mais des appels d'air en permanence : « Viens, nous sommes peut-être des cycles en chemins. » Le lecteur prend conscience d'une célébration plurivoque, charnelle et mentale à la fois. Visions, entrevisions se succèdent dans une métrique solide alimentée par un vocabulaire de voyageur en proie aux ruptures, aux retrouvailles : « Cette poussée nichée au creux des reins pour échapper à l'obscur, c'est l'amour et la vie cousus maille à maille entre les doigts du vent. » Une chanson de « gestes » toujours recommencée... Michel JOIRET, Le Non-Dit |
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