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Écrivain et peintre reconnue en Communauté Française de Belgique et au-delà,
auteur de plus de quarante ouvrages de poésie, contes & nouvelles, romans, théâtre,
Monique Thomassettie
"élabore une des œuvres les plus singulières de notre époque, aux confluents de la poésie, du conte, du récit intérieur et du théâtre, marquée par une spiritualité proche de la mystique, indépendante des dogmes, confrontant avec les sources religieuses une symbolique personnelle profondément vécue."
(Gilpro)


Monique Thomassettie


Mes bouteilles

Mes bouteilles à la mer contenaient des tempêtes
Chanson de geste

Monique Thomassettie réinvente l'épopée d'Icare et Dédale.
(avec, dans le texte, les reproductions
en couleurs d'un triptyque de l'auteur, 1986)

En première de couverture : "Icare nageant", huile, 1991
En quatrième de couverture :
"Icare au soleil couchant", huile, 1990
"Djinn ou bon génie quittant sa bouteille", huile (fragment), 1990
 (œuvres de l'auteur)


ISBN: 978-2-930333-35-9
2011

17,00 EUR



e-book
8,99 EUR



Extrait


Mes bouteilles à la mer
contenaient des tempêtes

Venant moins d’un séisme
que du vent,
l’inondation a des ailes

Au cœur du flacon,
une infinie et concentrée
inspiration

*

Si l’idée a bon dos,
les ailes élargissent
et l’idée
et le dos

Un rêve avait si bon dos
qu’il lui poussa
des ailes

*

Le dos rond d’un bourgeon
s’ouvre et libère
un envol hors saison

Dans le ciel
Icarielle
s’élève

mais choisit l’heure
paisible
d’un couchant

*

Rouge velouté
un soleil brillait
sans blesser le regard

Au cœur de la vaste cible céleste
l’astre aimanta
le fin corps d’Icarielle

Flèche
elle voulut s’y planter

Et se planta !



Ce qu'ils en ont dit


Tempêtes menant à l'ascension du monde

Quel joli titre que celui-ci !
A la hauteur du recueil poétique qu'il abrite.
Dans cette chanson de geste, Monique Thomassettie revisite le mythe d'Icare, qu'elle poétise à travers le personnage d'Icarielle. Icarielle qui chute aussi, à sa façon, mais décline une vision du monde plus large que celle de son illustre inspirateur. Plus large et plus humaine aussi. Icarielle est mythe, Icarielle est femme, faire de rêves mais aussi d'interrogations, d'errances et d'espoirs.

"Rouge velouté
Un soleil brillait
Sans blesser le regard

Au coeur de la vaste cible céleste
L'astre aimanta
Le fin corps d'Icarielle

Flèche
Elle voulut s'y planter

Et se planta !"
(page 14)

Ce mélange entre une héroïne humanisée et un héros féminisé prend des saveurs étonnantes sous la plume de l'auteur, décidément de plus en plus à l'aise dans la libération de ses mots et des ses émotions. Celles-ci se font amples, belles, riches en portes ouvertes vers un imaginaire foisonnant d'êtres en création, d'existences en devenir.
Dédale n'est pas en reste, il tente de nous perdre. A nous de créer nos repères, de construire nos vies en espérant qu'elles seront empreintes de la même force et de la même douceur que l'auteur insuffle à ses poèmes.
Et une fois encore, Monique Thomassettie nous entraîne sur des voies inconnues, sur des routes mystérieuses que nous n'aurions peut-être pas empruntées sans un petit coup de pouce de sa plume qui nous les rend attirantes et dépasse toutes limites du genre. Ses mots fredonnent, ils nous emmènent vers la rêverie, vers la réflexion. A nous ensuite de dessiner une autre réalité grâce à cela.

Sahkti, critiqueslibres.com


*


Au commencement de la poésie est l’épopée. Achille au pied léger, Ulysse ou Gilgamesh, affrontant passions, destin, versatilité des dieux, forgent les mythes fondateurs de leur groupe et de l’humanité. Mais si leurs aventures nous font encore vibrer, c’est grâce à leur « mise en art », qui suscite l’émotion poétique.
Dans son œuvre, littéraire comme picturale, Monique Thomassettie renoue avec cette révélation de l’humain par le mythe poétisé. Mythe qu’elle forge ou plie à sa vision, tantôt inventant des héroïnes porteuses, tantôt féminisant les héros classiques (« Arielle », « Sisyphia »). Dans son nouvel opus « Mes bouteilles à la mer contenaient des tempêtes », elle réinvente Icare et Dédale à la lumière de trois de ses tableaux, qui nous sont présentés en couverture, ainsi que du chef-d’œuvre de Bruegel. D’où le sous-titre : « Chanson de geste ». « Espérant chevaucher le soleil / à l’heure plus accessible et douce / du couchant / Icarielle a glissé / à côté de son rêve ». La mer pour l’accueillir lui envoie « une vague perlée de lune / un toboggan ourlé d’écume ». Avalée par une bouteille, l’héroïne ressort en djinn, est reçue par un radeau, chevauche Pégase, glisse le long de l’arc-en-ciel… Rien d’anecdotique dans ces pérégrinations, chacune est méditation poétique sur ce qui baigne l’humain, le porte, le traverse et le constitue. La poésie est dès lors philosophie décapée, libérée du jargon. « Quand l’espace devient temps / les risques sont grands / de l’existence // Et le monde / en ses inextricables théorèmes / continue de se dédaliser ». Elle établit des ponts entre mythe et mystique : « La Terre mystique / se sait poussière / à ressusciter (…) La Mer mythique / aussi toujours / se recommence / Et ses déluges ! ». Et si l’auteur revendique « de n’avoir pas lu tous les livres », son chant épouse les grands textes mystiques de toutes les civilisations : « À l’école du Refus  // Car il est des refus / qui ancrent l’ermite en son âme // Et quand l’ermite lève l’ancre / c’est pour naviguer / plus loin que le monde ».
Deux suites complètent le recueil. « Le poids des rêves », art poétique d’une ermite poète cherchant à faire comprendre comment la poésie jaillit de métamorphoses, glissements de sens, correspondances entre perceptions, sensations, intuitions, pensées, qu’elle contient et transcende en « légende collective ». Peine perdue : « Si un poète éternue / parce qu’il frissonne, / d’autres répéteront : atchoum / sans éprouver le frisson d’origine ». Condamnée à l’incompréhension, la poète l’assume grâce à l’humour et la pirouette : « Si farce il y a, / lui dit-elle, / c’est une juponnade / Ou pantalonnade / selon ma garde-robe ».
En clôture, dialoguent une harpe et la forêt qui lui a donné vie, en résonance avec les trois pièces d’un triptyque (dont les reproductions nous sont offertes). « Arbre déjà / j’aspirais à un autre état / Je n’aurais alors pu le définir / Mais devenue harpe / je le reconnus / Et je reconnus dans ma nouvelle voix / le ruissellement de la source / qui avait baigné mon pied »… Dialogue animiste et allégorique, deux autres facettes de cette poétesse, décidément inclassable…

Gilpro, Le Non-Dit.



Non-Dit 91-01                                   Non-Dit 91-02



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“ "Poursuivant depuis quelques années une sorte de voyage initiatique intérieur, Monique Thomassettie baigne dans une atmosphère de spiritualité qui lui permet d’affronter avec sang-froid le spectacle menaçant du ciel et de la mer, la profondeur ténébreuse et mouvante des orages, l’assaut des vagues, le déferlement des eaux, les feux sur la lande(…) Elle poursuit donc, avec assurance et talent, son étonnante œuvre poétique" Voilà ce que disait déjà  Stéphane Rey en…1993 à propos de Monique Thomassettie dont il ne faut plus rappeler, entre autres, les talents pour l’écriture, la poésie mais aussi le dessin et la peinture. Et force est de reconnaître qu’on retrouve dans ce livre, l’atmosphère décrite par Rey ; en effet, ce recueil fait la part belle aux beaux orages d’une pensée mutine, à l’air vivifiant d’un devenir autre et à la mer d’un songe restituant aux apparences le mystère du monde…

"Dévaler
une longue naissance
et choir
dans un éventail
de possibles"

L’art est pour Monique Thomassettie un moyen de se réaliser, de devenir celle qu’elle est vraiment voire de retrouver une vraie raison de vivre ; sa poésie est intuition, sensation et prétexte à recréer le monde, à faire un pas vers l’invisible et à tenter d’établir un nouveau rapport au monde.

"Et quand l’ermite lève l’ancre
c’est pour naviguer
plus loin que le monde"

La poésie véhiculée dans ce recueil est un chant pour l’éveil d’une vie sauvage, mouvante et mystérieuse. Tout ici est remise en cause, questionnement, décrochage avec la réalité donnée, éveil aux perspectives de mille et un possibles (« l’œuvre d’art ne rend pas le visible elle rend visible/Klee ») …
Véritable ode à la vie, ce livre nous invite à dépasser la surface des choses et à percevoir le réel dans sa réalité mouvante(« c’est le mystère qui éclaire la connaissance/Magritte »)

"Le dos rond d’un bourgeon
s’ouvre et libère
un envol hors saison"

D’une manière générale, on peut affirmer que le lieu de cette poésie est « hors vue » (« chercher en soi le point où s’arrimerait hors vue, le lieu de l’être/René Char ») et que chaque poème est la clé d’un ailleurs à vivre ; on peut affirmer, enfin, que ce recueil nous aide à tourner le dos aux évidences qui nous sont offertes et à nous en aller vers une pensée semant l’inconnu au péril de sa vie  

"La poésie éveille
et l’éveil libère
à de certains niveaux" ”


Pierre Schroven, Traversées – mai-juin 2011

Traversées



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Interview par l'écrivain Luc Baba au Marché de la Poésie de Namur le 25/06/2011



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Présentation par Jacqueline Rousseaux
au Centre Culturel d'Uccle
durant la
Foire du Livre Belge 2011

le 29 novembre 2011


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