CE
QU'ILS EN ONT DIT
*
De
retour d’Australie, Sylvie revient auprès des siens. Trop
tard pour embrasser sa grand-mère qui vient de mourir. Avec
Thomas, son frère qu’elle n’a plus vu depuis longtemps, les
regards sont froids et manquent de chaleur. Puis, le notaire
chargé de la succession leur apprend que l’héritage sera
divisé en trois parts. Une tierce personne a été couchée sur
le testament. Un inconnu dont ils ignorent tout et qui
semble pourtant avoir dressé des liens profonds avec la
défunte. Débute pour Sylvie une enquête sur celle qu’elle
aimait affectueusement et qui semble avoir vécu des zones
d’ombre, dont elle souhaiterait dénouer les secrets. En
creusant dans le passé, elle ne sait pas encore qu’elle
ouvre une boîte de Pandore avec son cortège de surprises
(bonnes et mauvaises), ses non-¬dits et une série de
mensonges qui ont altéré les rapports.
Monique Bernier signe un roman tout en finesse, qui prend le
temps de se développer et qui traite de l’incommunicabilité,
d’une existence faussée par la perception des siens et de la
quête d’identité.
Amélie Collard, Bruxelles-Culture.
*
Un
roman très plaisant écrit par Monique Bernier, psychologue
de formation. «?La chambre du premier?» est le 7e livre de
l’auteure.
D'elle, j’ai lu «?Les hibiscus sont toujours en fleurs?», un
roman sur le génocide des Tutsis.
«?La chambre du premier?» est un roman très différent. Il
dénoue petit à petit des secrets de famille.
Sylvie a vécu pendant 27 ans sous l’emprise de son mari qui
l’a enlevée à sa famille pour l’emmener en Australie où elle
a eu deux enfants. Elle était jeune, elle voulait fuir sa
famille, elle était heureuse et a suivi cet homme les yeux
fermés.
Après quelques années, elle a déchanté. Elle n’a plus vécu
que par son mari qui lui dictait sa conduite et n’hésitait
pas à l’humilier en public. Même ses enfants lui ont
échappé.
27 ans plus tard, elle a enfin le courage de les quitter et
de revenir en Belgique. L’y attend une grand-mère aimée.
Oui, mais voilà, elle arrive trop tard, sa mamy a été
enterrée un peu plus tôt.
C’est alors avec son frère qu’elle va faire connaissance.
Ils n’ont quasiment jamais vécu ensemble. Leur grand-mère
avait accaparé la petite fille et n’avait aucune relation
avec le garçon. Sylvie n’a donné aucune nouvelle pendant
toutes ses années passées loin des siens.
En fouillant dans le passé de sa grand-mère, elle va mettre
au jour des secrets bien gardés qui vont expliquer bien des
choses. Elle va aussi se rendre compte qu’elle a vécu sous
l’emprise de sa mamy avant d’être dominée par son mari.
L’histoire se répète souvent?!
Mais qui était vraiment Adèle et qui est cet homme enfermé
dans un hôpital psychiatrique à qui elle a légué une partie
de ses biens??
Sylvie va avancer à l’aveugle, naviguant entre les non-dits
et les mensonges…
Un voyage dans le temps depuis la naissance de Sylvie
jusqu’à la mort de sa grand-mère qui bouleversera son
existence ainsi que celle de son frère Thomas et de leur
mère que Sylvie a très peu connus…
Philippe Dester, cdubelge.eklablog.com
mélie
Collard, Bruxelles-Culture.
Dénouer
le passé pour tisser des liens
Un coup de cœur du Carnet
Voilà
vingt-sept ans que Sylvie est partie vivre en Australie avec
son mari. Vingt-sept ans sans donner de nouvelles à sa famille
ni en prendre. Vingt-sept années d’absence, de silence, de
solitude, à attendre que ses enfants soient indépendants, pour
se dégager de l’emprise de cet homme bien loin de celui
qu’elle pensait épouser. Vingt-sept ans après avoir laissé sa
famille derrière elle pour lui, elle les laisse, lui et leurs
enfants, pour la retrouver. Enfin, « famille » est un bien
grand mot : aucun lien avec sa mère, depuis toujours ; pas
d’affinités avec son frère aîné ; seule sa grand-mère compte,
elle qui l’a élevée après la mort de son père dont elle n’a
pour souvenir qu’une image figée sur une photographie.
Mais Mamy n’a pas pu attendre vingt-sept ans. Presque… Il s’en
est fallu d’une poignée de semaines. Et la chaleur des
retrouvailles espérées avec sa grand-mère laisse place à la
froideur de celles inattendues avec son frère. C’est lui qui
lui apprend la triste nouvelle, sans ménagement, et
puisqu’elle est de retour, elle l’accompagnera chez le
notaire. C’est donc ensemble qu’ils découvrent qu’ils
partagent l’héritage avec un inconnu, et ensemble qu’ils se
mettent à la recherche de leur histoire familiale. Entre
confrontations de leurs souvenirs et découvertes de secrets
bien gardés, frère et sœur font enfin connaissance, remettent
en question leurs certitudes et remontent le fil d’un passé
dissimulé.
La chambre du premier rappelle les sagas de l’été de la grande
époque de ce genre télévisuel : retour après une longue
absence, retrouvailles teintées de ressentiments, découverte
de secrets de famille, quête de vérité et de racines et
tissage de liens familiaux autour de l’exploration du passé.
Le suspense est lui aussi au rendez-vous, la surprise
également. Et l’avantage du roman sur le feuilleton des années
1990, c’est qu’on n’a pas à attendre la semaine suivante pour
connaître la suite.
Car Monique Bernier sait attirer et maintenir l’attention de
ses lecteurs. Dès la première page et jusqu’à la dernière.
L’histoire est fluide, ne souffre aucune longueur, pas le
moindre atermoiement. Rien n’est expédié pour autant, le
dosage est précis. On glisse d’un chapitre à l’autre, en
pardonnant les rares et inoffensifs accros tant on est
captivé.e par la rencontre avec ces personnages. Principaux ou
secondaires, complexes, réalistes, profondément humains.
Est-ce parce que l’autrice est aussi psychologue que ses
personnages sont campés si élégamment, tout en nuances ? En
tout cas, c’est avec bienveillance et compréhension qu’elle
raconte leur histoire.
Estelle
Piraux, Le Carnet et les Instants.
*
Une
belle découverte?!
[…] Cachotteries, mensonges, incompréhension, malentendus,
tensions sont des mots qui reviennent souvent quand on
évoque des problèmes familiaux. Mais dans cette histoire,
ces problèmes sont beaucoup plus complexes […] Tous les
personnages m’ont touchée. Ils ont tous un passé douloureux,
malgré tout ils ont su rebondir et être plus forts. Je ne me
suis jamais ennuyée, grâce à l’auteur qui a très bien su
répartir les révélations tout le long de l’histoire. Une
écriture simple mais efficace, fluide et accessible. Ce
livre dégage une atmosphère pesante de par l’attente qu’a le
lecteur de connaître la vérité?! […] J’ai été très émue par
cette fin, à la fois pour sa tristesse, mais aussi pour
l’espoir qu’elle apporte. (charlotte44350, Babelio)
J’avais
un peu peur, face au peu de pages de ce roman, que
l’intrigue soit bâclée, mais il n’en est rien. Certes, tout
est condensé et on ne s’attarde pas sur les sentiments et
les découvertes. Mais l’ensemble est cohérent?! Une belle
découverte ! (lejardinauxlivres, Babelio)
Ce
roman met très bien en scène le poids du mensonge, des
secrets de famille et combien il est important de savoir
d’où l’on vient pour savoir qui l’on est et où l’on veut
aller. (emilielettres, Babelio)
*
Arbre
généalogique falsifié
Sylvie s’est mariée jeune, très jeune même, avec Jean qui l’a
emmenée en Australie qu’elle quitte, au début de cette
histoire, en même temps que son mari et ses enfants pour
rejoindre sa Belgique natale. Elle ne supporte plus la vie que
son mari lui inflige, elle a économisé sou par sou pour payer
ce long voyage et ses enfants sont désormais assez grands pour
comprendre son désarroi et vivre sans elle. Elle rentre au
pays où personne ne l’attend, elle découvre que sa grand-mère
adorée vient de décéder. Elle se réfugie auprès de son frère
avec lequel elle a rompu depuis son départ. Elle n’a plus
aucune relation avec sa mère avec laquelle elle ne s’est
jamais entendue et elle a l’impression de n’avoir jamais eu de
père.
Elle découvre petit à petit que la vie qu’elle a menée avec sa
grand-mère ne correspondait peut-être pas à la réalité
familiale, que sa mère n’était peut-être pour rien dans la
mort de son père, qu’elle a sans doute été manipulée pour
qu’elle prenne sa mère, soutenue par son frère, pour un
bourreau. L’ouverture du testament de la grand-mère pose de
nouvelles questions. Sylvie se lance alors dans une véritable
quête en interrogeant ceux qui l’ont côtoyée tant quand elle
vivait avec elle ou après son départ, pendant le long silence
familial infligé par son mari.
Sylvie découvre ainsi que la famille qu’elle a connue n’est
peut-être pas vraiment celle dont elle se souvient, de
nombreuses pièces viennent s’ajouter au puzzle familial
conservé par sa mémoire. Elle peut, après avoir fait le tri,
recoller toutes les pièces de ce puzzle bien complexe et
entrevoir enfin une vie exempte de secrets, non-dits et
vérités déformées.
Ce texte est une véritable enquête familiale conduite avec
beaucoup d’adresse et de finesse par Monique Bernier qui
semble bien connaître tous les arcanes des familles
décomposées, recomposées, pour terminer par être complètement
éclatées. C’est aussi d’une certaine façon un réquisitoire
contre la manie, voire le vice, que certains ont de manipuler
la vérité pour éviter des scandales ou des situations gênantes
au risque de créer des cataclysmes familiaux beaucoup plus
violents quand les générations suivantes sont mises devant les
faits accomplis par leurs aïeux. C’est aussi un bel exemple de
famille à l’arbre généalogique falsifié pour faire passer des
unions peu glorieuses, des fautes inacceptables à l’époque et
des naissances pour le moins inattendues et pas franchement
désirées.
Ceux qui aujourd’hui s’acharnent à révolutionner les
structures et les valeurs familiales devraient impérativement
lire ce livre pour bien comprendre où risquent de les conduire
leurs manipulations pas toujours très réfléchies.
Denis Billamboz, mesimpressionsdelecture +
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