Né sur une île de Croatie, Bozidar Frédéric a passé son adolescence à Seraing avant de réaliser son rêve, naviguer en tant qu’officier de marine. Après un master en Sciences du Travail complété par une formation en Ressources Humaines et en sophrologie, il est depuis plus de dix ans formateur en langue française. Par ailleurs récitant et animateur de rencontres littéraires, il était jusqu’ici l’auteur d’une pièce de théâtre et de nouvelles parues dans diverses revues. |
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Couverture : © Joffrey Boone. |
Ciel Seraing Roman, 2012 144 pages. ISBN: 978-2-930333-46-5 16 EUR À
l’étal d’un brocanteur, un ex-Sérésien de passage dans sa ville
découvre un manuscrit, la “Chronique d’une enquête inachevée”.
L’auteur
anonyme situe l’action au pied des hauts-fourneaux *dèle
adjointe Saïda, il va plonger dans les arcanes de la
mondialisation, du
grand banditisme international en col blanc et de leurs sbires
fanatiques. Ce manuscrit “oublié” offre un ultime hommage à une
époque
révolue et diagnostique une maladie qui, pareille à la rouille,
ronge
toute une génération de travailleurs coincés entre l’attachement
à un
passé décomposé et l’angoisse d’un avenir des plus incertain.
Un premier roman, polar dans un cadre social, intégrant la fermeture de la phase à chaud de Seraing et une enquête policière sur des crimes commis par des ninjas égarés en bord de Meuse. L’actualité lui confère un aspect visionnaire. |
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"Ciel Seraing" a figuré parmi les finalistes du Prix Marcel Thiry – Ville de Liège |
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9,99 EUR |
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Extrait Luigi
fait
un signe de croix, crache une dernière fois sur le sol noir et
graisseux du plancher de coulée et tourne le dos à ce géant
ventru qui
laisse échapper, tout en haut, un rot détonnant.
Il va le quitter pour de bon cette fois. Pour les hommes du feu, le haut-fourneau est un être vivant, ils ont vécu pour lui et avec lui, avec ses caprices, ses dangers. C’était leur pire ennemi, mais aussi leur bébé, qu’ils aimaient, qu’ils nourrissaient et qui les nourrissait en retour. (…) Dans quelques jours, le couperet va tomber, il va devenir froid, il va mourir. (…) Luigi, une boule dans la gorge, déboutonne sa tenue d’amiante. Il marche comme un somnambule, sans se retourner, un goût de fer dans la bouche. (…) Une ombre passe dans son champ de vision. Quelque chose d’insolite a bougé, là-bas, derrière cette tuyère. D’abord, il ne voit rien. Il s’arrête et observe. Il distingue vaguement dans la fumée une forme humaine toute de noir vêtue. La fumée se dissipe, la forme est bien visible maintenant. Elle est à quelques mètres et lui barre le chemin. Il a déjà vu ça au cinéma, ça porte un nom bizarre, mais là, il ne s’en souvient plus. (…) Ses copains lui font une blague pour son départ, ou quoi ? En rigolant, il se met en position caricaturale de combat. – Viens si t’es un homme ! hurle-t-il. Pour toute réponse, la forme noire porte les mains à la ceinture, décroche quelque chose. Un mouvement rapide des bras, et deux éclairs métalliques strient l’espace. |
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Ce
qu'ils en ont dit Meurtres
d’acier
Seraing, qu’on aurait presque pu rebaptiser autrefois Cockerill-Ville. Mais Seraing au moment où la phase à chaud de la métallurgie doit être arrêtée. Une crise sociale, une de plus, pour une population cosmopolite de travailleurs parmi lesquels quelques-uns, assez peu, ne se résignent pas. Un carré de syndicalistes purs et durs qui n’acceptent pas la fermeture. Et moins encore les grandes manœuvres financières qui leur passent loin par-dessus la tête. Le premier roman de Frédéric Bozidar entre dans l’usine, côtoie le haut-fourneau, goûte les couleurs et les mouvements de la fonte en fusion. Mais il introduit aussi, au cœur de cet outil en voie d’extinction, où la plupart des ouvriers en sont à leur dernière pause, un ninja habile à manier les shakens, des cartes de la mort. Carreau et trèfle pour deux des quatre syndicalistes. Quand seront lancées les armes du cœur et du pique ? Le commissaire Mario Vukovic ne se contente pas de chercher, il parvient à éviter de nouveaux cadavres. Quant à savoir pourquoi cette série de meurtres… Il faut remonter un peu en arrière, comprendre comment est vraiment mort Jacques Flémalle, le grand ordonnateur financier de l’aciérie. L’enquête avait conclu à un accident, la réalité est probablement différente. Et la piste japonaise passe par l’argent, par les femmes et par la cérémonie du thé, si éloignée de la violence qui règne dans un polar mené avec poigne pendant sept jours où le ciel de Seraing n’a guère le temps de s’éclairer. Pierre Maury – LE SOIR *
Un Sérésien d’origine revient brièvement sur ses terres natales. Il achète à un brocanteur un manuscrit anonyme intitulé "Ciel serein à Seraing - Chronique d’une enquête inachevée", dont il entame immédiatement la lecture. Découpé en sept chapitres, pour autant de jours, ce mystérieux texte évoque une enquête policière sur des meurtres rituels japonais, perpétrés sur des syndicalistes travaillant au haut-fourneau d’Ougrée, à la veille de sa fermeture définitive. Le commissaire Vukovic et son adjointe tentent de démêler les fils d’une intrigue mêlant magouilles dans la haute finance et société secrète des ninjas (!). Frédéric Bozidar, qui a passé son adolescence à Seraing, signe un petit polar rythmé et bien ficelé, sans prétention et qui se dévore d’une traite. Il rend, dans "Ciel Seraing" (1), un bel hommage aux travailleurs de l’acier et à sa ville d’adoption avec, pour le coup, un impeccable sens du timing puisque le sujet de son livre colle furieusement à l’actualité. Isabelle Lemaire – LA MEUSE et LALIBRE.be *
Ciel Seraing, ciel d'angoisse Au hasard d'une flânerie nostalgique dans le Seraing de son enfance, alors coloré, bruissant de vie, aujourd'hui gris et silencieux – hauts fourneaux éteints, rouille et tristesse rongeant le paysage et l'âme de la ville -, un homme découvre chez un brocanteur un manuscrit : Ciel serein sur Seraing. Chronique d'une enquête inachevée. Le nom de l'auteur s'est effacé. L'inconnu qui avait apporté la liasse de feuillets n'a jamais reparu. Intrigué, le passant achète le manuscrit et, dans un café tranquille d'un dimanche après-midi, le lit d'une traite. Comme nous, par-dessus son épaule. Touché par la détresse de Luigi, fondeur depuis trente-cinq ans au haut fourneau d'Ougrée hélas condamné, qui achève sa dernière pause. « II avait un métier, une passion. Il était le gardien du feu. Et demain il sera quoi ? » Saisi par le drame qui surgit. Anxieux de savoir qui ni tire les fils d'une sombre trame. Qui sera pris au piège ; qui, peut-être, y échappera. L'histoire se déroule en sept jours. C'est le commissaire Mario Vukovic, surnommé « leVuk », qui mène l'enquête, en s'appuyant sur la « boule de cristal intérieure » qui l'a rarement trompé. L'affaire s'annonce particulièrement ténébreuse. Deux meurtres à l'usine, en l'espace de quatre jours, sans mobile apparent, ni témoins, ni empreintes. Deux sidérurgistes, Stany et Luigi, inexplicablement exécutés à la veille de quitter l'entreprise. L'arme du crime est la même : deux étoiles d'acier à six branches, qui portent la marque des ninjas, explique au commissaire sa fille férue de mangas, ces guerriers de l'ombre nippons formée à la parfaite, l'implacable maîtrise du lancer de ces « cartes de la mort ». Les deux premières d'une sinistre partie de quatre ont frappé. Restent les deux autres, qui viseront quelles cibles ? Or, dès le deuxième jour de son enquête, Mario Vukovic apprend que les les deux victimes, syndicalistes purs et durs, à la tête de tous les combats, composaient avec deux camarades un quatuor appelé « les quatre As rouges ». Tous fils d'immigrés, tous rebelles et solidaires depuis l'école, entrés ensemble chez Cockerill, devenu Acierlor-Mehttal. Deux sont tombés. Le Vuk n'en doute pas : le mystérieux meurtrier a pour mission – reçue de QUI ? – d'abattre les quatre. Entre le commissaire, épaulé par sa précieuse adjointe Saïda, et l'ennemi invisible, une course contre la montre s'engage... On se prend d'amitié pour ce policier intuitif, perspicace, obstiné, qui ne craint pas de se mettre en danger, laconique, parfois abrupt, gardant pour lui ses accents lyriques. Lorsqu'il choisit le thé subtilement accordé à l'humeur du moment ; lorsqu'il contemple « son » Seraing, sa ville adoptive, dans une aube de « velours perle » où les fumées blanches, rousses, grises où noires montent vers le ciel. Avec lui, on cherche, on tâtonne. On s'interroge, par exemple sur le rôle d'un expert financier de haut vol, fasciné par son Japon natal, qui œuvrait pour l'entreprise et est mort dans un accident de voiture assez troublant... Le temps presse. Le ninja guette... Le premier roman de Bozidar Frédéric (qui, à l'instar de Mario Vukovic, est né sur une île de Croatie, et a passé son adolescence à Seraing) mêle une intrigue policière haletante ; un hommage ému aux « hommes du feu », pour qui l'usine était leur monde ; le métier, leur raison d'être et leur fierté. Le poignant tableau d'une ville dont le charbonnage, la métallurgie ont fait la gloire ; d'une « vallée de fumées, au passé décomposé, au présent blessé, au futur incertain ». Les temps changent. L'individu ne pèse pas lourd face aux insaisissables spéculateurs de la finance planétaire. Dépassé, écrasé par les marchés qui font la loi, les pouvoirs de l'ombre qui régissent le monde. Écrire malgré tout pour fixer ce qui fut et dont la mémoire déjà s'estompe. « Écrire. Activité tellement dérisoire. Un caillou dans la Meuse. » Un caillou contre l'oubli. Francine Ghysen, LE CARNET ET LES INSTANTS n° 171. *
Un roman policier au goût des bords de Meuse. Seraing et ses hauts-fourneaux fiers et crasseux. Un polar sidérurgique où « Le Vuk », commissaire attachant, enquête sur des syndicalistes assassinés par une étonnante arme japonaise. Bozidar Frédéric, né en Croatie, adolescent à Seraing et ancien officier de marine, réussit un roman à la fois émouvant et captivant, notamment dans sa description de l'univers de la métallurgie et par la force de caractère de ses personnages. Hommage à une époque qui s'évapore. Nostalgie, incertitude du futur, grandeur et décadence de la classe ouvrière. Jean Cornil, AGIR PAR LA CULTURE (P.A.C.) *
Le 10 juillet 2012, Bozidar Frédéric a été interviewé par Marilena Di Stasi sur les ondes de Radio Alma – Brussellando *
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