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Né et vivant actuellement en Belgique,
Paul Vanderstappen
a durant plus de trente ans participé à la formation pratique de futurs éducateurs et logopèdes.
Il a publié plusieurs recueils de poèmes. El curandero est son premier roman..
.

Paul Vanderstappen

La malédiction des mots
Photo de couverture
La Sebastiana, Valparaiso.
Wikimedia Commons

EL CURANDESO

Roman, 2021
156 pages
16,00 EUR
ISBN : 978-2-8070-0264-7 (livre) – 978-2-8070-0265-4 (PDF) – 978-2-8070-0266-1 (EPUB)

« Ce n’est pas la première fois que je n’arrive pas à écrire cette histoire, pourtant elle me touche particulièrement. Je ne sais pas ce qui se passe. C’est pourquoi je suis ici. Je désirerais comprendre. »
Souvent, nous cherchons ailleurs ce qui est enfoui au plus profond de nous-mêmes, nous tentons de nous donner une explication rationnelle de ce qui nous perturbe. Nous menons toutes sortes d’enquêtes qui prennent du temps et de l’argent, mais qui n’aboutissent pas toujours. Nous cherchons des modèles, qui, la plupart du temps, nous perturbent parce qu’ils ne correspondent pas à ce que nous sommes.
El Curandero se développe aux frontières du rêve et du réel, entre deux pays, la Belgique et le Chili. Le personnage participe à un deuil qui va résonner sur son propre silence et réveiller ses fantômes intérieurs. Avec l’aide d’alliés évanescents, dont on ne sait s’ils sont réels ou imaginaires, il va tenter de se réconcilier avec lui-même et de donner sens à sa vie..



e-book
9,99 EUR
À partir du 15 février




Extrait


De plus en plus, dans ses rêves, des images de son premier voyage lui revenaient comme un film. Il s’y voyait déambuler dans les rues de Vina Del Mar, à une époque où il avait l’habitude d’écrire chaque matin au Samoïedo, un café de l’avenue Valparaiso. C’était toujours à huit heures trente que, muni de son carnet de notes, il franchissait la grille de l’établissement, le seul ouvert à cette heure matinale. Le serveur affecté au rangement de la terrasse était déjà au travail : balayage du sol, rangement des tables, répartition des cendriers. De temps en temps, il extirpait un mouchoir de sa veste rouge, s’épongeait le front comme pour indiquer que la journée serait chaude. La caissière arriverait plus tard, mais on pouvait déjà consommer au comptoir situé à l’arrière, face aux machines à café. Les habitués déposaient leur monnaie sur le zinc. À cette heure-là, l’expresso et le cortado étaient à moitié prix, car il n’y avait pas encore de serveurs. Il fallait tout de même laisser une propina au barman.
À son arrivée, la caissière s’installait devant sa caisse enregistreuse, après avoir salué ses collègues et écouté leurs premiers échos de la journée. C’est alors que Pablo s’approchait d’elle pour passer commande. Toujours la même chose. Le rituel se faisant, c’est souvent elle qui le devançait :
– ¿Un cortado y dos medias lunas señor??
– Si, gracias.
Muni de ses deux croissants et de son cortado, il s’installait à la même place, la petite table du fond, juste en dessous de l’escalier qui menait au restaurant du premier étage. C’est à ce moment-là que, souvent, un serveur, fraîchement arrivé enfonçait machinalement l’interrupteur de la télévision. À cette heure, les chaînes locales repassaient toujours les mêmes séquences : accidents, meurtres, et derniers événements de la nuit. Petit à petit, les clients arrivaient. Certains étaient connus, on leur apportait leur consommation sans qu’ils aient besoin de dire quoi que ce soit. D’autres téléphonaient, tapotaient sur leur ordinateur.
Un groupe d’amis se retrouvait chaque matin : ils parlaient fort, riaient, se racontaient les dernières histoires du jour avant de partir au boulot.
Pablo enregistrait tous ces détails, mais parfois, pris par ses écritures, il ne voyait pas le monde s’installer. Ce n’est qu’après un certain temps que, relevant la tête, il s’apercevait que les habitués étaient là. Quelques-uns prirent l’habitude de le saluer.




Ce qu'ils en ont dit


*
En quête de trait d’union
Après avoir vécu deux ans à Santiago, Pablo revient dans sa Belgique natale et décide d’écrire l’histoire de Gloria, une amie décédée au Chili. Il est cependant confronté à un obstacle inconfortable : son incapacité à écrire. Animé par sa volonté de comprendre les émotions qui l’habitent, il franchit la porte du cabinet d’un psy pour tenter d’élucider son blocage. Nous sommes alors amenés à lire des souvenirs et des rêves du protagoniste entrecoupés de nombreux passages introspectifs.
Ayant perdu ses parents très jeune et son frère aîné quelques années plus tard, Pablo n’a pas une histoire banale et son thérapeute l’aide à revisiter ses fantômes et les sentiments qui le hantent sous un autre point de vue.
J’avais attendu plus d’une heure en souhaitant qu’il meure, parce qu’on m’avait dit que son état était critique et que s’il s’en sortait, il serait handicapé à vie. Pour cette raison, j’espérais sa mort, pour lui, pour moi. J’ai vécu l’attente où tout peut basculer dans un sens comme dans l’autre. Puis le soulagement, presque une joie d’apprendre qu’il était mort ! Je brûlais de l’intérieur, presque honteux d’avoir souhaité sa mort. J’étais en enfer, abandonné du ciel et mon avenir semblait plombé une fois de plus !
Pablo comprend alors que les mots sont piégés en lui et refusent de sortir, que ce soient les mots de ses traumas ou ceux de l’histoire de Gloria. S’en suit un lent travail pour apprivoiser pas à pas les mots qui se sont tapis dans sa boîte noire…
Nous suivons les tâtonnements et les tourments du héros qui se met parfois, souvent, en difficulté en tentant de comprendre absolument tout de son psychisme. Ce travail introspectif lui est salutaire, quoique douloureux, et lui permet de se réconcilier peu à peu avec lui-même, entre la Belgique et le Chili.
Dans son premier roman El curandero, Paul Vanderstappen nous dévoile le chemin d’un homme à la recherche de réponses. La frontière entre réalité, souvenirs et fantasmes est parfois floue et reflète assez bien la part subjective dont toute personne s’approprie son passé et les représentations de ses proches pour les rendre acceptables. La quête de vérité de Pablo le mènera là où il ne s’y attendait pas et elle n’en est que plus juste. […]
Séverine Radoux
, Le Carnet et les Instants

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***
El Curandero est un premier roman initiatique et étrange. Roman court, il se situe entre 2005 et 2015 de part et d'autre de l'Atlantique, de la Belgique au Chili.
El Curandero signifie celui qui soigne, celui qui se soigne.
Et effectivement le roman est une quête de sens, une quête de soi.
Le narrateur a un vécu, une histoire qu'il porte mais qu'il n'arrive pas à exprimer. Cette histoire est en lien avec un  deuil qui réveille des événements antérieurs  et fait resurgir des fantômes enfouis, mais non oubliés. Cette résurgence de souvenirs va entraîner le narrateur de Belgique au Chili et plus particulièrement à Valparaiso à la rencontre de personnages réels et d'autres dont on ne sait  la réalité.
[…] des personnages étonnants (Louisa, Gabriel), des lieux de poésie comme La Sebastiana, maison de Pablo Neruda, et Valparaiso, ce port mythique sur le Pacifique. Port du bout du monde où sont passé tant de voyageurs, d'écrivains et de baroudeurs.
Un lieu qui correspond bien à la quête de sens et à la quête de soi.
En définitif, un roman pour lequel il faut accepter de se laisser embarquer pour un voyage intérieur, une atmosphère.
Comme vous le constater par ce billet, j'ai embarqué. Ce ne fut pas toujours évident, je me suis dès fois perdu, j'ai un peu râlé sur un style simple, des facilités, mais j'ai été au bout du voyage. J'ai accosté et j'ai laissé infuser cette lecture quelques jours.
Et bien au bout de quelques jours il reste une petite musique, une évanescence.
Alors on embarque ! Oui. Non ? A vous de voir !
ChtiBaboun, Babelio


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****
J'ai été un peu déroutée par ce récit en petites boîtes les unes à l'intérieur des autres. On commence à lire, et on pense que cela va parler d'un deuil, et de souvenirs d'un pays laissé derrière soi. Puis, voilà qu'intervient une suite de séances avec un psy pour tenter de renouer avec ses souvenirs, et son histoire familiale. On ne voit le lien entre les 2 que par la suite. La suite est la rencontre avec une jeune fille, Luisa, qui elle aussi est liée, mais très librement, à l'histoire de départ. Au final, on a un fil, ténu et on le suit comme le fil d'Ariane pour se laisser embarquer. le titre du roman, on ne le comprends qu'aux deux tiers du livre, ce qui n'est pas courant mais a le mérite d'être original. Quelques références à Pablo Neruda, et nous avons un tableau complet d'El Curando. C'est une recette qui fonctionne plutôt pas mal et aurait même pu être plus développé, notamment, la relation entre l'écrivain et Luisa. Sans être une lecture mémorable, elle me laissera un souvenir très agréable.
zugzugette, Babelio.

*
À dix ans de distance, deux voyages au Chili, à Valparaiso. Pour une quête de soi?
Pablo, en souffrance du passé- sa mère, son amie Gloria, perdue à cause de la maladie, une Chilienne qu'il n'a pu oublier, connue lors de son premier voyage -, consulte un psychanalyste, Karl. Il veut élucider cette part de lui-même qui résiste.
Il veut écrire mais son écriture ne réussit pas à vaincre ses démons.
Ce deuxième séjour permettra-t-il d'y voir plus clair?
Les retrouvailles de Luisa - qui lui servait un cortado dans un café d'une des avenues de la ville-, la rencontre de Gabriel (un ange, qui sait?) au sein de la maison de Pablo Neruda favorisent une prise en compte de soi, plus dense, plus sérieuse pour l'avenir.
Pablo est enfin à même de se voir tel qu'il devrait.
Un roman d'initiation à soi, empreint d'exotisme et de voyage.
L'analyse psychologique, les motifs de rencontre et d'amitié donnent à cette fiction son pesant d'émotion.
Le "guérisseur" du titre renvoie à cette nouvelle maîtrise de sa vie par le héros.
Philippe Leuckx, Les Belles Phrases


*
[…]
C’est à une introspection que nous invite l’auteur à travers Pablo, son personnage principal. Pablo a vécu deux ans au Chili où il a perdu une amie dont on ne sait finalement pas grand-chose.
De retour en Belgique, cet homme, mal dans sa peau, perturbé par la mort de sa mère alors qu’il avait sept mois, la mort de son père quand il était enfant et la mort de son frère lorsqu’il avait 18 ans, va consulter un psy censé l’aider à se retrouver lui-même.
Il veut savoir pourquoi il ne parvient pas à écrire l’histoire de son amie morte au Chili.
Dix ans après son retour, il refait ses valises et repart sur les lieux où il a vécu pendant 2 ans. Là-bas, un gardien de musée l’appelle «?El Curandero?» : celui qui soigne, mais aussi celui qui est en train de se soigner…
Pablo arrivera-t-il à se réconcilier avec lui-même et à donner un sens à sa vie??
Sur le Chili plane l’ombre de Pablo Neruda… Peut-être celui-ci pourra-t-il l’aider…

Phildes, D'un livre à l'autre


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« ?El Curandero?» se développe sur la ligne de démarcation du rêve et du réel, entre deux pays, la Belgique et le Chili. Le personnage participe à un deuil qui résonne sur son propre silence et qui réveille ses fantômes intérieurs. Avec l’aide d’adjuvants, dont on ne sait s’ils sont tangibles ou imaginaires, il tente de se réconcilier avec lui-même et d’apporter sens à son parcours terrestre. Paul Vanderstappen signe un texte personnel, à mi-chemin entre rêve et réalité. Pas besoin de grandes démonstrations pour mener son récit à terme. Il s’y emploie avec méthode et connaît la mécanique du récit pour ne pas buter contre les poncifs et donner corps à des personnages subtils et attachants.

Sam Mas, Bruxelles Culture


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Panne d’écriture
Au Chili, Pablo un Belge marié à une Chienne, a assisté au transfert des cendres de son amie Gloria décédée beaucoup trop jeune. Il était l’un des témoins de son mariage. De retour en Belgique, il voudrait écrire sa vie pour lui rendre hommage, mais il n’y arrive pas, les mots se défilent comme s’ils étaient bloqués derrière une lourde porte restant obstinément coincée par une pierre aussi pesante que celle qui lui écrase l’estomac. Il consulte un psychologue qui essaie de le sortir de l’ornière le ramenant sans cesse vers ses chers disparus, trop tôt eux aussi comme s’il l’avait abandonné. Le praticien lui demande de faire revivre ses morts pour qu’il puisse évacuer les cauchemars qui l’assaillent régulièrement et le paralysent devant sa page blanche. «?Ne pensez-vous pas qu’il serait temps de déterrer tous ces morts???».
En retrouvant le souvenir de ses morts, il fait son deuil et libère son esprit du poids qui le paralysait, il sait qu’il peut écrire son hommage, mais il reçoit un mot de son psychologue lui dévoilant que sa thérapie n’est pas complète. «?Vos aventures au Chili ne sont pas terminées : ce pays vous est redevable de quelque chose…?». Il doit boucler la boucle qu’il a ouverte à Vina del Mar quand il prenait des notes, sur le petit carnet qu’il a égaré, dans un café sous le regard de la caissière.
Là-bas, il retrouve la caissière, Luisa, et le petit carnet oublié, elle l’envoie vers Gabriel, le gardien du musée et de la mémoire de Pablo Neruda, qui lui fait comprendre comment retrouver la confiance en lui et l’art de domestiquer les mots. Il doit devenir El curandero, celui qui soigne. Il lui montre le chemin du maître : «?… Je vois, peut-être cherchez-vous trop à les contrôler, à vouloir leur faire dire ce que vous n’arrivez pas à retrouver. Pablo Neruda expliquait qu’il faut laisser venir les mots?; simplement être là pour les accueillir…?». Avec Luisa, Gabriel et Pablo Neruda, il retrouve la confiance perdue depuis trop longtemps, devient le curandero de ses maux et il sait désormais qu’il peut écrire l’histoire de son amie Gloria.
Ce roman est écrit avec une grande justesse, on voit que l’auteur a exercé un métier en rapport avec les mots et le langage, il choisit les uns toujours avec une grande attention pour les glisser avec soin dans l’autre. Il mène son texte comme une véritable analyse psychologique, suivant son patient au fil des séances pour l’amener vers la résilience qui lui ouvrira les portes de l’écriture, le sortant du cruel dilemme dans lequel il était coincé : «?Entre deux mondes, celui des morts et celui des vivants. Je me sens piégé…?».
Quand Gabriel a ouvert les portes du musée dédié à Pablo Neruda, j’ai vu «?Le facteur?», employé éponyme du film dédié à Pablo Neruda alors qu’il était en exil en Italie et j’ai entendu cette musique que l’auteur semble énormément apprécier et que j’ai écouté des centaines de fois quand j’étais encore étudiant : «?El condor pasa…?».

Débézed, mesimpressionsdelecture.unblog et critiqueslibres.com


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Mon avis pour ce livre est pour le moins mitigé. "El Curandero" me paraissait prometteur: roman initiatique, histoire d'un auteur qui a du mal à trouver ses mots. Malgré cela, j'ai eu beaucoup de mal à m'immerger dans l'histoire. Pourtant les qualités d'écriture sont indéniables, mais il m'a manqué du sens.  (besath, Babelio)

El Curandero , celui qui soigne ou qui se soigne, est un roman où il faut se laisser porter par l'écriture poétique, par l'atmosphère un rien mystérieuse. Le plus important n'est pas l'histoire, mais le chemin que l'on emprunte avec l'auteur, de la Belgique au Chili, à Valparaiso précisément , on va même faire un tour dans la maison de Pablo Neruda. J'ai beaucoup aimé ce roman, l'évocation du deuil de l'auteur, c'est toujours très subtil, un beau travail d'écriture. (mariech, Babelio)

Un roman assez court, parfois à l’action lente, très lente, parfois avec des passages où l’on se demande pourquoi on se retrouve convié à la séance du psy, mais étrangement, bizarrement, on se laisse dériver agréablement dans la lecture et on part au Chili, chez Pablo Neruda, dans sa maison, ou dans un bar de Valparaiso (ville portuaire du même pays).
L’auteur signe son premier roman, sa quête de soi, en mal d’écriture, ses séances chez le psy qui le poussent à comprendre. Nous pensons à un deuil, et heureusement il n’y a pas que cela. J’ai bien aimé les séances chez le psychiatre. On pourrait se méprendre sur le côté introspectif étalé mais non, c’est subtil. […] L’auteur aime les mots, il les manie avec une certaine aisance et c’est agréable. Un ouvrage simple, sain, attachant. Bref, j’ai bien aimé. (Pictura, Babelio)








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