Lana Derka?, née à Požega (Croatie) en 1969, a publié une dizaine de recueils de poèmes, deux recueils de textes brefs ainsi qu’une pièce de théâtre. Elle est l’auteur de deux anthologies de poésie, l’une en collaboration avec l’écrivain croate Davor Šalat, l’autre avec le poète indien Thachom Poyil Rajeevan. Elle a obtenu plusieurs prix littéraires dans son pays, figure dans la plupart des anthologies croates et a été l’hôte de nombreux festivals de poésie, en Croatie comme à l’étranger. De ses poèmes ont été traduits dans une quinzaine de langues et publiés en revues ou en recueils collectifs. |
||
Photo de couverture © Lana Derka? "Ombre" |
Qui a mis en rang les gratte-ciels? et autres poèmes ISBN: 978-2-930333-32-8 96 pages – 14 EUR Le dernier recueil d’une des poètes les plus en vue de la nouvelle vague croate. Derrière une apparence ludique, voire un non-sens confinant à la provocation, se cache une méditation sur la solitude de l’être, l’incommunicabilité, l’indifférence. Détourné de son sens, l’acte quotidien le plus banal ouvre à des interrogations aussi profondes qu’angoissantes. Titre original : Tko je postrojio nebodere ? Traduit du croate par Tomislav Dretar et Gérard Adam |
|
6,99 EUR |
||
Extraits Prénoms
C’était un man assis depuis trente-sept minutes dans l’autobus occupé à parcelliser le temps. Une parcelle pour le hockey. Une pour les associés et le bureau. Puis une parcelle pour discuter avec les enfants et Linda. Et ainsi de suite. Alors, il a imaginé que la même parcelle pourrait porter différents noms. Pas comme un chien. Pas comme son animal domestique. Ce déjeuner tremblotait et lançait des étincelles donc il pourrait dire de cette parcelle : une pour le leitmotiv du jour. Linda l’appellerait o, merde ! Les enfants l’effet stimulant des phrases. Quelque chose comme une piqûre de moustique. Ensuite, il est revenu à la parcellisation mais en délimitant comme un arpenteur. Une pour les films d’art. Et une encore pour le rallye des phrases de Linda et des siennes, pour le destin des petites vérités. Avant de dormir il s’est demandé s’il pouvait se serrer la main à lui-même afin de marquer le Jour des outsiders qui ne figurent pas sur le calendrier des saints. Les biscuits Tu m’as dit que j’avais oublié les biscuits dans ta chambre, mais en fait c’est exprès que je ne les ai pas emportés. De même que je n’ai pas pris l’hibiscus de la salle de bains. Mais c’est toi qui vas les manger, ai-je rétorqué. Tu sais comment ? Tu as fait une longue pause. Comme des hosties. D’ordinaire ça ne te dérangeait pas que le corps que tu allais recevoir ne fût pas celui du Christ. |
||
Ce
qu'ils en ont dit Des
textes
nageant entre espoir et amertume, entre désillusion et raison
de
vivre. Beaucoup de force dans la plupart des textes mais aussi
un
regard cruel, réaliste, sur le destin qui nous guide et ce que
nous
faisons de nos vies.
J'apprécie particulièrement dans l'écriture de Lana Derka? sa manière de contempler nos erreurs, de les pointer du doigt, de les fustiger tout en sachant qu'elles font partie de nous. L'être humain peut être composé d'une profonde solitude, d'une tendance à se replier sur soi qui rend toute communication impossible, de faire passer pour de l'indifférence ce qui n'est en réalité que de la peur, avec toutes les conséquences que l'on imagine. Un simple geste, une attitude on ne peut plus ordinaire et voilà que sous le prisme de nos subjectivités, c'est un drame qui se joue et ouvre la porte vers des gouffres incommensurables. Il y a également de la dureté dans le propos de Lana Derka?, une sécheresse dans l'écriture commune à beaucoup d'auteurs de l'ancienne Yougoslavie, marqués par l'effondrement de leur pays et la volonté de maintenir vivantes leurs racines. Ajoutée à la froideur du regard posé sur nos gestes, cette dureté rend les poèmes encore plus forts et touchants, car ils nous piquent là où ça fait mal pour mieux nous ouvrir les yeux sur les erreurs à tenter de ne plus commettre. J'ai été sensible à cette vision du monde et de l'humanité que déploie Lana Derka? à travers ses textes. De beaux poèmes. Sahkti, Critiqueslibres.com Présentation par le poète belge Claude Donnay à la librairie D-Livre de Dinant le 21 juin 2011 Lectures durant
le Festival International de Poésie Walllonie-Bruxelles du
22 au 26 juin 2011
Qu'admirer
de
plus dans cette poésie de Lana Derkac sous le beau titre Qui a
mis
en rang les gratte-ciels? (Ed. M.E.O.)? Sans doute,
l'originalité des
images, leur force, le souffle d'amples poèmes. Le poète croate,
né en
1969, radiographie le réel et nous invite à le relire, à l'aune
de sa
poétique imagée : les métaphores règnent sur ce territoire
marqué du
sceau de l'étrange.
L'instant est une granule En elle ton silence grouille sur moi * L'arbre fruitier après la pluie croît jusqu'à hauteur des yeux d'un nomade urbain. Qu'en penseraient les gratte-ciels? * De ses cinq sens la neige par instants regarde, flaire, touche, goûte, écoute la forêt. Cette poésie, prête à tout, compile les fragments de modernité et nous fait poser les questions essentielles : y circulent le tsunami, l'euro, les droits de l'homme et tant de matières, qui, naturellement offrent à cette poésie une aura d'étrangeté bienvenue. Tout y est possible, jusqu'à broder des autoroutes ou définir sur ma paume/ où précisément commence le Sahara. Ph. Leuckx,
le Journal des Poètes
|
||
Retour au catalogue |
||