CE
QU'ILS EN ONT DIT
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Claude
Raucy n’est plus vraiment à présenter. Poète et écrivain de
chez nous, il a longuement exercé dans l’enseignement avant
de se consacrer à plein temps à l’écriture. Chaque nouveau
livre fait office de surprise. Cette fois, il nous entraîne
dans la vie de Charlotte, veuve fort jeune qui choisit
d’endosser la cornette des religieuses. Pour ce faire, elle
entre dans les ordres et se met au service d’un orphelinat.
Malgré des heurts réguliers avec la sœur supérieure, son
existence suit le cours d’un fleuve tranquille, sans
bonheurs particuliers mais sans malheurs non plus. Quant à
la guerre qui gronde partout, elle feint ne pas s’en
soucier. Néanmoins, son quotidien bascule le jour où un
aviateur britannique déboule dans sa chambre, sollicitant
qu’on le cache. Avec les Allemands à ses trousses, il sait
que ses heures de liberté sont comptées. Peut-être sa vie ?
Peignoir sur les épaules, Charlotte comprend que le temps de
la tergiversation est révolu et qu’elle doit agir, avec les
faveurs de Dieu ou sans. Divisé en trois parties, ce roman
nous parle d’une époque révolue, de sentiments forts et de
courage. Aussi de douleur et de résilience !
Amélie Collard, Bruxelles-Culture
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Voilà
un roman comme on les aime : plein d’aventures, plein de
tendresse, merveilleusement écrit, classique en diable, et
donc prêt à durer.
L’histoire se passe durant la seconde guerre mondiale, dans
un couvent, où Charlotte est devenue, après son veuvage,
sœur Marthe de la Croix. C’est un orphelinat, dirigé par une
mère supérieure, sévère, peu conciliante.
Dans le civil, Charlotte avait un frère et une sœur, qui vit
en Gaume.
L’arrivée au couvent d’un aviateur anglais qui y trouve
refuge va apporter « des orages possibles ».
Le titre évoque bien sûr une règle éthique, de résistance au
trouble, aussi bien qu’un morceau musical qu’un des
personnages interprète à la fin du roman.
Gino, petit enfant choyé par sœur Marthe, va la retrouver
bien plus tard.
L’épilogue – année 68 qui voit des bouleversements – est
comme un hymne à la famille que peu ont pu connaître
réellement.
Dans ce beau roman, où la petite histoire rencontre la
grande, Raucy tisse nombre de thèmes essentiels : l’amour,
l’amitié, l’accueil, la volonté farouche de faire de sa vie
quelque chose de droit, de bien.
L’écriture, légère et fluide, le tact constant pour décrire
au plus juste les personnages, la narration en quarante-deux
chapitres bien huilés : bref, le roman captive et dégage un
charme certain, celui des belles histoires contrariées qui,
parfois, se terminent assez bien.
Pour l’avoir apprécié dans d’autres œuvres, je trouve que
cet opus de Raucy vaut le détour, tant les atouts sont
attachants. L’histoire et ses aléas y trouvent une place, et
le lecteur, plongé dans cette période, en apprendra
beaucoup.
Un beau roman.
Philippe Leuckx pour Nos Lettres et Bleu d’Encre.
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Remarquez
la jolie photo de couverture de Fabienne Monville.
L'histoire se passe en grande partie dans un couvent ou
plutôt un orphelinat pendant la Deuxième Guerre
mondiale.
Charlotte prend le voile sans grande conviction. Elle
est jeune, jolie et veuve de fraiche date.
À une certaine époque, beaucoup de jeunes filles
entraient au couvent après une déception amoureuse ou un
veuvage. Charlotte se retrouve donc enfermée entre
quatre murs, obligée d'obéir à la mère supérieure, une
femme plutôt revêche, que le lecteur ne pourra nullement
apprécier, même si l'auteur dit que ce n'est pas une
mauvaise femme.
Un jour, un aviateur anglais vient se réfugier dans le
couvent où Charlotte, devenue soeur Marthe, s'occupe des
orphelins et plus particulièrement d'un petit garçon
difficile nommé Gino.
En partant, le bel aviateur laissera un cadeau dans le
ventre de la jeune femme...
Qu'adviendra-t-il de l'enfant? Sera-t-il élevé au
couvent? Charlotte renoncera-t-elle au voile pour élever
son fils?
Les réponses sont évidemment dans ce roman court, facile
à lire, sans prise de tête que nous offre Claude Raucy
en ce mois de septembre.
Par philippedester dans blog livresd'auteurs belges
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Le
roman d’un destin
Certains livres nous donnent le bonheur de renouer avec le
plaisir simple de la lecture d’une histoire. Le dernier
roman en date de Claude Raucy appartient à cette
catégorie, donnée par ces écrivains qui nous immergent
littéralement dans la fiction. Coleridge évoquait cette
nécessaire démarche sollicitée chez le lecteur de fiction
: « la suspension volontaire de l’incrédulité ». Avec le
roman Les orages possibles, le lecteur renoue, au fil des
146 pages du récit, avec cette sensation.
Nous sommes redevables aux éditions M.E.O., fondées,
animées et dirigées par un romancier, Gérard Adam, de
proposer au public un catalogue de littérature belge
francophone sans lequel nombre d’écrivains ne trouveraient
pas accès aux rayonnages des librairies. Après la
cessation d’activités des éditions Luce Wilquin, il
convient de saluer chaque fois que l’occasion se présente,
le travail des éditeurs qui continuent de publier malgré
les difficultés de trouver un « marché ». Ainsi, de
l’abondante bibliographie de Claude Raucy, figurant sur
trois pages en fin de volume, M.E.O. a publié déjà trois
livres de l’auteur lorrain.
Les orages possibles met en scène un personnage féminin,
Charlotte, une jeune femme entrée dans les ordres au
lendemain d’un veuvage précoce. Elle se soumet
difficilement aux règles et à l’autorité de la Mère
supérieure dans le couvent où elle effectue son noviciat.
Nous sommes au début de la Deuxième guerre mondiale. La
Belgique est occupée, les privations accablent la
population. Le couvent en souffre d’autant plus qu’y ont
trouvé refuge des orphelins. Il faut les héberger et
nourrir. Dans ces circonstances, Charlotte, appelée
dorénavant Sœur Marthe, est chargée de se rendre à
Signeulx en Gaume, chez sa sœur. Sa mission : récolter des
fonds et des vivres pour contribuer aux dépenses du
couvent.
Voilà pour le début de l’intrigue et sa mise en place. Au
fil du récit apparaitront les personnages qui permettent
au romancier de tracer les portraits précis et incisifs de
quelques figures entourant Charlotte depuis son enfance
(ses parents, son frère et sa sœur), son noviciat (les
sœurs du couvent). Tony, un aviateur anglais, se réfugie
dans le couvent. Raucy saisit quelques instantanés de
cette période, les uns lugubres (les dénonciations, les
rapines dans les maisons dont les occupants ont été
contraints à l’exode), les autres héroïques (les actes de
bravoure des résistants).
Nous ne dévoilerons pas ici les prolongements du récit qui
se développe en quatre parties, et autant d’époques : « La
mission », « La maudite », « Le printemps de Prague » et «
Les Mirabelles ». À Prague en 1968, nous retrouverons,
adulte, un des orphelins auquel Soeur Marthe s’était
particulièrement attachée, Gino. Il se liera d’amitié
avec Grégoire, enfant naturel de l’ aviateur anglais
qui trouva refuge dans l’orphelinat liégeois au début de
la guerre. Les protagonistes principaux se retrouveront à
Liège où sera joué Les orages possibles, un concerto
composé par le père de Grégoire. En dire davantage serait
dévoiler ici un des nœuds de l’histoire qui trouvera son
dénouement à la dernière page du livre.
Sans doute l’écriture de nouvelles, de romans jeunesse et
de poésie a-t-elle donné au fil des années cette lumière
cristalline qui rend le style de Claude Raucy limpide et
fluide et fait de la lecture de ce dernier roman en date,
une belle invitation à re-découvrir les nouvelles et
romans dont il est l’auteur sensible et généreux.
Jean Jauniaux, Le Carnet et les Instants.
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C’est une jolie histoire marquée de chagrin et de
courage que nous conte Claude Raucy. Celle de
Charlotte, une jeune Ardennaise qui a été fleuriste et
a ainsi rencontré l’amour de Jérôme. Veuve bien trop
tôt, la jeune femme est « orientée » vers les ordres
et devient religieuse dans un orphelinat de Liège. La
mère supérieure est hautaine et la jeune sœur obéit
aux ordres avec le plus d’humilité possible. Sauf
quand il s’agit de protéger Gino, un des petits
orphelins auquel elle ne peut résister. Charlotte est
envoyée « en mission » dans son village familial pour
collecter des fonds et de la nourriture pour les
enfants recueillis. C’est là qu’elle prend conscience
du fossé entre résistants et sympathisants des
Allemands. De retour au couvent, un aviateur anglais
venu s’y réfugier va semer le désordre dans la vie de
la religieuse.
Comme je le disais, c’est une belle histoire, mais qui
reste trop en surface. Il y a de beaux personnages qui
auraient pu être creusés davantage, comme celui de
Charlotte, qui m’a paru très douce mais un poil trop
naïve, ou celui de son frère Marcel, et même celui de
la supérieure (que je soupçonne, malgré ses airs de
matamore, d’avoir aidé à cacher des enfants pendant la
guerre – mais rien ne le dit dans le roman, je m’égare
peut-être). La rencontre à Prague entre Gino et
Grégoire, à la fin de ce court roman, apporte un bel
éclairage sur l’histoire de Charlotte mais elle m’a
laissée un peu sur ma faim aussi… Je retiendrai
pourtant la leçon de vie optimiste qui ressort du
récit (ne pas se laisser paralyser par les orages
possibles mais croire en la vie, malgré tout) et la
douceur de Charlotte qui brave la foudre.
Anne
duhem, blog.
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Un
roman de 145 pages, tout en émotion. Les orages de la vie,
les grondements du ciel qui sont aussi ceux de l’âme. On
suit le parcours de Charlotte, jeune veuve qui entre dans
les ordres religieux et témoigne d’une grande empathie
envers les orphelins dont elle a la charge, en particulier
un petit garçon, Gino. Autoritaire, avec un cœur de
pierre, la Mère Supérieure entrave les élans de tendresse
de la jeune religieuse. Un jour, un aviateur anglais de la
RAF cherche à trouver refuge dans le bâtiment. Charlotte
lui vient en aide. Son cœur se met à battre plus fort. Il
n’y a pas encore d’orage et de tonnerre dans son ventre,
mais une fleur y a pris racine.
INTERVIEW : DOMINIQUE ZACHARY
Auteur prolifique, Claude Raucy, à 82 ans, continue à
écrire et publier. D’où tient-il cette inspiration ? Nous
l’avons interrogé.
Claude Raucy, qu’est-ce qui vous a incité à écrire ce
nouveau roman Les orages possibles ? Les religieuses
d’un couvent, pendant la Seconde Guerre mondiale, n’y
font guère de charité chrétienne. Avez-vous des comptes
à régler avec des institutions religieuses qui vous
auraient marqué dans votre enfance ?
Non, pas du tout. Mon contact avec des religieuses et des
membres du clergé a toujours été très positif. J’ai eu,
j’ai toujours, d’excellents amis prêtres. Mais c’est vrai
que les personnages correspondent souvent à des gens que
j’ai connus. Même chose pour tout ce qui touche à la
guerre, à ses héros, à ses salauds.
Vous avez 82 ans, un âge où l’expérience et la sagesse
permettent de lever bien des tabous. Vous osez écrire
des histoires maintenant que vous n’auriez pas rédigées
à l’âge de 30 ans, de 40 ans ?
Je me sens plus libre, oui. Quand on a peur de faire de la
peine à sa mère, de heurter sa famille, on évite certains
sujets. On ne veut pas choquer.
La recherche de l’inspiration devant le vertige de la
page blanche, vous connaissez ? Vous parvenez toujours à
être inspiré après la cinquantaine de romans, nouvelles,
contes, récits et poésies que vous avez déjà publiés ?
Je n’ai jamais eu le vertige ou l’angoisse de la page
blanche. C’est plutôt le contraire : trop de phrases, trop
de personnages, trop d’histoires qui se bousculent dans ma
tête. Tout ce que je vois, tous ceux que je rencontre
s’imposent, avec leur cadre de vie et ce qu’ils vivent.
Dans ce nouveau roman, on retrouve votre marque de
fabrique qui est la référence à l’aspect sensitif des
fruits (mirabelles, prunes de prince), mais aussi des
plantes (odeur du sureau). C’est important pour vous,
cette écriture « sensitive » ?
Je suis heureux dans les prés, les vergers, dans la forêt…
Les fruits, les fleurs, les ruisseaux, c’est ma vie. Je ne
suis vraiment pas à ma place en ville !
Vous habitez désormais Liège (Ans), mais on vous sent
toujours très attaché à votre région natale gaumaise…
Dans votre nouveau roman, des actions se déroulent à
Signeulx. Pourquoi ces références géographiques à la
Gaume ? Elle vous manque tant ?
J’ai la Gaume en moi, vraiment. Chaque fois que j’y
reviens, trop rarement hélas, je me sens heureux.
Vieux-Virton, où je suis né et où j’ai passé mon enfance,
pour moi, c’est le bonheur. D’ailleurs, j’ai en route un
roman qui commence à la fin du 19e siècle… à la gare de
Virton-Saint-Mard.
On vient de traverser un an et demi de repli sur soi et
télétravail obligé à cause de ce Covid. Comment
avez-vous vécu ces 18 mois ?
Je les ai très mal vécus. La rencontre avec mes (jeunes)
lecteurs me manque beaucoup. Je ne suis pas homme à aimer
travailler dans un bureau.
*
Les
aléas de la filiation
Dans une petite ville de Belgique, Charlotte vend des
fleurs, elle se laisse courtiser par un jeune plâtrier
qu’elle épouse bien vite, mais, hélas, le jeune homme
tombe rapidement malade, la silicose disent les médecins,
et décède. Accablée par ce deuil, la jeune femme n’a plus
le cœur à vendre des fleurs, elle décide alors de rentrer
chez les Sœurs de la Charité où elle se montre, malgré son
bon caractère et ses bonnes intentions, trop peu humble et
soumise aux yeux de la mère supérieure.
Dans le couvent, Charlotte, devenue Sœur Marthe de la
Croix, s’occupe, au sein de l’orphelinat, des plus petits,
surtout du petit Gino qu’elle affectionne
particulièrement. Le doux cocon du couvent n’échappe pas
aux affres de la guerre qui sévit à l’extérieur, Charlotte
doit effectuer une tournée dans le pays où vit sa sœur,
afin de récolter quelques fonds et quelques victuailles
pour nourrir les sœurs et leurs petits pensionnaires. À
cette occasion, elle rencontre son frère aussi courageux
que téméraire dans son engagement dans la résistance.
Rentrée au couvent, elle apprend qu’un aviateur américain
dont l’avion a été abattu par l’occupant est caché par la
mère supérieure dans les greniers de l’orphelinat, seules
quelques sœurs sont au courant. Lors d’une perquisition
des Allemands, Charlotte sauve la vie du jeune homme en le
laissant passer par sa fenêtre pour se cacher à
l’extérieur. Quelques jours plus tard, l’aviateur frappe à
sa porte, il veut la remercier, elle tombe sous son charme
et se laisse étreindre. Le fruit de cette étreinte mûrit
rapidement dans le sein de la jeune none. Une autre vie
commence pour elle, une vie que le lecteur découvrira
quand il lira les rapports que nouent deux jeunes Liégeois
qui se rencontrent à Prague au moment où les Russes y font
leur apparition pour dompter le fameux printemps qu’ils
craignent tellement.
Ce livre c’est l’histoire d’une jeune femme qui n’a connu
que des amours contrariés et une maternité malheureuse
avant de vivre une existence meilleure, comme une
rédemption. Mais c’est surtout une réflexion sur la
famille et sur tous les secrets dissimulés ou parfaitement
inconnus des personnes concernées. Au moment où les
fondements de la famille traditionnelle sont remis en
cause, cette histoire montre que la destinée pourvoit déjà
largement aux aléas qui dessinent les contours familiaux.
Henri Salvador chantait un truc dans ce genre : « Ton père
n’est pas ton père, mais ton père ne le sait pas. » Claude
Raucy a lui écrit une histoire bien différente, mais dans
le même esprit.
Denis
Billamboz, Critiqueslibres.com et blog
Mesimpressionsdelecture..
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Un roman court par sa longueur, mais rempli de beauté et
de douceur . Un récit extrêmement bien mené sur fond de
seconde guerre mondiale, avec une plume fluide et
maîtrisée qui donne un très bon rythme à ce livre.
J’ai littéralement été emporté dans la vie de Charlotte
et ses péripéties. J’ai été bluffé par la fin que je
n’avais pas du tout imaginée ainsi durant ma lecture. Un
livre rempli d’espoir avec une magnifique morale
optimiste et encourageante : « Toujours croire en la
vie » Merci pour cette belle découverte ! (coralivres,
Babelio)
J’ai
pris beaucoup de plaisir pendant cette lecture. Un livre
court qui se lit très vite mais qui laisse une belle
impression ! […] Ensuite, le style littéraire m’a plu ;
les mots sont bien maniés. Les phrases et chapitres
courts donnent un bon rythme à la lecture. J’ai
d’ailleurs tout lu d’une traite. […] Un beau petit
moment partagé avec ce livre. (HellowSubmarine,
Babelio)
Livre
agréable à lire et très rapide, voire trop. […] Ce
pourrait être une histoire vraie racontée comme un conte
qui finit bien, heureusement (Plaisirdelalecture,
Babelio)
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