Extrait Je
suis la pute des mots qui tortille de la plume ! Reluquez-moi, aucune
pudeur verbale dans mon strip-tease de l’âme ! Je veux conquérir ma
place au soleil en tapant sur mon clavier avec cette main restée pure
et franche dans un gant de velours noir dégueulassé au foutre. Une main tranchante, térébrante, qui va fister avec mes mots dans le cul des salauds ! Oh connards ! viendra le jour, viendra l’heure où vous lirez mes phrases, où tous ceux que vous croiserez vous les hurleront ! Le reste de vos misérables existences, vous flotterez entre deux rives sans jamais en atteindre une. Même après votre mort, vous n’aurez aucun contact avec cette part de divin que tous nous portons. Votre éternité sera de poussière et de cendre, elles enroberont vos existences alors que vous aviez cru détruire la nôtre. Tout sera comme si vous n’aviez jamais existé, tout redeviendra pur. […] En attendant, faut vraiment que je comprenne mon histoire et mes comportements. Que je me concentre. Me transforme. Aujourd’hui, je fais face à chacun de mes souvenirs. Chacun de mes petits ou grands pincements de cœur, je les couche sur le papier, un par un, afin de dissiper l’ombre et de laisser entrer la lumière. Je défonce mes barrières avec ma plume comme avec un bélier on défonce la porte d’un château fort défendu par ma pire ennemie : moi. Ce château, ces murailles, ces tours, ces créneaux, ces ponts-levis, ces portes, c’est moi. J’utilise ma colère pour y pénétrer. Et, victorieuse, je me retrouverai entre les murs de cette Bastille géante. […] Je suis habituée à cette colère, cette force dévastatrice, elle me colle à l’ego comme une drogue dont je ne sais pas si je vais parvenir à m’en défaire. Ou juste quand je tombe épuisée sur mon lit, à moins que ce soit dans le lit d’un autre. Mais dès que je me réveille le lendemain, la colère est en moi. Chaque jour, j’émerge du sommeil furieuse, je suis accro à mon courroux, j’ai les muscles tendus, la pression artérielle qui monte, la testostérone à bloc et je rajoute un café par-dessus pour attaquer ma journée. Impossible de rester au lit à écouter les petits oiseaux. Les enculés qui m’ont violée, m’ont humiliée, me sautent à la cervelle et la moutarde me gicle au nez. |
© Aidan Works |
in : Marie-Claire Hong Kong |
in : Biba Magazine Israël | Dans le court métrage Face de Shizico Yi |
in : Elle Arabie saoudite |
in : Harper's Bazaar | in: Elle Russie |
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© https://www.dawa-ma.com |
Ce qu'ils en ont dit * Voilà une autobiographie sans ronds de jambe ! Dawa Ma, mannequin pour de grandes maisons et de nombreuses revues (L’Oreal, Dior, Chevignon, Cartier, Sonia Rickyel, Jean Paul Gautier, Kenzo, Stella Mc Cartney, Zucca, Tsumori Chisato, Le coq Sportif, Adidas, Everlast, Morgan, Virgin, Elle, Marie-Claire. Harper’s bazaar, etc.), revient sur son passé. De nationalité française, elle vit actuellement à Londres et s’épanche sans pudeur. Elle évoque une dépression abyssale qui l’a assaillie voilà quelques années, avec son cortège de souffrances et de déchirements, de révoltes, d’analyses, d’imprécations, et de quêtes philosophiques. Sans craindre les mots, elle parle également de ses addictions et de ses automutilations. Avec une force interne et l’aide de tiers, elle a réussi à surmonter ce cap difficile et à ressusciter. Durant la période de confinement liée à la crise du covid-19, elle prend le temps de réfléchir à son vécu et à revenir sur les grandes étapes de celui-ci. Cet arrêt forcé lui permet surtout de se replonger dans une enfance martyre, marquée par des mauvais traitements et des viols à répétition, et à faire revenir à la surfaace une kyrielle de souvenirs douloureux. Coucher tout cela par écrit a été salutaire. Ce premier livre n’a aucune vocation de susciter la compassion à son égard ou d’inviter le public à la plaindre. Elle sait que la réussite professionnelle lui a permis de renaître à ses propres yeux comme à ceux des autres. Avant tout, elle a souhaité se libérer d’un poids et témoigner. Sam Mas, Bruxelles Culture *
Avis : CHAMBOULATOIRE !Je tiens à remercier les Éditions M.E.O pour le service presse du roman autobiographique Pleure, tu pisseras moins, reçu dans le cadre de l’opération Masse critique de Babelio. Dire que je sors bouleversée, atterrée, honteuse, écumante de rage n’est pas à la hauteur de l’état dans lequel je suis à la dernière ligne de ce livre. Je souhaite vraiment à Dawa Ma d’avoir trouvé un peu de paix et de s’être donné l’occasion de mettre sa souffrance au service de ceux qui n’ont pas encore parlé. Je salue l’élégance de ses mots malgré l’horreur des actes, et l’authenticité de son témoignage, qui nous donnent l’occasion de constater encore et toujours que l’enfance n’est toujours pas protégée. Dawa Ma fait partie d’une fratrie dont le père est mort alors qu’ils étaient très jeunes. La mère faisant bonne figure devant sa famille a toujours été, loin des regards, une mégère tyrannique et perverse. Les amants, eux, ont fait porter aux enfants, la croix des martyrs. Rattrapée par une dépression qui va la briser, Dawa Ma reprend son journal intime et met des mots sur tout ce qu’elle a subi. Nous découvrons sa vie avec ses horreurs intérieures et sa vie de mannequin en façade : 316 pages qui nous parlent de résilience, de courage, et de VIE. Cette autobiographie s’organise en allers-retours entre la période de dépression et les années d’enfance qui ont conduit à cet état. Autant la période adulte est faite de constats amers et statiques sur l’auteur, sa meilleure ennemie, autant l’enfance est faite d’imprécations, de lutte pour l’honneur, de sacrifice pour protéger frère et sœur, d’intelligence pratique et d’évasion psychique qui la sauveront. Ceci est le premier roman de Dawa Ma, un travail d’introspection d’un niveau supérieur autant dans l’écriture que dans le style. Il est évidemment autocentré, mais l’auteur fait preuve d’une plume puissante apte à se mettre au service de toute fiction faisant sens. Ce roman n’est peut-être pas à mettre devant tous les yeux, il faut vouloir se confronter à l’incarnation du viol, aux stigmates de l’horreur absolue. Mais c’est aussi la seule reconnaissance à pouvoir apporter à l’auteur. Si vous y êtes prêt, vous participerez à la renaissance d’une femme, devenue auteur pour se sauver. lyanea, Babelio 06 octobre 2020 *
Même s’il indique « roman » sur la couverture,
ce livre prend la forme d’un journal intime, alternant des extraits du
journal de l’auteur entre 2013 et 2018 et de celui qu’elle a tenu
pendant le confinement de mars à mai 2020.Le contenu est rude à la lecture lorsqu’on découvre – et sans vraiment d’éclaircie au fil des pages – tout ce qu’a subi cette jeune femme devenue mannequin et actrice depuis sa prime enfance. Le premier journal – en italiques – témoigne d’une grave crise de dépression quand le trauma a explosé à travers une nouvelle vie de célébrité plus aisée avec l’envie de faire payer à sa mère et son beau-père l’enfer auquel elle a survécu par la seule force de sa volonté. C’est un contenu brut, rédigé tout en intensité, plein d’humeurs et d’épines, un cri douloureux qui nous déchire les oreilles. J’ai trouvé vraiment très intéressant et bien trouvé que ces pages alternent avec le journal de confinement en contrepoint, qui ne parle pas vraiment de comment la narratrice a vécu le confinement, mais ce que cette situation vécue par les personnes les plus vulnérables (enfants, femmes, marginaux…) réveille en elle comme révolte contre une société qui ne les protège pas. Et c’est dans ces pages rédigées en 2020 – qui sont également une relecture du journal en italique – que l’auteur analyse, explicite, et recontextualise toutes les horreurs qu’elle a subies depuis ses 3 ou 4 ans de la part de sa mère et ses acolytes. Je ne souhaite pas développer plus ici sur les thèmes qui font le cœur de ses pages, car mes mots ne seront jamais à la hauteur et ne pourraient que minimiser tout ce que j’ai lu. Ce livre extrêmement fort a été écrit pour parler aussi au nom de tous les enfants maltraités, violentés, abusés, utilisés qu’on essaye de détruire dans l’espoir que cette dénonciation fasse avancer les choses et pour dire à toutes ces victimes qu’elles ne sont en rien coupables et qu’il est possible de s’en sortir. Zazimuth, Babelio. *
Qui pourrait deviner que derrière ce visage de
madone indéchiffrable se cache tant de souffrance ? Mannequin à
l’échelle internationale née en France dans les années 1980,
l’auteure a vécu une enfance effroyable.Loin des podiums et des paillettes, cette dernière nous relate son enfance saccagée, dans une cité HLM gangrenée par la drogue et la violence, broyée par une génitrice monstrueuse d’égoïsme et de méchanceté qui ferme les yeux sur les sévices perpétrés par ses amants sur ses propres enfants. La maltraitance physique et mentale, la faim, le viol… rien ne sera épargné à la petite Dawa Ma. « Pleure, tu pisseras moins », lui disait sa mère ! Alternant passé et présent, ce roman autobiographique écrit pendant le confinement raconte la sévère dépression dont a souffert l’auteure suite à cette enfance martyre. Elle relate sa dépendance à l’alcool, aux substances licites et illicites, à l’automutilation, sa difficulté d’aimer et de faire confiance à autrui, ainsi que sa longue et douloureuse thérapie. Un parcours semé d’embûches pour cette résiliente, bien déterminée à s’en sortir et à demander réparation devant la justice afin que les crimes commis par ses tortionnaires ne restent pas impunis et servent d’exemple ! Brut et sans fard, ce témoignage courageux est un cri de révolte contre des bourreaux voleurs d’enfance. On tourne les pages avec effroi, en découvrant ce récit révoltant de monstruosité. Terrifiant, mais utile ! leolechat, Babelio et https://leslecturesdisabello.blogspot.com. *
En lisant ce livre, j’ai pris une grosse baffe en pleine tronche, et avant d’écrire la moindre ligne après cette lecture il m’a fallu un bon moment pour reprendre mes esprits, digérer toute la colère que j’avais accumulée, dominer toutes les envies de meurtre qui m’avaient trotté dans la tête, essayer de comprendre comment une gamine devenue adulte à cinq ans, tabassée, humiliée, violée, exploitée de mille façons, peut devenir un mannequin international, replonger dans les séquelles de tout ce qu’elle a subi et rebondir, une fois, deux fois, trois fois…, rebondir encore et encore pour se battre toujours et encore, pour gagner son combat dantesque contre les forces du mal incarnées par ceux qui sont les plus proches d’elle, par ceux qui devraient être là pour l’aimer, la choyer et la défendre contre le mal. L’histoire atroce que raconte Dawa Ma – c’est son nom de scène –, est celle d’une petite Française qui, comme toutes les autres, n’a pas choisi ses parents et qui a hélas tiré un mauvais numéro, l’un des pires peut-être. C’est la sienne, celle qu’elle a vécue depuis sa plus tendre enfance. Elle a choisi de l’écrire pour régler ses comptes avec tous ceux qui l’ont martyrisée. « … le petit Chaperon rose s’est métamorphosé en louve. Et il revient aujourd’hui d’entre les paumés pour liquider les méchants, armé jusqu’aux dents d’un simple stylo… Parce que parler peut aussi tuer. » Elle raconte cette histoire en alternant d’une part les chapitres du journal intime qu’elle a tenu de 2013 à 2016 et d’autre part le récit qu’elle a écrit pendant son confinement à Londres au printemps dernier. Dans ce dernier texte, elle raconte tout ce qu’elle a vécu avant et après s’être confié à son journal et tout ce que son histoire lui a appris, tout ce qu’elle en a tiré, toutes les séquelles dont elle n’arrive pas à se débarrasser, le combat qu’elle mène pour elle et pour tous ceux qui ont subi les mêmes traitements. Elle commence son récit par une phrase terrifiante en s’adressant à son père décédé alors qu’elle n’avait que quatre ans : « Je suis devenue adulte le jour de ta mort et femme à cinq ans par ce lui qui te remplaçait dans le lit de ma mère, un homme que tu aurais écartelé… » Tout pourrait être dans cette phrase, mais hélas, après il y a eu bien pire encore… La vie dont elle se souvient commence entre son père et sa mère biologiques : « La plupart des souvenirs que m’ont laissés Roméo, père dépressif et colérique, et Églantine, mère cruche, arrogante et ridicule, sont d’une extrême violence ». Églantine et Roméo se sont mariés trop jeunes parce que Dawa frappait à leur porte, elle n’était pas très dégourdie, il était violent et cavaleur, il ne donnait pas d’argent à la mère pour élever les quatre mômes qu’il lui a donnés en quatre ans. « Je me rappelle avec précision les huissiers fouinant dans mes coffres, emportant mes livres et le peu que nous possédions devant des parents ébahis, trop jeunes, impuissants, désespérés. » Elle l’a plaqué, est rentrée chez ses parents avec sa progéniture, il a voulu les récupérer, la famille a fait obstacle, il est rentré chez lui et s’est pendu. Dawa avait quatre ans. La mère est rentrée en ville, dans une cité, avec sa marmaille et après avoir été battue est devenue elle-même violente, laissant souvent ses enfants à l’abandon. Dévergondée, elle a vite ramené un gars à la maison violent, violeur, sadique, cynique, qu’elle a flanqué à la porte quand les mômes se sont plaints. Mais bien vite un autre encore pire est venu s’installer à la maison pour une longue durée, jusqu’à ce que Dawa le mette dehors du haut de ses quinze ans avec un couteau pointé sur son gras bide. C’est ce long calvaire qu’elle raconte dans ce livre, dans lequel elle dénonce aussi tous ceux qui n’ont pas vu, pas entendu, pas voulu voir, pas voulu écouter ni même seulement entendre, la famille, les amis, les voisins, les services sociaux, la police, les écoles… Ils sont nombreux, bien trop nombreux pour que nous acceptions une telle indifférence. Elle raconte aussi son combat pour se protéger en même temps que ses frères et sœur dont elle avait souvent la charge, les violences répétées, les humiliations récurrentes, la déscolarisation alors qu’elle était une bonne élève, le viol régulier, la prostitution, elle pensait avoir tout supporté, tout digéré quand de nouveaux troubles sont apparus avec le stress post-traumatique et sa cohorte de symptômes la démolissant régulièrement. Mais encore une fois, elle a lutté, retombant, se relevant, plongeant dans les abîmes pour toucher le fond du fond et rebondir encore en prenant appui sur ce fond. Ce fameux stress c’est le lot de tous ceux qui sont « Incapables d’affronter les causes de leur mal-être, qu’ils ont refoulées au plus profond par ce qu’elles faisaient trop mal, ils stagnent dans leurs émotions perturbatrices ». Elle a connu toutes les déchéances, elle a tutoyé les étoiles… de la mode (elle est devenue mannequin internationale, adulée en Extrême-Orient notamment), elle a été à nouveau exploitée, elle a tout jeté, elle s’est relevée encore une fois pour reprendre ses études, pour reconstruire une autre vie. « Accepter m’a permis de me préparer à émerger. Plus forte ! » Ce livre est un témoignage bouleversant, une plongée au plus profond de l’horreur, un combat titanesque. Il m’a écœuré, mis en colère, mouillé les yeux de pitié, de douleur et d’émotion devant toute l’énergie, la détermination, la volonté… que cette gamine a dû et su déployer pour essayer de se sortir de tous les pièges qu’on lui a tendus. Et c’est de la belle littérature, écrite avec beaucoup de justesse et d’émotion sans jamais se complaire dans de geignardes lamentations. Débézed, critiqueslibres.com, mesimpressionsdelecture.unblog.fr et Benzinemag. | ||