Écrivain et peintre reconnue en Communauté Française de Belgique et au-delà, auteur de plus de quarante ouvrages de poésie, contes & nouvelles, romans, théâtre, Monique Thomassettie a été l'invitée des Journées Belges de Sarajevo en 2001 ainsi que des prestigieux Sarajevski Dani Poezije (Journées Poétiques de Sarajevo) en 2004. Elle a développé de précieuses amitiés avec des écrivains de Bosnie et de Croatie, qui apprécient sa poésie de nature méditative et spirituelle, intégrée dans l'espace humain et la nature. | ||
Tableau de couverture : © Monique thomassettie "les visiteurs du soir" | La Source d'Incandescence Conte, 2004 (Repris lors de la disparition des Éditions de la Page) ISBN: 2-87432-007-2 14,00 EUR "Sans
réalité, point de songe. Car la réalité comporte bien des mondes ! Et
des niveaux, des plans, des ordres, que la non-conscience confond.
Celle-ci se perd dans la confusion, se raccroche tantôt à des formules,
tantôt à des dogmes qui la rassurent mais la figent dans sa négation. Baignant dans la réalité entière, la future voyageuse depuis longtemps secouait ses idées afin de trouver sa médiatrice conscience. Elle n 'était donc jamais rassurée, et vivait toujours inquiète." | |
Ce qu'ils en ont dit L'auteur
propose cette fois sous le nom « conte », une large part de
sa vie mentale et spirituelle. Ce livre de méditation est aussi un
livre de fureur et de compassion ; fureur contre le monde
mercantile (d'aucuns disent réaliste) basé sur le profit et compassion
pour l'être emporté dans cet univers. Ceci n'est pas formulé
explicitement, mais de nombreux passages le révèlent car l'homme ne se
sauvera que « si d'argile (il) se souvient » (Saint-John
Perse). Le dialogue est une des formes utilisées par l'auteur, qui est
aussi écrivain de théâtre, pour porter haut la flamme qui brûle en elle
et tenter d'atteindre sa source d'incandescence. Pétrie de chaleur
humaine et de communication, Monique Thomassettie crée et se nourrit de
paysages visités mais surtout de visions et d'êtres intériorisés. D'un
abord peut-être difficile à première vue, ce livre authentique nous
projette dans un univers fort et très personnel. Guy Beyns, Le Reflet de chez nous En général, la métaphysique poétique est dédaignée ou admirée selon la notoriété des auteurs. Dommage. Un léger effort, et nous entrons dans cet ouvrage écrit, conçu en partie en Inde du Sud, mais dont le premier frémissement est dû à la mort d'un arbre familier contemplé d'une fenêtre avant son abattage. Le rouge d'un soleil couchant sur l'ombre d'un arbre. Comme toujours, chez Thomassettie, le peintre et son trait s'ajoutent à celui de l'écriture et sa « voyageuse », en errance onirique dans une contrée contrastée, est dominée par ce que Elie Faure nomme l'esprit des formes et des couleurs : la pierre rêve, l'eau se confie à des dieux ravisseurs, des rencontres s'élaborent ; une « oratrice » est une occasion de dialogues, un lion, un enfant, un flûtiste se meuvent parmi des temples. Étrange conte. Étrange fiction qui n'a d'ailleurs rien de fixe. Si au commencement était le Verbe, il le reste à la fin. La voyageuse choisit un pinceau, non pour peindre sur les espaces vierges mais pour écrire [...] Elle écrivait, écrivait dans une fièvre exorciste. Son écriture débordait sur les espaces peints. Espaces peints? Espaces peints par une écriture tellement égarée par l'esprit qui la guide, qu'elle fait penser aux idéogrammes, à ces signes qui implorent l'idée et surtout l'émotion. Monique Thomassettie exprime, extrait d'elle- même et trace avec courage ce qu'elle ressent, au lieu d'écrire comme nous, les « romancières ». En couverture : « Les visiteurs du soir », 1990, tableau magique de l'auteur. À méditer. Marie Nicolaï, Nos Lettres. Une vision protéiforme L'insaisissable, l'absolu, la mystique, l'oiseau, l'eau, l'arbre, Dieu, la lumière, l'obscur, le questionnement : Monique Thomassettie est dans tous ces mots à la poursuite de ce qui fait notre univers, notre destin dans leur imprenable portée. Elle l'est également dans la multiplicité de ses tableaux symbolistes, vus en songe. Cette artiste est à la tête, aujourd'hui, d'une vingtaine de livres où théâtre, poésie, roman, conte, nouvelle composent depuis 1989 une fresque de réflexion, d'image, de pensée dont la circonférence et le centre sont partout, et dont les axes se retrouvent sous toutes les formes. Ne dites pas de Monique Thomassettie qu'elle a une écriture. Dites plutôt qu'elle a une vision protéiforme de notre aventure humaine et cosmique la plus cachée. Celle qui affleure dans les légendes, mémoires du monde. Qui s'interroge aussi dans les philosophies. Dans quelles circonstances avez- vous commencé à écrire ? J'avais douze ans. Marabout avait lancé un concours d'écriture théâtre pour les jeunes de 14 à 18 ans. J'ai obtenu, hors concours, une mention honorable pour l'originalité de mon « Marchand d'ombres chinoises ». Je crois que j'étais déjà «habitée» par la part insaisissable de la vie. C'est alors que j'ai commencé à m'intéresser aux « vrais » livres, comme « Les Hauts de Hurlevent ». Plus tard, « L'Idiot » de Dostoïevski, « La Divine Comédie » de Dante, et Proust ont été les grands révélateurs qui ont marqué ma vie. Vos deux derniers livres viennent de paraître : un conte, « La Source d'Incandescence », et un recueil de poèmes, « Plein cintre d'arc-en-ciel ». En couverture, deux tableaux dont vous êtes l'auteur : « Les Visiteurs du soir » pour le conte (formes dressées sur une eau immobile dans un écrin de nuages), et « Le Rocher d'Horeb » (cascade dévalant une montagne mystique avec l'âme solaire qui la verse). Dans ce recueil, vous dites : « Ne cloisonnez pas le rêve et l'esprit : ils sont lumière ! » Peut-être est-ce pour cela que j'ai ajouté des dessins, simples traits comme en écriture automatique qui, achevés, me « révèlent » ce que je voulais exprimer. Je crois à la « puissance de l'image », comme le dit un titre de René Huyghe. Mais ce doit être une image vécue qui correspond à un cheminement intérieur. Est-ce à cause de certains ancêtres qui faisaient des vitraux ? Comme certains de mes tableaux se projettent dans le symbolisme des images, l'écriture, la peinture, le dessin constituent pour moi un même travail introspectif de créativité. Êtes-vous sûre d'être toujours comprise du lecteur en vos cheminements intérieurs ? Dans un conte, il y a une histoire qui me permet de développer mes pensées, de tenter de les partager. Mais que veut dire réellement « partager » ? Et à qui ? Et que faut-il partager ? Tout devient labyrinthique. Suis-je ésotérique ? Pas tant que ça ! Dans mes poèmes, entre mysticisme et philosophie, je crois suivre les « 4 fonctions » de Jung : pensée, sensation, sentiment, intuition. « La Source raphaëlle » qui paraîtra à l'automne, chez le même éditeur, sera un récit autour de la mort de mon père. Mais un récit de vie. © La Libre Belgique 2004. Luc Norin, La Libre Belgique, interview à l'occasion de la "rentrée littéraire" 2004. | ||
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