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Jean-Luc Wauthier

 
Professeur en Haute École jusqu’en 2009, Jean-Luc Wauthier, né à Charlero, a publié une vingtaine de livres (poésie, nouvelles, monographies, roman, livres d’artiste). Il est par ailleurs Rédacteur en chef du Journal des Poètes et collabore aux revues virtuelles Textures et Recours au poème.



Evelyne Wilwerth

Miteux et magnifiques
Tableau de couverture :
© Jean Ransy
"Le banquet" (fragment)


LES  TABLETTES  D'OXFORD


Roman, 2014

136 pages.
ISBN: 978-2-930702-77-3
15 EUR


Dans la prestigieuse bibliothèque de l’université d’Oxford, l’auteur fait une découverte surprenante : rien moins que les Mémoires, quasi complètes, du dernier empereur romain d’Occident, Romulus Augustulus, dont nous ne savions à peu près rien, ce peu étant lui-même encombré de légendes, de mythes, de faits invérifiables…
Quoi de mieux, pour illustrer la lutte éternelle entre le pouvoir et le bonheur, que de l’évoquer au cœur d’un Empire romain finissant, cerné par son propre crépuscule ?
À travers une active rêverie sur l’Histoire et ses énigmes, le roman de Jean-Luc Wauthier a retenu cette réflexion d’Alexandre Dumas : « L’histoire est un portemanteau sur lequel on accroche un roman. »
Pour autant qu’il soit habillé de poésie !





e-book
9,49 EUR





Extrait


« Un long tunnel obscur, soudain troué par cette lumière déchirante et cruelle, ces hurlements angoissés que rien, sauf la chaleur maternelle, ne peut apaiser. Hélas, la lumière avait la couleur et le goût de la mort. Au lieu de la douceur d’une mère, je dus me contenter de la rudesse d’une nourrice, puis, passé le premier âge, de celle de servantes effacées. Et tout de suite, face à cette vacuité, l’ombre immense du Père, protec­trice, dévorante, implacable. Une ombre qui allait m’écraser, m’étouffer jusqu’à ce jour funeste. La vie et la mort. La mort et la vie. Ce va-et-vient qui, peu à peu, deviendra mon quotidien, mais que jamais je ne pourrai apprivoiser. Pour l’heure, Oreste, ce père haï, détesté, fascinant à sa manière, s’amuse à brouiller les pistes. Veuf le jour de ma naissance, il ne se remariera pas et ne goûtera plus qu’à deux plaisirs : l’un, passager et superficiel à mon avis (mais je suis mauvais juge) et le retenant juste ce qu’il faut : le corps des femmes. L’autre, profond, insistant, dévorant et qui, je le sens bien aujourd’hui, sous-tendra toute sa vie d’homme : le Pouvoir, ce besoin de dominer, qu’il exercera sur tous et, donc, sur moi. Ai-je dit qu’il m’a toujours semblé, non pas vieux, mais âgé, alors qu’à ma naissance il n’a guère plus de quarante ans ? Ma mère était sa seconde épouse. Il avait, pour des raisons obscures, répudié sa première femme, Julia. Cer­tains domestiques m’ont prétendu, avec des chuchotements entendus et des mines apeurées, que j’avais une demi-soeur aînée, mais tellement folle qu’elle restait cachée aux yeux de tous. J’ai longtemps cherché sa trace. J’ignore même la réalité de son existence. »





Ce qu'ils en ont dit


Les mémoires d'Augustule
Quand le manteau de l'Histoire est troué, une broderie chargée de sens peut se montrer aussi opérante et légitime que les prétendues certitudes ou les simplifications abusives. Jean-Luc Wauthier imagine la découverte dans la bibliothèque d'Oxford de tablettes qui constitueraient le journal intime de Romulus Augustulus, dernier empereur romain d'Occident, assorties de plusieurs ostraca de la main d'Amélia, sa compagne adorée. Déposé à Ravenne, en 476, par Odoacre au service de l'empire romain de Byzance, le sort d'Augustule, pratiquement ignoré, n'est pas sans rappeler sous la plume de l'auteur celui d'un autre dernier empereur devenu jardinier à Pékin. Et c'est dans la peau d'un humble savetier, après avoir échappé, lors de son exil à Naples, au massacre machiné par les sbires du pouvoir byzantin, qu'Augustule est revenu incognito à Ravenne où, devenu veuf d'Amélia, il mourra en 542. Survivant donc longuement aux assertions nécrologiques de l'Histoire ainsi démenties par la découverte providentielle de ces tablettes d'Oxford...
Peu importe d'ailleurs, puisque Jean-Luc Wauthier tient heureusement le propos, non de nous instruire sur un destin précis, mais d'ancrer dans une réalité évasive, une histoire d'amour et de sagesse. Pour rappeler que bonheur et pouvoir font rarement bon ménage. Que l'un et l'autre sont fragiles, à des titres différents. Que l'amour vrai est plus vigoureux que tous les empires du monde appelés à s'écrouler un jour, comme c'est alors le cas pour celui de Rome. Tout cela traité sur le ton d'une rêverie poétique, sereine, quasi musicale, mais aussi sans illusions sur l'homme.
Ce ton qui a pu inspirer un chef d'œuvre à Marguerite Yourcenar, puisé lui-aussi dans le passé d'un empereur romain et lui-aussi porteur du souci humaniste de celle qui l'a si heureusement habité.

Ghislain Cotton, Le Carnet et les Instants.

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Jean-Luc Wauthier, dont tout le monde connaît les talents de poète, aborde ici un genre assez difficile, et dont je ne le savais pas familier : le roman historique. Avec pour personnage l’un de ceux-là dont tout le monde connaît le nom, sans trop savoir ce qu’ils ont fait, à quoi ou à qui ils ressemblaient. Romulus Augustule, le dernier empereur de Rome, pas moins. Un nom à stigmates: le premier des rois, et le premier des empereurs, mais avec un diminutif. Une sorte de Néron, de tyran de la décadence, perdu au milieu des chefs barbares ? Il est vrai que son père a été secrétaire d’Attila, et qu’il aura maille à partir avec Théodoric… Mais Jean-Luc Wauthier nous campe surtout ici le portrait d’un jeune homme lettré, amoureux, grand lecteur des poètes, désorienté, perdu au milieu des intrigues politiques. Il le fait avec beaucoup de compréhension, on pourrait même dire d’empathie, et cela dans un style fluide, délicat, limpide. Le roman d’un empereur-poète, écrit par un poète.
Il est là notamment quelques descriptions de nature qui dénotent un grand talent, de même que les scènes d’amour. On est bien loin de Néron et de Caligula.
Et les tablettes d’Oxford, me direz-vous ? Seraient-elles comme la cantatrice chauve, débarquant, comme les carabiniers, à la dernière ligne de la dernière page ? Je vous laisse le plaisir de les découvrir vous-même. Vous ne voulez pas que je vous raconte tout, tout de même?

Joseph Bodson, Reflets Wallonie-Bruxelles


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Quand un poète confirmé comme l’est Jean-Luc Wauthier (une douzaine de recueils depuis 1975, chez de bons éditeurs ; quelques prix importants : Nicole-Houssa, René-Lyr…) passe à la prose, ce n’est pas une surprise ! L’auteur, né à Charleroi en novembre 1950, professeur en Haute-Ecole, essayiste, a consacré plusieurs volumes déjà à l’écriture romanesque (un roman, un recueil de nouvelles) et à la monographie d’art ou de littérature (essais sur Ransy, Ayguesparse, entre autres).
Voici donc un deuxième roman. Un roman délibérément historique, que notre écrivain situe aux cinquième et sixième siècles de notre ère. Le livre est constitué des mémoires du dernier empereur romain d’Occident, Romulus Augustule, entrecoupés d’un journal intime de son épouse Amélia, fille de servante, devenue impératrice.
D’une structure très fluide (l’on passe aisément du règne bref d’un empereur de quinze ans en 475 à sa vieillesse – il a alors quatre-vingts ans – en 541-542. Avant de rejoindre son père, ses aïeux, l’ex-empereur, devenu incognito savetier à Ravenne, décide d’user de son stylet pour relater sa vie, les épisodes glorieux ou médiocres d’une existence qui a connu de grands troubles, l’exaltation de ses sentiments et le déclin progressif de cet empire d’Occident, sans cesse lézardé par les invasions barbares, sans cesse revendiqué, passant sans cesse d’un empereur l’autre, en cette ère trouble. Nous suivons ainsi un destin, des figures historiques (Nepos, Odoacre, Théodoric, Justinien…)
Rome n’est plus la capitale de l’empire. Et Ravenne a pris le relais. Le jeune empereur sensible raconte le palais, ses intrigues, ses serviteurs, son oncle Paulus, son précepteur Laios, son père, intrigant, qui a tout fait pour lui donner un destin, aussi éphémère qu’agité.
Et puis il y a cette Amélia, roturière, qui s’éprend de lui, et qui offre au lecteur ses plus belles pages. Sensuelles, tendres, baume dans une époque de violence et de tractations douteuses. La belle fille passe avec l’ex-empereur, exilé à Naples, des moments intenses de beauté et de sérénité.
L’écriture, très poétique, les descriptions justes d’un monde éloigné, mais rendu proche par le choix des angles  (vision intime des affaires de l’État, des relations privées), la documentation très sûre sur les usages impériaux, autant d’atouts qui nous plongent au coeur d’un monde violent, comme une relation historique, racontée sans effets inutiles, sans préciosité, avec l’œil d’un expert, qui confie à sa plume ses tourments, ses émois, ses constats, les us et coutumes d’une société disparue.
Wauthier, dans le droit fil des travaux d’une Yourcenar ou d’un Eco, sait, non seulement conter, avec fluidité et légèreté, mais décrire avec une précision d’entomologiste le petit monde qui gravite autour d’Agustulus.
Le lecteur, friand de rigueur et de dépaysement, sera d’emblée conquis.
Un très beau livre, qui donne à l’histoire sa densité et son romanesque, et bien sûr des sources d’analyse sur le pouvoir, l’enfance, la littérature de mémoire.

Philippe Leuckx, Revue Phœnix


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La chute de l'Empire romain n'était jusqu'à présent qu'un chapitre dans les ouvrages historiques. La voici devenue, sous la plume de Jean-Luc Wauthier, le récit frémissant du dernier empereur devenu savetier après avoir vécu une longue histoire d'amour avec une servante. Romulus Augustule, à la fin de sa vie, rapporte les événements comme un sage qui les a tous compris. À l'exception de sa vie privée qui reste un mystère pour lui-même, éclairé malgré tout en partie par des textes d'Amélia.

P. My, LE SOIR

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Au moyen de tablettes découvertes à la bibliothèque de l’université d’Oxford, et qui constituent en fait un journal, Jean-Luc Wauthier écrit l’histoire du dernier empereur romain, Romulus Augustulus déposé en 476 par Odoacre, chef barbare. L’auteur retrace la vie de cet empereur adolescent, sa réclusion dans son palais de Ravenne, puis dans celui de Naples et enfin dans sa boutique de savetier lors de son retour à Ravenne. Le tout couvre une période allant de 476 à 537.
Ces allers-retours entre passé et présent dynamisent le peu de temps qui reste à vivre à notre héros et assure en quelque sorte la pérennité de sa vie. Est-ce que la vie ne serait que cela : oublier que l’on vit et se bercer d’illusions ? La vie sur sa fin serait-elle de la mémoire qui réclame son dû et qui néanmoins nous force à regarder droit devant nous ? L’enfance déterminera toujours la vision que nous aurons de notre vie où, sur le tard, les ombres de la joie et de la tristesse ne sont plus qu’unes.
Augustule est le  dernier empereur romain,  en fin de vie, à une époque charnière, dernier descendant d’une longue lignée dont le seul phare aura été l’amour d’Amélia, le seul empire qu’au-delà de la nuit, il n’abandonnera pas. Avec minutie, ordre, rigueur, Jean-Luc Wauthier mène tambour battant ce roman, ces tablettes d’aujourd’hui. Légèrement transposée, cette relation de pouvoir et d’amour reste la nôtre. Les personnages secondaires sont plantés en peu de mots. Quelques signes distinctifs en reconstituent tout le caractère. J-L Wauthier n’appuie pas son récit, il ne nous l’impose pas. A notre insu, nous y participons en reconstruisant les manques, les non-dits, les oublis en comblant les silences. Bref, nous nous projetons dans ce récit.
Il y a une intrigue qui se cache. Nous sommes au bout d’une vie et nous la recommençons sans cesse de rebondissements en révélations. L’histoire n’en est jamais achevée qui se construit par accroissements successifs, puzzle reconstitué par des apports d’origines différentes, tenant le lecteur en éveil, faisant de lui un curieux, inquiétant ses désirs de connaître. La profondeur de ce roman vient de sa légèreté, par touches successives, par suggestions à peine dévoilées, l’auteur, en poète, peint non pas la chose (la vie) mais l’effet qu’elle produit.
Ces pages sont enlevées avec maîtrise, sûreté déployant leur verve et créant l’événement dans toute la beauté du dire sans jamais tomber dans les excès d’un lyrisme, sans s’appesantir sur le sang versé, les peurs ou les larmes, avec des détails juste suffisants pour conduire l’intrigue à son dénouement. Il y a aussi cette croyance  à l’oracle, au destin, à la lecture des événements avant qu’ils n’arrivent.  Tous ces avertissements emprisonnent l’homme dans une vie à laquelle il n’échappe pas. Sommes-nous des éternels prisonniers des autres et de nous-mêmes ? La seule échappatoire serait-elle l’amour, lieu des rêves et des réalités nouées.  Le héros accomplira la chute d’empereur à savetier. La seule gloire qu’il lui reste est de se souvenir et d’inscrire sur des tablettes un récit, exutoire d’un rêve impossible. En cette période troublée et barbare où la seule écoute de l’autre passe par les armes,  les vengeances et la brutalité, Jean-Luc Wauthier aura laissé place à la piété, à un certain espoir, à une lueur d’humanité dans la perdition du monde : … un vestige dans les ruines duquel devaient enfin cesser d’errer deux enfants effrayés, égarés dans le labyrinthe de l’Histoire.
Ecrit qui ménage nos attentes, module l’intrigue et maintient le lecteur en haleine par un judicieux équilibre entre les masses du texte, ses dévoilements, ses voix oraculaires. Il y a plaisir au texte, disait Arsène Soreil, dont le fil conducteur le plus heureux est le visage et la présence d’Amélia, le secours de Romulus, cette lumière qu’il ne cessera de regarder de face pour demander l’aumône à la vie.
Ce roman est aussi un hymne à l’amour : … tu auras toi aussi connu cela, l’immense amour, qui nous sauve, nous justifie, seul instant fugace où l’homme dépasse sa propre vie. C’est le chemin que prend et qui termine le récit écrit parfois à double voix puisque deux journaux intimes se mêlent, ceux des éternels amants. Bonheur simple et respirable au-dessus de tout, au-dessus de la vie qui est gardé jalousement pour lui seul, depuis la mort d’Amélia, vieillard arrivé au bout de sa route et de ses confidences. Ce récit, cette parole voulue pour qu’il en reste quelque chose quelque part trouve sa conclusion et sa vérité dans le silence.
Et pourtant, nihil novi sub sole, le monde recommencera à être lui-même, une ruine sans cesse reconstruite par l’usure du temps et la méchanceté des hommes. Une ruine : une mort, une absurdité, une impuissance dit J.-L. Wauthier, une vie opaque, obscure, secrète, mais sauvée de l’absurde car portée chaque jour par la paix terrible de l’amour, plus près de la lumière.
Ce roman nous laisse quelque chose de vécu, de vivant, nous frôlons une vie dépassant la nôtre. A titre personnel, mon cher Jean-Luc, je reste convaincu que ce roman, par certains aspects, est une autobiographie.

Jean-Marie Corbusier, Recours au Poème.

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L’université d’Oxford détient, comme toute université, des trésors d’archives. Pourquoi pas les tablettes écrites par Romulus Augustulus le dermier empereur de la Rome antique ?
Jean-Luc Wauthier poète et essayiste belge se lance ici dans le roman pseudo-historique. Il a obtenu de nombreux prix pour sa poésie, couronnés par l’Académie de Belgique mais aussi par des instances internationales.
L’auteur aurait découvert des tablettes du dernier empereur romain Romulus Augustulus et de son épouse Amélia. Le lecteur plonge ainsi dans la période décadente de l’Empire romain et la lutte d’influence entre Barbares, Ostrogoths, Romains, Romains d’Orient. Le dernier empereur est présenté comme un personnage introverti, follement amoureux d’Amélia, une servante ; ses intérêts ? la poésie, les grands auteurs latins plutôt que la politique et le pouvoir. Son entourage se caractérise par une grande cruauté : autour de lui, des assassinats mais il porte une grande tendresse doublée d’une admiration pour son précepteur Laïos.
La plume de l’auteur Jean-Luc Wauthier est élégante avec un style imagé qui ne peut que plaire au lecteur. La diachronie est bien amenée : le vieux Romulus revoit les grands moments de sa vie mouvementée depuis son enfance.

Ddh, critiqueslibres.com.

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II est un procédé bien   connu   qui consiste à feindre de découvrir un manuscrit et de le mettre au jour pour l'information du lecteur. C'est par ce procédé que Jean-Luc Wauthier nous livre l'histoire à  la  fois glorieuse et calamiteuse de Romulus Augustulus, dernier et éphémère empereur romain d'Occident. L'affaire est embrouillée. Romulus est le fils d'Oreste. Celui-ci dépose Julius Nepos au profit de son propre fils qu'il revêt de la pourpre impériale. Il sera déposé à son tour un an après par Odoacre, qui le condamne à l'exil, où l'Histoire perd sa trace. C'est ici que l'auteur intervient. Il imagine Romulus recueilli par un vieil artisan, qui lui lègue et son métier et ses hardes, passant le reste de sa vie dans la nostalgie d'un haut destin qu'il n'a fait qu'effleurer, et dans l'amour d'une seule femme. Il consacre ses loisirs à la rédaction de Mémoires prétendument trouvés dans un fond de bibliothèque, à l'université d'Oxford. Ces Mémoires sont écrits dans un latin tardif, et l'auteur nous en donne la traduction.
On y voit un Romulus qui se remémore son enfance, sous la férule d'Oreste ; qui reçoit de Laïos une éducation raffinée ; qui nourrit un amour puéril pour Amalia, laquelle deviendra sa compagne ; et qui tâche à dérober aux yeux du fruste Oreste son goût honnête pour la poésie.
C'est une belle leçon d'Histoire sur une époque obscure de l'Empire romain d'Occident, à laquelle est venue s'ajouter l'histoire improbable d'un adolescent frêle, féru de poésie, dont on ne saura jamais quel fin politique il fût devenu si on lui en avait laissé le temps. Au vrai, « Les tablettes d'Oxford » sont une érudite allégorie, écrite dans un style aisé et harmonieux, baigné d'une poésie qui ne tourne point à la romance, et fait souvenir que ce délicat prosateur est un des estimés poètes belges. Soulignons l'excellente présentation de ce volume, dont la couverture est illustrée d'une reproduction d'un tableau sculptural de Jean Ransy : « Le Banquet ».

Marcel DETIEGE, Publivia.


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Drôle d’idée d’aller découvrir dans la célèbre Bodleian Library d’Oxford les manuscrits ou plutôt les tablettes d’un supposé dernier empereur de l’Empire romain d’Occident alors centré sur Ravenne, «L’Empire à la fin de la décadence » aurait dit Verlaine ; jeune héritier confié pour son éducation au Sage grec Laïos qui encourage son amour pour  l’art et la poésie, Romulus Augustulus  est porté, bombardé (le terme est presque exact) sur le trône par un général ambitieux ; devenu une empereur fantoche il est très vite envoyé en exil doré – une exception dans cette période brutale - à Naples où il mène des jours paisibles auprès d’une servante devenue son épouse, Amélia, jusqu’à ce qu’une nouvelle révolution de palais le ramène indemne, incognito, à Ravenne où il coulera des jours paisibles comme simple savetier protégé des fureurs de l’Histoire, et disposant de suffisamment de loisirs pour nous tenir au courant de cette époque barbare.
La moralité de ce récit conté allégrement sans trop s’attrister sur les horreurs et les aberrations du pouvoir, dans un style clair souvent poétique, est simple : la quête du bonheur, la chance aidant, est facilitée par la fidélité des sentiments et la modestie des ambitions. Pour vivre heureux…

Michèle Duclos,
Poésie Première

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Twenty years ago, church historian Martin Marty and his accomplice Jerald C. Brauer, the late dean of the University of Chicago’s Divinity School, wrote a monograph about fictitious
theologian Franz Bibfeldt. Entitled The Unrelieved Paradox : Studies in the Theology of Franz Bibfeldt and based on real and fictitious sources, this magnificent hoax was at once comic relief and escapist cover-up ; it allowed its authors to probe issues vexing postmodern theologians, to reflect on the illusory nature of truth, and to safely promote their own beliefs. Les tablettes d’Oxford is built on similar premises. In the preface, Jean-Luc Wauthier recounts his discovery in the Oxford University Library in England of late antiquity tablets purportedly written by the last emperor of the western part of the Roman Empire, Romulus Augustulus. He silences his own doubts by citing Marguerite Yourcenar’s discovery of the “authentic” memoirs of Roman emperor Hadrian, introducing us through this transparent lie to the novel’s picaresque realm. An old man when he wrote his memoirs, Romulus Augustulus borrows Yourcenar’s measured and melancholy classical accents, and yet the very fabric of this literary vanitas throws us back to the present.
In an homage to the famed comic books Tintin and Asterix, Wauthier repeatedly refers to the incompetent fifth-century emperor Olybrius, whose name has become a familiar moniker for blustering characters, as in Captain Haddock’s favorite expletive, “olibrius!” ; repeatedly, he echoes the intrepid loyalty of Celtic hero Asterix, forebear of Europe. Even the box containingthe imperial documents (tablets and ostraca) is “sealed” by the virgin tome of a fictitious History of the Celts—an obvious tribute to nineteenth-century scholar Amédée Thierry’s Histoire des Gaulois. Thus, Les tablettes d’Oxford has a deep historical and literary resonance and a proud message.
Teetering between historical truth and fiction, the action takes place during the final years of the western Roman Empire, between 475 and 542 c.e. It witnesses the imagined rivalry of Romulus Augustulus, deposed ruler of the West, and his cousin Justinian, rising emperor of the East who became heir to Rome. This momentous and murderous time is appropriately rendered in stylistic counterpoints between the vibrant and poetic tone of youth and the reflective, noble musings of old age on one hand and the almost colloquial, more direct language used to describe historical and political events on the other. Mildness alternates with brutality, happiness with tragedy, darkness with light, dreams with reality, poetry with ribaldry, present with past, Romulus’s formal journaling with his companion Amelia’s informal ostraca, nobility with the plebe, peace with war. This rapid pace of the narrative, these unexpected plot twists and tone changes, draw the reader in. More importantly, they serve as a setting for Wauthier’s own message—namely, Romulus’s plan of founding a new western Christian civilization with the help of the Celts and the Huns, these “noble Barbarians”.
Editor of the Journal des Poètes and longtime member of the Maison Internationale de PoŽsie Arthur Haulot in Brussels, Wauthier has written monographs, essays, short stories, and fifteen poetic volumes. His poems have been translated into Arabic, English, Croatian, and Romanian and have earned him international literary prizes. Les tablettes d’Oxford is his second novel.
Indeed, the enigmatic life of Romulus Augustulus has attracted attention : Friedrich Dürrenmatt’s 1950 play, Romulus the Great ; a 2007 movie, The Last Legion ; and the Marvel Comics character known as Tyrannus. Wauthier chose to keep Romulus alive long past the traditional life span attributed to him by historians. Both spoof and roman à clef, his
novel is a dazzling tour de force.

Alice-Catherine Carls
University of Tennessee at Martin
World Literature Today
http://www.worldliteraturetoday.org/2014/may-august/les-tablettes-doxford-jean-luc-wauthier#.U3S1qq7mH6I


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Jean-Luc Wauthier a écrit son dernier roman, Les tablettes d’Oxford, en adoptant une optique moderne, volontiers reprise par de grands écrivains actuels : il s’agit de l’Histoire revisitée, prolongée par l’Imaginaire. C’est la vision d’Eric-Emmanuel Schmitt, dans L’Évangile selon Pilate ou dans La part de l’autre, ou encore celle d’André Makine qui a récemment réinventé la vie tumultueuse de la grande Catherine de Russie, dans La femme aimée. Jean- Luc  Wauthier, en poète accompli, a su imposer sa version personnelle de la vie du personnage historique qu’il ressuscite avec brio. Il s’agit du dernier empereur romain d’Occident, Romulus Augustulus dont nous ne savons presque rien, les quelques traces réelles de son existence étant encombrées par des légendes et des faits invérifiables. À partir de ces fragments obscurs, Jean-Luc Wauthier a bâti avec fermeté un beau récit d’amour et de mort. Il nous raconte l’aventure de « deux enfants effrayés, égarés dans le labyrinthe de l’Histoire », les errances de cette Histoire pleine de bruit et de fureur y étant revues et corrigées par la vérité artistique. On retrouve en effet dans ce livre les thèmes favoris de l’auteur de La soif et l’oubli : le sentiment de l’exil intérieur, la nostalgie de l’enfance perdue, la fascination de la mort, conjurée par l’art de vivre en poésie. Il y a des accents romantiques dans ce récit au style lumineux ; des pages empreintes d’un romantisme musical et pur, comme cette évocation subtile d’un automne de rêve à Ravenne, ou le bref miracle de la retraite napolitaine de Romulus et Amélia, les amants follement épris ; l’image éblouie de leur refuge à l’écart des jeux cruels, voraces et menteurs de ce monde, l’épanouissement de leurs sentiments secrets, « cet immense amour qui nous sauve, qui nous justifie, seul instant fugace où l’homme dépasse sa propre vie. »

Anne RICHTER, Lectures


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À PROPOS DES « TABLETTES D'OXFORD », DITES-NOUS, JEAN-LUC WAUTHIER
(Entretien avec Michel Joiret)

LE CHOIX TRÈS ORIENTÉ D'UNE PORTION DE TEMPS (LA FIN DE l'EMPIRE ROMAIN D'OCCIDENT) PROCEDE-T-IL DE LA SEULE CURIOSITÉ DE L'AUTEUR POUR UNE ÉPOQUE EXALTANTE ET PEU CONNUE ?

Le choix de cette époque tient à une double fascination : d'une part un attrait depuis toujours pour l'histoire en général ; d'autre part, l'interrogation sur ces figures qui, tout en inaugurant, à leur insu, la fin d'une grande époque ou d'un monde agonisant, espèrent encore sauver les choses et enrayer le déclin. Augustule est l'ultime empereur d'une dynastie vieille de plus de cinq siècles. Il est aussi la dernière figure du monde romain, vieux, lui, de douze cents ans. De plus, le fait que ce jeune adolescent soit resté un inconnu, à la fois quant à son destin et quant à sa psychologie profonde, et qu'il disparaisse des mémoires avant ses seize ans, voilà qui permet au romancier tenté par l'imaginaire de combler des espaces historiques vierges. Cela aussi est fascinant et porteur de poésie.

LE DIARISTE S'INSCRIT COMPLÈTEMENT DANS LA FOULÉE DE L'HISTOIRE : « ... NE SUIS-JE PAS, AU FOND, LE DERNIER ROMAIN ? » IL ASSOCIE FINS DE RÈGNE ET FINS DE SOI. L'AUTEUR PENSERAIT-IL AUX CHAHUTS QUI BOUSCULENT LA SOCIÉTÉ D'AUJOURD'HUI ?

En rédigeant et surtout en publiant ce récit, qui évoque des faits vieux de quinze cents ans et qui se veut très « écrit », c'est-à-dire complètement allergique au style relâché d'aujourd'hui, je ne pensais pas intéresser le lecteur de 2014. Or, il semble que celui-ci y retrouve non seulement la dialectique éternelle amour-pouvoir, mais aussi un reflet du monde contemporain. Actuellement, ce que tu appelles fort judicieusement « le chahut » est présent sur toute la planète. Chahut social, idéologique, culturel, écologique. Ravenne, où un adolescent vit dans sa bulle, est peut-être la métaphore d'une Europe encore privilégiée et nantie mais que les nouveaux Barbares vont, sinon
anéantir, tout au moins situer dans une nouvelle perspective.

«  QUELLE DÉRISION DANS TOUT CELA ! » LE JEUNE EMPEREUR JETTE UN REGARD DÉSABUSÉ SUR LE POUVOIR ET LES REVERS DE FORTUNE. L'ABSURDE, COMME LE PRODUIT D'UNE SENSIBILITÉ CONTRARIÉE ?

Le chahut n'est pas loin de l'absurde. En fait, on donne à Augustule une voiture rutilante, l'Empire, mais on n'y met pas une goutte d'essence, c'est-à-dire le pouvoir. Comment pourrait-il rouler ? Dressé pour le pouvoir, Augustule finira par découvrir le bonheur au cœur de la mediocritas qui, du reste, ne se traduit pas exactement par « médiocrité » mais plutôt, selon Aristote, par « juste milieu ».

« LA BELLE ET NOBLE FIGURE DE LAÏOS ». LAÏOS D'EUBÉE : UN AFFRANCHI TOUT À LA FOIS PRÉCEPTEUR, AMI ET ÉRUDIT... LA CULTURE APPARAÎT-ELLE COMME LE DERNIER REMPART CONTRE LA BARBARIE ET LE DÉSORDRE ?

La culture m'est toujours apparue non comme le dernier rempart contre la barbarie, interne ou externe, mais bien plutôt comme le seul. Il suffit de relire Le Sanctuaire, une nouvelle que j'ai publiée en 1991 dans Libertés surveillées (éditions Bernard Gilson) et pas mal de pages de mon premier roman, Le Royaume (éditions L'Age d'Homme, 1996) pour s'en convaincre. On retrouvera ce thème de la culture-planche-de-salut dans une nouvelle encore inédite, Les 2089 Marches. On voit donc que cette thématique ne date pas d'hier. Pour moi, et pour m'aider d'un exemple, le mal wallon actuel est d'abord et avant tout un mal culturel : le Wallon, « ce peuple très remarquable » selon de Gaulle, souffre d'un déficit profond par rapport à sa propre identité culturelle. À l'inverse du Flamand qui, en toutes occasions, la valorise sans complexes.

LA MÉTHODE EST PASSIONNANTE. LE FAIT NON AVÉRÉ GLISSE VOLONTIERS DANS LE FICTIONNEL. MAIS L'AUTEUR PRIVILÉGIE PAR AILLEURS UNE LIGNE DE CONDUITE QUI DÉGAGE UN LANCINANT PARFUM D'AUTHENTICITÉ... LA FICTION VIENT-ELLE AU SECOURS DE L'HISTOIRE, OU L'INVERSE ?

Elles s'unissent étroitement. Comme je l'ai dit tout à l'heure, les grands espaces vierges que nous laisse l'histoire se voient occupés par la fiction. Laïos et Amélia sont des personnages inventés, alors qu'Augustule et Oreste ont existé. Que le lecteur, assez souvent, me et se demande où est le vrai et le faux, voilà ce qui me rend très heureux. Que serait la fiction sans l'invention ?
À ce sujet, j'ai beaucoup appris de certains écrivains appartenant au romantisme : impossible de séparer le vrai du faux dans Les Trois Mousquetaires, autant que dans Les Misérables ou Les Mémoires d'outre-tombe. Les romantiques ont introduit le « mentir vrai » en littérature et il nous reste beaucoup à apprendre de Chateaubriand, Hugo, Nerval ou Dumas et de leurs héritiers directs ou indirects, tels Jünger, Verne, Gracq, Yourcenar. Même si je n'en suis pas, loin de là, le représentant le plus glorieux, je suis heureux d'appartenir à cette famille et n'en veux pas d'autre. Rien ne m'ennuie davantage que le roman dit événementiel.

DANS LES « MÉMOIRES D'HADRIEN », MARGUERITE YOURCENAR A SUPERBEMENT ÉVOQUÉ LA FRONTIÈRE NATURELLE ENTRE LES PROFILS GREC ET ROMAIN. DANS LA FOULÉE, L'AUTEUR DES « TABLETTES D'OXFORD » FAIT APPARAÎTRE LA POROSITÉ DES UNIVERS BARBARE ET LATIN :

« Oreste voulut à toute force faire oublier ses origines barbares, ce qui expliquera en grande partie le choix qu'il fera de mon nom et de mon éducation romanisée. »

LES BARBARES POURRAIENT-ILS ÊTRE DIFFÉRENTS DU RENDU DÉPRÉCIATIF DONT ON LES AFFECTE VOLONTIERS ?

Durant mes recherches préliminaires, j'ai appris que, à la fin de l'Empire, il existait, chez les Romains de souche, deux camps opposés : les uns disaient qu'il fallait à tout prix combattre les Barbares, en tant qu'êtres inférieurs et dangereux pour la « pureté » (toute relative) de la race ; les autres, qu'il fallait en faire des frères, les inviter à notre table, partager avec eux notre vie et nos repas. Augustule, contrairement à son père, opte résolument pour la seconde voie. On voit combien cette dialectique reste d'une brûlante actualité, dans nos propres rapports d'Européens nantis avec les « immigrés ». J'ai lu aussi que lesdits Barbares ont porté jusqu'au bout un grand respect à l'Empire. Hostilité ou fraternité, le lecteur intelligent sait quelle option il faut défendre.

LE POUVOIR ET LE BONHEUR SONT-ILS ESSENTIELLEMENT ANTINOMIQUES ? OU LE DEVIENNENT-ILS À L'USAGE ?

Je les crois profondément antinomiques. Même s'il est un simple chef de quelque chose, l'homme de pouvoir est voué à la solitude. Solitude, sœur jumelle du pouvoir. Ce qui explique que les maîtres du monde cherchent frénétiquement le bonheur sans jamais le trouver. Et que certains hommes et surtout certaines femmes de pouvoir se lassent brutalement de la cellule dans laquelle ils et elles sont enfermés et laissent alors tout tomber pour changer de vie. Le bonheur, on y parvient quand on a compris les limites du pouvoir ou que, comme Staline, on se dit « qu'en fin de compte, c'est toujours la mort qui a raison ». Dès lors, carpe diem...

LE STYLISTE EST PRÉSENT D'UN BOUT À L'AUTRE DU RÉCIT. UNE TELLE EXIGENCE EST PLUTÔT RARE AUJOURD'HUI. L'ÉCOLE DE LA POÉSIE L'AURAIT-ELLE INSTRUITE ?

Comme je te l'ai dit tout à Fheure, si je ne retire aucune vanité particulière d'un livre en tant que tel (qui nous est en grande partie « donné » par les voix intérieures évoquées par Hugo), je reste extrêmement sensible à la qualité, la précision et, en bon disciple de Chateaubriand, ce qu'on peut appeler la respiration de la phrase. Un peu sèche et très énonciative, la langue française me fascine cependant par son rythme et son architecture. Qu'on relise Proust ou encore Yourcenar, dont je ne cache pas ici l'influence stylistique. Hadrien, oui, mais tout le reste est d'une magnifique et rare écriture : Anna soror, un récit quelle publie à vingt-deux ans, est une merveille de précision et de perfection stylistiques. Sur le plan musical, je songe aussi à un Ravel qui, après Schubert, reste mon compositeur de prédilection : quel merveilleux équilibre entre la rigueur et la sensibilité ! Sans doute cet amour très précoce et constant de la musique est-il au reste pour quelque chose dans la manière dont j'écris. Tu parles de la poésie. Mais elle est chez tous les romanciers de qualité : les romans de Chateaubriand sont bien plus poétiques que les poèmes de Lamartine, il y a bien plus de poésie dans les romans de Verne que dans les « poèmes » de son contemporain François Coppée. Et Dumas demeure, à sa manière, un poète épique.

« LATIN », « GRÉCO-LATIN », « CLASSIQUE », « ANTIQUITÉ », « HUMANITÉS », AUTANT DE MOTS QUI FONT AUJOURD'HUI LES GORGES CHAUDES D'UNE AVANT-GARDE PÉDAGOGIQUE TONITRUANTE, CÉRÉBRALE ET MILITANTE. L'ÉCRIVAIN, SOUCIEUX DE SON ACCORD AVEC LE PASSÉ, TROUVE-T-IL, DANS LES PROFONDES MUTATIONS SOCIÉTALES QUI L'AFFECTENT, DES RAISONS D'ESPÉRER ?

Valéry disait en substance : « Si nous voyons comme des géants, c'est parce que nous sommes juchés sur les épaules de notre passé ». Oublier nos racines et notre substrat gréco-romain, c'est se condamner à rester des nains. A ce sujet, la soi-disant pédagogie d'aujourd'hui ressemble souvent au monde de Lilliput. C'est là un tout autre débat, qui nous entraînerait trop loin. Mais il est vrai que je déplore absolument l'amnésie organisée et la veule démagogie qui, aujourd'hui, imprègnent les programmes scolaires, auxquels l'enseignant de qualité a pour devoir de désobéir.

Le Non-Dit

En 475, après avoir renversé Julius Nepos, Oreste consacre son fils de 15 ans, Romulus Augustulus, Empereur d’Occident. Après dix mois de règne, le jeune souverain est renversé par Odoacre, un chef « barbare » proche d’Attila qui fait assassiner son père et l’exile à Naples. Ensuite on perd sa trace. Cette abdication met fin à l’Empire romain d’Occident. Ce sont ses mémoires, découvertes en 2008 dans les réserves de la célèbre université anglaise par un historien passionné, qui sont publiées sous le titre Les tablettes d’Oxford. Ces souvenirs consignés par un vieil homme revenu vivre sous un faux nom à Ravenne, où il a appris le métier de savetier, sont entrecoupés de notes rédigées par la fille d’une domestique d’Oreste qui, par amour, l’a suivi dans son exil. Ces différents textes mêlent le passé – sa découverte de la poésie et de la langue latine grâce à son précepteur Laïos, son couronnement, sa vie à Naples avec Amélia – et le présent – Justinien qui ambitionne de reconstruire l’ancien empire.

Michel Paquot, site Culture de l'ULG.









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