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Né en 1939 à Saint-Mard, longtemps  enseignant,
Claude Raucy,
romancier, nouvelliste, auteur pour la jeunesse, poète et essayiste a publié plus de 70 livres et obtenu plusieurs prix littéraires.


Né en 1993 à Dinant,
Aurélien Dony,
après un régendat littéraire-morale, est étudiant à la section Arts dramatiques du Conservatoire de Bruxelles. Il a publié jusqu’ici deux recueils de poèmes dont Puisque l’aube est défaite (Prix Georges Lockem) aux éditions M.E.O.
Il participe également, en tant qu’auteur et chanteur, au projet musical ECHO



Claude RaucyAurélien-Dony
Le temps des noyaux
Illustration de couverture :
Tricolored heron fishing (fragment)
© Chris Harshaw, WikimediaCommons, 2008




LE TEMPS DES NOYAUX


Roman
Parution 15 février 2016
100 pages
ISBN: 978-2-8070-0078-0
14,00 EUR


La guerre n’a pas été tendre avec les Loizeau. Émile, le fils aîné tué dès les premiers jours dans l’explosion du fort de Loncin ; Désiré, le père, déporté en Allemagne ; la mémé a décidé de ne plus rien faire… En ce printemps 1918, Julien, le fils cadet, d’un naturel rêveur, fait de son mieux pour aider sa mère à la ferme, alors qu’on n’imagine pas que le conflit va bientôt prendre fin.
Dans cette atmosphère tendue, Franz, un jeune déserteur allemand, se réfugie dans la grange des Loizeau.
Une attirance puissante et trouble va naître entre Julien et cet homme traqué…

Deux auteurs de générations très différentes conjuguent leur talent pour nous conter avec pudeur l’histoire d’une rencontre aussi improbable qu’émouvante.




e-book
8,49 EUR




Extrait


Dans l’obscurité, Julien avait du mal à  voir qui pouvait être cet homme.
– Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
On lui répondit par une sorte de grognement. Alors, Julien s’approcha et ce qu’il vit le laissa sans voix. L’homme était habillé d’un uniforme allemand. Il se tenait raide comme un piquet et ses lèvres esquissaient une sorte de sourire. Julien eut peur. Il osa quand même :
– Vous êtes soldat ? Allemand ?
– Oui. Je suis Allemand. Parti, parti du train.
L’homme parlait français. Mal, avec un accent lourd comme la glaise, mais il parlait. Julien comprit : sûrement un déserteur ! On en avait déjà parlé dans la région. On racontait que les fiers héros du début de la guerre avaient fait place à des hommes découragés, épuisés, qui ne croyaient plus à la victoire.
Des déserteurs, plusieurs disaient en avoir aperçu. On racontait qu’un fermier en avait abattu deux, à l’orée du bois des Loges. Mais était-ce vrai ? On racontait tant de choses !
– Toi déserteur ? demanda Julien.
– Guerre très mauvais. Guerre fini bientôt.
L’homme hochait la tête.
Que faire ? Appeler la mère ? Crier ? Frapper ? Dans les yeux, on lisait une infinie détresse.
Julien parla très vite.
– Si on te trouve ici, on va t’arrêter. Et m’arrêter aussi, nous fusiller sûrement. Tu dois partir.
L’homme hochait la tête.
Il s’approchait de Julien, qui crut qu’il allait le frapper. Mais non, l’Allemand tendait la main. Cette main tendue, que Julien prit dans la sienne, scellait une sorte de pacte.
Un animal blessé qu’il fallait protéger des chasseurs. Un héron perdu qu’il fallait abriter.




Ce qu'ils en ont dit


*

Franz préfère le goût des cerises à celui de la guerre, la Grande, qu'il abandonne pour se réfugier dans une grange. Un déserteur allemand dans une ferme belge, la situation
est explosive. Explosive aussi la rencontre entre Franz et Julien, doux rêveur ignorant de la sexualité qui germe en lui.
Entre pudeur et fougue, une initiation qui n'a pas choisi l'époque ou elle fait son chemin Les blessures n'ont pas eu le temps de cicatriser.
À la Foire le vendredi 19.

P.My, LE SOIR

*

95 pages lus en une journée ! Une belle écriture pour une histoire forte ! C'est un hymne à la nature, un jeune fermier pendant la guerre de 14-18, orphelin de père et un frère mort pour la guerre.... un jeune allemand qui ne supporte plus la guerre et qui déserte... une belle rencontre... je ne dévoilerai pas la suite, qui est surprenante, qui pourrait rebuter certains mais qui finalement est très bien écrite. On veut connaître la fin même si… Etonnante histoire pour cette époque ancienne.
Une co-écriture qui détonne !

Khanel3, eklablog.com



*

Un amour désespéré, en 1918.

Aurélien Dony et Claude Raucy signent ensemble « Le temps des noyaux », une histoire d'amour impossible entre deux hommes, en 1918.

À 76 ans et une production impressionnante, de plus de 70 livres dans tous les genres (roman, nouvelle, récit, poésie), Claude Raucy parvient encore à se renouveler et nous surprendre. Avec le concours du jeune poète dinantais Aurélien Dony – lauréat du prix francophone Georges Lockem en 2014 pour son recueil Puisque l’aube est défaite – Claude Raucy cosigne aux éditions M.E.O. à Bruxelles un court roman d’un peu moins de 100 pages.
Une histoire forte, émouvante, leste parfois, qui raconte la relation amoureuse clandestine en 1918 entre Franz, un jeune déserteur allemand, et Julien, un jeune fermier chez qui le soldat allemand a trouvé refuge.
L’écriture y est nerveuse, acérée, découpée en 28 petits chapitres qu’on se prend à lire fiévreusement, tant le suspense est croissant.
Comment la mère et la grand-mère de Julien, seules avec lui à la ferme, vont-elles accepter l’arrivée de cet intrus allemand qui met en danger leur sécurité ?
Comment Julien parviendra-t-il à réguler cette attirance puissante et trouble envers cet homme traqué, qui est tout de même un ennemi ?
L’atmosphère est parfois pesante, noire, tout au long du récit, et seules les rencontres entre Julien et Frantz offrent quelque échappatoire, de même que les bouffées d’air frais de Julien dans la nature où il a rendez-vous régulièrement avec un magnifique héron (d’où la couverture du livre).
« Notre livre fonctionne tout en symboles. Nous espérons que les lecteurs pourront y décoder que la nature – ou Nature plutôt – est le seul espoir à cette relation amoureuse désespérée et sans issu », commente Claude Raucy.
Sous les traits du personnage d’un curé pas si débonnaire que cela, « la religion, en 1918, y est décrite comme elle était à l’époque, sous son aspect fanatisme imbécile », glisse encore l’auteur.

Le disciple, Dony, travaille maintenant avec le maître
Le titre du roman, Le temps des noyaux ? Ce sont les cerises juteuses et goûteuses dont on a pleinement profité dans sa bouche et qui donnent place ensuite à des noyaux asséchés, signes des revers de médaille et des désillusions.
Fouetté et dynamisé par l’écriture roborative d’un Aurélien Dony promis à un bel avenir dans nos lettres francophones, Raucy, à 76 ans, ne s’est jamais senti aussi gamin dans sa tête.
« J’aime beaucoup écrire à deux. C’est très stimulant. Chacun écrit son chapitre, mais on se relit et on se corrige l’un l’autre. Parfois on écrit un paragraphe chacun. Je suis le parcours d’Aurélien depuis ses 13 ans. Nous avons d’emblée sympathisé quand j’ai présenté l’un de mes livres à l’athénée de Dinant où il était élève. Nous avons correspondu par la suite. Il m’a envoyé ses poèmes. Aurélien chante aussi et poursuit des études de comédien au Conservatoire à Bruxelles. J’ai écrit pour lui des textes de chansons et du théâtre seul en scène », explique Claude Raucy, enthousiaste.
Le duo RaucyDony, sans nul doute, nous surprendra encore plus d’une fois au cours des prochaines années.


Dominique ZACHARY, L'Avenir du Luxembourg

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Une histoire d'amour impossible entre deux hommes, en 1918

Le Dinantais Aurélien Dony, 22 ans, et Claude Raucy, 76 ans, publient aux éditions M.E.O. (Bruxelles) un court roman à quatre mains intitulé Le temps des noyaux. Le titre évoque ces noyaux de cerise secs et âpres qui restent en bouche une fois le fruit juteux dégusté – métaphore des revers de médailles et des désillusions…
L'histoire est forte, émouvante, leste parfois. Elle raconte la relation amoureuse clandestine en 1918 entre Franz, un jeune déserteur allemand, et Julien, un jeune fermier chez qui le soldat allemand a trouvé refuge. L'écriture est nerveuse, acérée, découpée en 28 petits chapitres qu'on se prend à lire fiévreusement, tant le suspense est croissant.

L'amour d'un ennemi

Comment la mère et la grand-mère de Julien, seules avec lui à la ferme, vont-elles accepter l'arrivée de cet intrus allemand qui met en danger leur sécurité ? Comment Julien parviendra-t-il à réguler cette attirance puissante et trouble envers cet homme traqué, qui est tout de même un ennemi  
L'atmosphère est parfois pesante, noire, tout au long du récit, et seules les rencontres entre julien et Franz offrent quelque échappatoire, de même que les bouffées d'air frais de Julien dans la nature où il a rendez-vous régulièrement avec un magnifique héron (d'où l'illustration de la a couverture du livre).
« Notre livre fonctionne tout en symboles, commente Claude Raucy. Nous espérons que les lecteurs pourront y décoder que la nature – ou Nature plutôt – est le seul espoir à cette relation amoureuse désespérée et sans issue. »

Une amitié de dix ans

Aurélien Dony et Claude Raucy se sont rencontrés voici une dizaine d'années, alors que Claude présentait un de ses livres à l'athénée de Dinant, où Aurélien, qui écrivait déjà des poèmes à l'époque, était élevé. Ils ont entamé une correspondance, le contact ne s'est jamais perdu et une amitié est née, avec la littérature comme passion partagée. L'écriture de ce roman à quatre mains en est l'expression concrète.
« Claude Raucy et moi sommes avant tout deux amis, explique Aurélien Dony. Si l'écriture a toujours été pour moi un réel plaisir, l'écriture partagée avec un frère m'est apparue comme encore plus enthousiasmante. L'énergie déployée, la rigueur imposée par l'envie d'écrire un livre de qualité, le besoin de dire et la nécessite de réagir face à certaines problématiques actuelles, nous ont littéralement portés du début jusqu'à la fin de ce travail. Il nous a semblé important d'écrire un roman ensemble, de construire, modestement, en conjuguant nos voix, un roman qui aurait la force d'un chant. Chant de détresse, sans doute, mais chant néanmoins. »

Trois recueils de poésie

Fouetté et dynamisé par l'écriture roborative d'un Aurélien Dony promis à un bel avenir littéraire, Raucy ne s'est jamais senti aussi gamin dans sa tête. « J'aime beaucoup écrire à deux, dit-il. C'est très stimulant. Chacun écrit son chapitre, mais on se relit et on se corrige l'un l'autre. Parfois, on écrit un paragraphe chacun. »
Aurélien Dony, qui poursuit des études d'art dramatique, est l'auteur de trois recueils de poésie : Il n'y aura plus d'hiver (Mémory Press, 2011), Puisque l'aube est défaite (M.E.O., 2014, Prix Georges Lockem de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique) et enfin Au seuil d'un autre corps (Le Coudrier, 2016).

D.Z. Et A. Deb, Vers l'Avenir



J'ai beaucoup aimé la lecture de ce livre. C'est très vite lu, car le livre est assez petit, mais même si j'aurai bien aimé avoir quelques pages de plus, le format est suffisant pour comprendre et apprécier sa lecture.
Ce sont des mots et des phrases simples qu'utilisent les auteurs, mais ils sont puissants et touchent le lecteur. La plume est vraiment jolie, presque poétique par moment (au vu des biographies des auteurs, ce n'est pas étonnant).
Via ces presque 100 pages, les auteurs arrivent à montrer l'horreur de la guerre, le mal-être des survivants, et les conséquences sociales à vivre dans un petit village avec ses habitudes et traditions rurales bien enracinées.
La rencontre de Franz, le soldat allemand qui fuit le conflit, et de Julien qui vit dans un monde de beauté malgré l'horreur, est, bien sûr, au coeur de ce livre et les sentiments qui s'en dégagent sont tout en pudeur et légèreté, et c'est juste beau.
Au final, une bonne découverte. Un livre à découvrir, on passe un bon moment.


ChrisAlly, Babelio (4 étoiles)

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Une histoire émouvante sur fond de guerre 14-18.

La vie n'est pas simple en temps de guerre, la famille Loizeau n'échappera pas à la règle.
En effet, Désiré est déporté, Emile est décédé... il reste Elvire qui a décidé de ne plus rien faire, Marie qui fait ce qu'elle peut et Julien qui fait ce qu'il doit, mais Julien il aime rêvasser près du lac, il aime voir son héron.
En allant à la grange, il va se rendre compte qu'il y a un homme, plus précisément un Allemand.
Mais Julien n'a pas peur, il va comprendre qu'en fait cet Allemand est en fuite, c'est un déserteur, et il va tout faire pour le protéger.
Marie n'est pas trop d'accord pour que cet Allemand soit présent, mais Julien insiste et si mémé s'en mêle, alors Marie doit s'inclner.
À force de rendre visite à Franz dans la grange, une chose étrange va se produire, Julien va le voir différemment, il va le trouver beau et séduisant.
Julien a peur, lorsqu'ils vont échanger un baiser, son sentiment de honte va amplifier. Julien ne sait plus trop où il en est, et pourtant il gardera toute cette histoire secrète.
Pour le reste, à vous de le découvrir ☺
Cette histoire se lit relativement vite (moins de 2h), mais je me suis prise à avoir la boule au ventre lorsque Julien doutait de lui-même, je voulais lui faire savoir qu'il n'y a rien de plus beau que l'amour, peu importe qui l'on aime (homme ou femme).
Deux auteurs qui nous offrent un joli moment lecture.

Alouqua, Babelio et Le mpnde enchanté de mes lectures-blog


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Un printemps en temps de guerre

Franz est un déserteur allemand et Julien, le seul homme de la ferme des Loizeau après le départ du père pour l’Allemagne et le décès au début de la guerre du frère aîné. Julien aide aux travaux avec sa mère et sa grand-mère. L’Allemand trouve à se réfugier dans la ferme familiale et se lie d'amitié avec le Belge.
Les deux jeunes hommes ne prennent pas vraiment la mesure de la guerre malgré les malheurs qu’ils ont déjà traversés : leur force de vie leur masque la réalité, car elle est plus puissante que les événements dans lesquels ils sont plongés comme une anomalie, une insulte à leur fougue, à leur besoin de découverte, de liberté et d’évasion.
Cela se passe en avril 1918 et donc peu de mois avant  la fin de la Première Guerre mondiale. C’est un printemps encore timide, un printemps qui chante faux, un printemps forcément moche. Où le soleil ne voulait rien savoir du chant des mitraillettes.
Les jeunes hommes partagent un même goût pour la chair des cerises et Julien, lui, est fasciné par un héron qu’il va admirer sur son lieu de vie. Plus tard, quand le temps des noyaux aura remplacé le temps des cerises, dans ce même endroit, la figure de son ami, presque son héros (voire son Eros), se substituera lors de retrouvailles à celle du palmipède.
Le récit de cette rencontre par temps de guerre est narré avec une belle sensibilité par nos deux auteurs que plus d’un demi-siècle sépare (et ce n’est pas la moindre qualité de cet ouvrage que cette réunion, fruit déjà d'une vieille complicité, d’un écrivain confirmé avec un écrivain plus que prometteur dont les écritures se sont ici fondues.)
Avec tact, ils nous content une histoire d’amitié et d’amour insolite en un temps où les conventions et la religion imposaient leur loi.
Le récit est encadré par deux chansons qui vont par leur thème commun rythmer l’action : Le temps des cerises puis Le temps des noyaux.
La fin du récit, comme un pied-de-nez, aux hommes et à la guerre, ne prête pas le flanc à la morale mais à la funeste drôlerie de l’existence qui constitue une forme de liberté opposée à toutes les forces en jeu dans le monde des hommes.
Un beau roman (son premier pour Dony, son trente-sixième pour Raucy) à lire, de préférence, au printemps. Ne tardez donc pas pour croquer les cerises douces amères de ce roman !

Éric Allard, Les Belles Phrases


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L’oiseau fit entendre un cri aigu avant de se poser sur la berge… son cœur battait, il fut bientôt habillé de brouillard…

Un animal blessé qu’il fallait protéger des chasseurs. Un héron perdu qu’il fallait abriter…
Il faisait froid, ce matin-là. Pas un bruit dans la vallée, pas un chant d’oiseau…
Marie suivait le sentier et ses pieds dans la boue éclaboussaient de vase le blanc de ses pensées. Elle marchait vers le cimetière, la tête vide, le front haut. Elle poussa de ses deux mains la grille de fer et s’avança. Elle s’agenouilla devant une croix de bois. Sur la croix étaient gravés ces mots : Emile Loizeau, 1894-1914.
– Tu sais, Emile, tu nous manques, à la ferme…
Quatre corneilles écoutaient la conversation de la mère et du fils…
Oh ! J’allais oublier… On héberge un homme à la ferme. Julien lui a donné sa bonne chemise et un de ses pantalons. Je lui ai parlé. Il n’a pas répondu. Pas un mot.
En vérité il ne nous a pas donné son nom, tiens. En vérité, il n’a pas ouvert la bouche depuis qu’il est arrivé. Je n’ose pas lui adresser la parole. Ses yeux, Emile, ses yeux ! Ils sont d’un bleu d’acier. Des yeux à refroidir le cœur ! Il ne sourit pas. Il était sans doute trop fatigué…
Elle reprit la route vers la ferme.
Sur l’arbre, les corneilles ne savaient plus quoi dire.
 
Julien poussa du pied la porte de la grange. Il tendit à Franz le bol de soupe…Franz leva les yeux vers lui. La main du garçon effleura la sienne puis s’y posa…

Volutes de deux écritures.
Le récit, des auteurs Aurélien Dony et Claude Raucy, glisse sous nos yeux comme un voile de brume qui s’échappe de la forêt.

Blog : Les plaisirs de Marc Page

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Le temps des cerises baigne dans un halo de vie douce, juteuse et gouleyante, mais arrive le temps des noyaux, durs, à rejeter ?
1918, on aspire à la fin de la guerre dans ce coin de Wallonie, au milieu des bois, mais non épargné par le malheur qu'a engendré le conflit mondial. Julien, handicapé du pied, a échappé au service militaire et travaille dans la ferme familiale avec sa mère Marie. Elvire, la grand-mère, trône dans son fauteuil. Pas d'effusions de tendresse : Emile, le frère de Julien, est mort, au début de la guerre, dans l'explosion du fort de Loncin ; Désiré, le père, est quelque part sur le front, mais les nouvelles ne sont qu'épisodiques. L'arrivée de Franz dans la grange perturbe la vie à la ferme.
La verve poétique des auteurs sublime l'évocation de la faune et la flore. Elle est l'arrière-fond tendre face à l'âpreté des personnages confrontés à la rudesse de la vie en temps de guerre.

D'Halluin, Babelio



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Le temps des noyaux a été une véritable claque. Je ne m'attendais absolument pas à ça et ça m'a d'autant plus marqué de manière positive. Passé le moment de surprise et l'appréhension de l'évolution possible de l'histoire, j'ai dévoré ce petit roman un peu court à mon goût. L'histoire et l'écriture sont sublimes. C'est si poétique et mignon qu'il est très difficile de prendre le recul nécessaire pour donner un avis argumenté. L'histoire est traitée avec une pudeur qui amplifie la beauté et la justesse du sujet. J'appréhendais une fin facile et ouverte, eh bien je me suis complètement trompée : c'est exactement la fin qu'il fallait pour conclure une telle aventure. Les personnages sont attachants, ils sonnent juste. On est réellement plongé à la fin de la première guerre mondiale et avec un point de vue très différent de ce qui est généralement utilisé.
Merci beaucoup à la masse critique Babelio et aux éditions MEO pour cette découverte très marquante.

Kadeline, Babelio

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Il est bien trop court, ce temps des cerises
La première guerre mondiale fait rage depuis quatre ans. La fin approche doucement, mais personne ne le sait encore. Du côté de Liège, en Belgique occupée, vit la famille Loizeau. Amputée d’une partie de ses membres, cette famille de fermiers essaie tant bien que mal de tenir le cap. La ferme héberge encore trois générations sous son toit : le fils cadet, Julien, la mère et la grand-mère paternelle.
Le père a été déporté en Allemagne pour y travailler, tandis que le fils aîné, Emile, est mort au tout début du conflit, dans l’explosion du fort Loncin. La mère craint que le père ne revienne pas et pleure son enfant disparu. Elle trouve toujours quelque chose à redire à Julien dont une malformation au pied a empêché sa mobilisation. Ce dernier est frêle comme un moineau. Il donne toutefois toute son énergie pour aider sa mère à la ferme. Il passe le peu de temps libre qu’il lui reste à rêver au bord de la rivière et à attendre le héron, cet échassier, symbole de la passion aveugle. Arrive un jour à la ferme un jeune déserteur allemand, Franz, qui a sauté du train. Julien accepte de le cacher dans la grange et omet de révéler les vraies origines du pensionnaire aux occupantes de la ferme. Une amitié lie rapidement les deux jeunes hommes, mêlée d’un certain trouble lorsque leurs regards se croisent. C’est le mois de juin. La nature est dense et offre ses plus beaux fruits. Une envie irrésistible de croquer dedans se fait ressentir. Mais quand toutes les cerises auront été mangées, il ne restera plus que les noyaux.
Aurélien Dony et Claude Raucy nous content l’histoire d’un amour impossible, un amour condamné par l’Église, qui plus est entre deux personnes de clans ennemis. Les deux auteurs, dont l’un pourrait être le grand-père de l’autre, sont en parfaite symbiose littéraire. Ce récit à quatre mains semble être écrit d’une seule plume, tant le style, sobre et élégant à la fois, se tient du début à la fin. La jeunesse et la fraîcheur poétique de l’un se mêlent parfaitement au regard et à la plume aguerris de l’autre. Une belle histoire qui ne trouvera peut-être pas sa fin joyeuse, mais qui verra le terme de ce long conflit militaire.

Émilie GÄBELE, Le Carnet et les Instants


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Ce court roman (96 p.) nous plonge dans une Grande Guerre loin des tranchées, de la boue, des obus et du sang. Nous sommes à l'arrière, dans la région liégeoise. Un village. Une ferme dans la campagne. Et la présence diffuse mais oppressante de l'Occupant.
Chez les Loizeau, la vie n'est pas facile. Désiré, le père, déporté en Allemagne, Emile, son fils aîné, tué dans l'explosion du fort de Loncin, il ne reste que Julien, le cadet pas bien costaud, et les femmes pour faire tourner la ferme vaille que vaille.
La guerre est bien là et elle s'incarne soudain dans la silhouette d'un jeune soldat allemand, un déserteur… Comment refuser l'asile ? L'hospitalité chez les Loizeau n'est pas qu'un mot…
Aurélien Dony et Claude Raucy emmènent alors le lecteur dans une histoire émouvante bouleversant les schémas de pensée d'une époque où la société n'avait pas encore échappé à nombre de verrous psychologiques ou moraux (pour autant que ceux-ci aient vraiment sauté aujourd'hui…).
Le style est enlevé, les images savoureuses et poétiques. Le tandem des auteurs a réussi la gageure d'écrire dans une osmose frisant la perfection. Deux noms sur la couverture mais un seul et même souffle. Impossible de démêler l'expérience d'un Raucy rompu à l'écriture romanesque depuis des décennies de l'enthousiasme – qui aurait pu être source de maladresses – d'un Dony tout jeune et surtout novice dans cet exercice littéraire. Si on connaît la qualité de l'écriture de Claude Raucy, on découvre à peine celle d'Aurélien Dony, poète et musicien avant tout, même si les recueils déjà publiés et primés ("Puisque l'aube est défaite", M.E.O, prix Georges Lockem) laissaient entrevoir un talent qui ne demande qu'à s'épanouir dans le temps.
Claude Raucy a donc mis le pied à l'étrier du Dinantais pour le plus grand plaisir du lecteur. DonY – RaucY, deux belles rimes…
Remercions au passage Gérard Adam et les Editions M.E.O. qui n'hésitent jamais à sortir des sentiers battus pour nous proposer des livres dont le lecteur ne regrettera jamais ni l'achat ni la lecture.
"LE TEMPS DES NOYAUX", un livre à vous procurer avant le temps des cerises…

Claude DONNAY, blog

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Il s’assit sur la pierre qui tant de fois l’avait recueilli. Les eaux de la rivière ne s’émurent pas de ses sanglots. La forêt chantait dans une après-midi claire. Après le temps des cerises venait le temps des noyaux. [p. 80]

APRÈS LE TEMPS DES CERISES, Claude Raucy s’est associé à Aurélien Dony pour écrire Le temps des noyaux. Ce temps amer et dur est celui de la guerre, plus précisément celle de 14-18 qui a privé le jeune Julien de son frère aîné, mort, et de son père, déporté dans un camp de travail. Il est désormais le seul homme de la ferme, chargé d’aider sa mère, au lieu de rêver et de courir les champs. La guerre a aussi marqué Franz, soldat allemand déserteur qui se réfugie dans la grange de cette famille. Contre toute attente, entre les deux hommes, naîtra une attirance forte et interdite.
Un tel sujet ne permet pas de qualifier le roman de léger, mais il m’a pourtant paru tel, restant assez en surface et plutôt doux. Sans que ce ne soit réalisé explicitement, par une narration à la première personne par exemple, le point de vue adopté est celui de Julien, et sa naïveté imprègne l’œuvre. Le lecteur partage ses doutes, sa honte, ainsi que ses rêveries, tandis que le personnage de Franz est laissé davantage à distance, s’exprimant de façon plus limitée en français dans les dialogues entre autres.
Le soleil s’attardait dans le ciel comme on s’attarde sur la grève, les jours d’été. Julien pouvait s’asseoir sans s’inquiéter du temps. Il se lova entre deux racines et croisa sur son corps frêle ses bras d’enfant. Grandirait-il jamais ? [p. 62]
Ce point de vue de Julien tient également la guerre à distance : certes, les Allemands sont présents, et Franz doit se cacher, mais les descriptions sont celles de la nature environnante, et on ne ressent pas véritablement la menace guerrière. Cela m’a un peu manqué, et je pense que cela aurait pu être apporté par ce deuxième personnage, par son regard marqué par les tranchées et moins naïf, m’a-t-il semblé.
Une jolie histoire sur fond de guerre.

Mina Merteuil, blog Mon Salon Littéraire


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Ce petit livre, lu d’une traite, est une très belle découverte. L’histoire d’une rencontre, d’un amour au cœur de la 1ere guerre mondiale dans un petit village ancré dans ses traditions morales et sociales. Les sentiments des personnages ont une saveur authentique et forte, et l’écriture est tout en douceur, poésie et pudeur. Une belle lecture à laquelle je ne m’attendais pas.

Mademoiselle May, Livres et Littérature
billets-de-mademoiselle-may.eklablog.com


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Un titre astucieusement choisi pour ce roman écrit à deux mains et dont l’intrigue se déroule aux temps difficiles de la première guerre mondiale dans la campagne non loin de Liège.
Un soldat allemand déserte et se réfugie dans la grange de la famille Loizeaux. Le fils aîné Émile est mort en héros dès les premières heures de la guerre et le père Désiré a été envoyé comme travailleur forcé en Allemagne. Marie, la mère et Julien, le plus jeune fils qui n’a pu s’enrôler à cause d’une infirmité au pied restent seuls à se partager les pénibles et nombreux travaux de la ferme. Elvire la grand-mère ne peut plus les aider. Les relations sont tendues entre la vieille femme et sa belle-fille et pour échapper à ces tensions, Julien se promène dans la nature, près d’une rivière où un héron, majestueux et mystérieux le fascine. Entre Julien et Franz le soldat déserteur se crée peu à peu une relation de confiance et d’amour malgré un contexte hostile. Quelque chose résiste aux horreurs de la guerre. Est-ce une forme de folie? Un rejet atavique des règles? Une lucidité ou au contraire l’insolence de la résignation?
Les cerises, leur noyaux et les chansons qui s’y rapportent servent de fils conducteurs à l’histoire. Au temps des cerises, périodes fastes où l’on récolte les fruits du labeur se substitue bien vite celui des noyaux. Au sang, à la chair, au plaisir du fruit répond la guerre, la mort, l’absence. À la voix raisonnable, les chemins de traverses qu’on se choisit libre-ment ou sous la contrainte, l’idée que le hasard choisit ses victimes. La vie comme la cerise ne nous laisse plus dans la bouche que le noyau qu’on ne peut pas pour autant recracher loin de soi.
Claude Raucy et Aurélien Dony signent un roman dont le contexte historique est celui de « la grande guerre » mais ils pourraient tout aussi bien poser leurs questions en d’autres périodes troubles. Les combats évoqués sont ceux des gens simples restés à l’arrière des champs de batailles et qui ont payé à la guerre un lourd tribu par la mort et la déportation de leurs chers et auxquels la vie ne fait généralement pas de cadeaux. Les auteurs s’intéressent à la lutte que mènent les gens de la campagne contre le quotidien et les restrictions mais aussi contre les forces obscurantistes de la religion, des régimes dictatoriaux et des rumeurs qui font de tous de potentielles victimes.

Lieven Callant, Traversées.







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