Extrait Le
droit divin au pouvoir, avec lequel on avait toujours leurré les
peuples sur l’essence surnaturelle de la royauté, n’était un argument
pour aucun de ces princes dont les veines charriaient un sang royal.
Tous savaient que le roi n’avait aucun droit divin de régner. Mais de
concert, tous les devins et sorciers affirmaient aux Barundi que
l’enfant qui trônerait sur le pays sortait de sa mère avec ses petits
poings bourrés de diverses graines. Ces gens savaient très bien que tout prince pouvait régner – tout prince afin de sauvegarder la continuité dynastique – et même tout individu capable, fort et intelligent. Ainsi chacun des fils du roi nourrissait-il cet espoir d’entrer en possession de Karyenda, tambour où étaient enfermées les dépouilles sexuelles de tous les souverains et chefs vaincus par les monarques du Burundi depuis le grand et sauvage Ntare-Rushatsi. Cette présomption de devenir le roi n’était absente que du cœur de Bikatabijoga. Comme cela arrive, les hommes prédestinés aux grandes choses l’ignorent eux-mêmes. Les autres aussi, les voisins, les amis, les gens qui ont le même rang qu’eux, ont comme un voile sur les yeux et ne peuvent deviner, dans la personne la plus humble, celle qui dominera les empires. Car le destin veut des surprises spectaculaires et non un enchaînement attendu des événements, analysable avec la logique humaine. Les desseins du destin sont impénétrables à notre intelligence. |
Ce qu'ils en ont dit | ||