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DU
VILLAGE À LA RÉPUBLIQUE
Mémoires, 2021
416 pages
ISBN 978-2-8070-0311-8 (livre) – 978-2-8070-0312-5 (PDF) –
978-2-8070-0313-2 (EPUB)
25,00 EUR
Préface de Léon Kengo wa Dondo
Postface de Monseigneur Monsengwo Pasinya
Alexis Thambwe-Mwamba se fait tôt remarquer par ses professeurs,
qui l’envoient terminer ses études secondaires en Belgique. Il
est engagé par un important groupe minier belge, qui l’envoie à
l’Université de Bruxelles où il obtient deux licences, qu’il
complétera par une licence en droit à l’université de Bujumbura.
Il assume de hautes responsabilités au sein du groupe lorsqu’il
est appelé au gouvernement. Il sera ministre et ambassadeur en
Italie sous la présidence du maréchal Mobutu.
Après s’être opposé à Laurent-Désiré Kabila, il sera de nouveau,
après l’assassinat de celui-ci, appelé au gouvernement par
Joseph Kabila, puis, lorsque Félix Tshisekedi accédera à la
présidence, sera président du sénat, tout en fondant un cabinet
d’avocats.
À travers ces mémoires d’un acteur et témoin essentiel, défile
toute l’histoire moderne du Congo (et du Zaïre). S’y exprime
aussi une analyse des personnages qui ont marqué cette histoire,
ainsi qu’une vision de la politique et de l’avenir du pays.
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CE
QU'ILS EN ONT DIT
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Alexis
Thambwe-Mwamba est né le 6 mai 1943 à Longa, dans le
territoire du Kasongo, au Congo. Très jeune, il est remarqué
pour ses facultés intellectuelles qui lui permettent de
surpasser ses camarades d’école. Il ne sait pas encore qu’il
sera appelé à de hautes fonctions. Envoyé en Belgique, il
achève brillamment ses études secondaires avant de revenir
au pays. Là, il est intégré dans un important groupe minier,
où il gravit progressivement les échelons. De retour à
Bruxelles, il s’inscrit à l’ULB et y décroche deux diplômes,
avant d’obtenir une licence en droit à l’université de
Bujumbura. En 1991, Kengo wa Dondo fait appel à lui pour un
poste ministériel sous Mobutu jusqu’à l’arrivée au pouvoir
de Laurent-Désiré Kabila, qui le pousse à s’exiler pour
rejoindre l’opposition. Au terme d’un conflit sans solution,
il retourne en Afrique et s’aligne aux côtés de Jean-Pierre
Bemba pour devenir ministre de Joseph Kabila. À travers ses
mémoires, il nous livre non seulement un récit personnel,
mais toute une tranche de l’histoire congolaise. Plus d’un
demi-siècle de relation amour-haine, de luttes intestines
pour la gouvernance et des passages obligés dans la
clandestinité, avant de se retrouver à la tête du rouage
étatique. Rédiger ses mémoires équivaut également à faire
œuvre de transmission, à faire connaître des éléments tenus
plus ou moins secrets, oubliés ou mal mis en lumière par les
médias locaux ou étrangers. Enfin, coucher par écrit un vécu
revient à pérenniser ce qui doit l’être et à faire entrer la
petite histoire dans la grande et inversement.
Sam Mas, Bruxelles-Culture
*
Autobiographie
d’Alexis Thambwe-Mwamba
« J’ai dirigé la troisième entreprise minière du Congo.
Nul homme politique de ma génération n’a chapeauté
autant de ministères que moi. En devenant président du
Sénat, je suis conscient d’occuper une des plus hautes
charges de l’État ». En juillet 2019, alors qu’il
est nommé à cette haute charge, Alexis Thambwe-Mwamba sait
qu’il est arrivé au sommet de sa carrière, qu’il a obtenu
son bâton de maréchal, que le moment est venu pour lui de
jeter un regard sur son parcours, sur sa vie, sur sa
carrière, d’écrire ce qu’il a vu, fait, n’a pas pu faire,
que le moment de transmettre est arrivé.
Il est né en 1943 dans la province de Maiema à l’est du
pays d’un père cultivateur et d’une mère très préoccupée
par son éducation et son instruction. Il a fréquenté
l’école musulmane locale pendant deux ans avant d’intégrer
le séminaire catholique dans une ville plus lointaine,
puis a été choisi pour terminer ses études secondaires en
Belgique. Au retour, il est vite repéré par une grande
entreprise qui a besoin de cadres locaux. Il intègre donc
le Groupe Empain dont il grimpe très rapidement les
échelons hiérarchiques. Le groupe lui octroie même une
bourse pour qu’il poursuive des études universitaires en
Belgique dont il revient avec plusieurs diplômes qu’il
complète par un autre de l’Université du Burundi où
enseignent des universitaires belges.
Il devient rapidement le Numéro un du Groupe Empain au
Congo et le patron de l’association des industriels du
pays. Ce parcours, son bagage universitaire, sa réussite
professionnelle n’échappent pas aux regards des principaux
dirigeants politiques qui lui tendent rapidement la main
et lui proposent d’intégrer le gouvernement. Il accepte et
entre définitivement en politique, il occupera ainsi de
nombreux postes ministériels, des présidences de partis
politiques, pour arriver enfin au sommet de sa carrière
comme président du Sénat. Au cours de cette très riche et
très longue carrière politique, il traversera de nombreux
événements douloureux ayant affecté le pays : les guerres
à l’Est à la suite du massacre du Ruanda, la tentative de
sécession du Katanga, la prise du pouvoir par Mobutu, puis
par Laurent-Désiré Kabila, son assassinat et enfin la
prise du pouvoir par Joseph Kabila. Il sera de nombreuses
fois ministre de Mobutu et de Kabila fils.
Ce parcours impressionnant il le doit à ses grandes
compétences, à son expérience du terrain et de l’économie,
à une rigueur frisant l’intransigeance, à une chasse
perpétuelle à la corruption, à sa vision politique,
administrative et économique du pays. Son programme
s’organise toujours autour des mêmes grandes idées :
constituer un pays fort pour ne plus être le repère des
milices de tout bord en provenance des pays voisins,
développer une administration saine, stable et efficace,
encourager une économie libérale générant de nombreux
emplois pour la jeunesse congolaise, améliorer le niveau
de vie, instaurer la meilleure égalité possible entre les
différents territoires et relier les différentes régions
par un meilleur réseau ferré et routier. Et, pour garantir
tout cela, installer des institutions stables animées par
des cadres universitaires de haut niveau formés dans des
universités locales dans le but de servir le pays avec
rigueur et honnêteté.
Pour réussir un tel programme, Alexis Thambwe-Mwamba prône
un certain nombre de valeurs, à son sens,
incontournables : une instruction et une formation de
qualité, une intégrité absolue, des compétences techniques
rigoureuses, une implication totale dans le travail et la
mission.
Il est convaincu qu’en respectant ce programme et en se
donnant les moyens d’obtenir les objectifs y figurant, à
condition de respecter les valeurs qu’il prône, le Congo
deviendra un grand pays africain et même un grand pays
mondial capable de jouer un rôle à l’aune de son étendue,
de ses ressources et sa population. Il s’élève contre les
dirigeants africains qui se complaisent dans les
jérémiades habituelles y laissant toute l’énergie qu’ils
devraient insuffler dans le développement du continent.
« Continuer à s’en référer à Léopold II pour masquer nos
faiblesses est ridicule. En agissant de la sorte, jamais
nous n’avancerons ». On ne peut que louer cette lucidité
et ce courage politique invitant les Africains à ne pas
oublier leur passé mais à ne pas s’y complaire au
détriment de leur avenir. Sa longue carrière n’a pas
occulté ses capacités d’analyse lui laissant constater
l’état de dégradation du pays. « De telle sorte – et
l’honnêteté oblige à le reconnaître – que notre pays,
sur bien des points a régressé depuis 1960… Quelle
dégringolade ! Partant de ce dont nous disposions au
lendemain de l’indépendance, la chute est vertigineuse,
même si, je le répète, le Congolais n’avait pas été
formé par le colonisateur belge pour se prendre en
main ».
Un mot revient aussi souvent dans son discours :
solidarité avec les membres de la famille qu’il a toujours
soutenus, avec le clan et la tribu qu’il a aussi soutenus
quand il le fallait. Une solidarité qu’il voudrait imposer
entre les territoires et entre les différentes populations
de cet énorme pays.
Je ne suis pas apte à juger de son bilan politique, je
peux seulement constater l’immensité de son action, la
justesse de ses analyses, la finesse de son jugement, sa
volonté, son engagement, sa fidélité familiale, son énorme
capacité de travail, sa pugnacité, son amour du pays et
son intransigeance. J’aime sa conclusion, qui que nous
soyons nous avons tous la capacité de vouloir qui est
toujours nécessaire pour pouvoir. « Je me suis
toujours efforcé d’aller de l’avant. Sans me dire : “Je
suis noir, ils sont blancs.” Ou : “Ils ont des moyens
supérieurs aux miens… Je n’y arriverai donc pas”… ».
Denis Billamboz, critiqueslibres.com et
mesimpressionsdelecture.unblog
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