Médecin parisien, Serge Peker a déjà publié aux éditions M.E.O. le roman « Felka, une femme dans la Grande Nuit du camp », librement inspiré de la vie du couple Felka Platek et Félix Nussbaum, peintres « décadents » réfugiés en Belgique, arrêtés sur dénonciation et assassinés à Auschwitz peu avant la libération du camp. Il publie également des articles critiques dans la revue « L’Art du Cinéma ». | ||
Illustration de couverture Kasimir Malevitch, "Figure féminine" | LA VIVALDI Roman, 2017 ISBN : 978-2-8070-0111-4 (livre) – 978-2-8070-0112-1 (PDF) – 978-2-8070-0113-8 (ePub) 15,00 EUR Placée à la maison de retraite des Arpèges, une vieille dame vit d'infimes événements, cocasses ou pathétiques, mais tous aussi intenses. Elle a laissé son nom à la porte de cet établissement et pris celui de la chambre qu'elle occupe, devenant ainsi pour tous et pour elle-même « la Vivaldi ». Au fil de multiples sensations ou de situations incongrues, elle interpelle le « tu » de sa jeunesse revisitée par fragments. Du « je » de son vécu aux Arpèges au « tu » de son enfance dans le quartier de Belleville et de la jeune fille juive réfugiée en zone libre, la Vivaldi traverse un espace-temps créé par le seul cheminement de son monologue intérieur.. | |
9,99 EUR |
Extrait Quatre-vingt-huit
balais ! Un âge plus qu'acceptable et plus que respectable pour
une maison de retraite. Une toute belle, toute pimpante, toute
proprette. Pour dire les choses par leur nom, j'occupe la Vivaldi aux
Arpèges, soit une chambre de seize mètres carrés avec armoire et salle
de bains, table de nuit, fauteuil et lit. Les Arpèges ont ouvert quelques semaines seulement avant mon arrivée. J'essuie donc, mais involontairement, les plâtres de ce fleuron de la mise au rancart. Pour ce qui est de l'architecture, rien que du béton armé comme l'est tout ce quartier frontière avec la ville. En pur métal imputrescible, deux lions grandeur nature situés de chaque côté de la porte d'entrée montent la garde des lieux. Sont-ils là par cynisme, par bêtise ou bien par une bêtise cynique ? Je ne peux répondre à cette question et je préfère n'en rien savoir. Toujours est-il qu'ils sont là, juste devant la façade qu'un filet antisaut recouvre de bas en haut. Quand je regarde le ciel par les mailles de ce filet, il m'arrive bien souvent de me sentir papillon. Non papillon papillonnant, mais papillon épinglé derrière la vitre de ces seize mètres carrés. (…) Ce que je fais aux Arpèges ? Silence ! Je tourne ! Je tourne dans ma chambre qui n'est mienne qu'en tant que j'en suis locataire et tourne dans les couloirs tout comme un lion en cage. Mais l'image est trompeuse, il ne faut pas s'y fier ! Je tourne dans les Arpèges, c'est vrai, mais ce n'est ni par ennui, ni avec le désir de vouloir m'en évader. Je tourne, mais sans me sentir à l'étroit entre les quatre murs de ma chambre Vivaldi. |
Ce qu'ils en ont dit Ce deuxième roman de Serge Peker éblouit par sa simplicité et son écriture fluide, aisée, pour tout dire maîtrisée. Le thème en est limpide : placée en maison de retraite, une vieille dame de 88 printemps raconte par le menu sa nouvelle vie, où chaque pensionnaire est appelé(e) du nom d'un musicien connu. Pour elle, sa chambre arbore le nom de Vivaldi. La Vivaldi est aussi légère et futée que la musique qui lui est associée. Elle arpente les couloirs de la maison, croque les faits et gestes de la Liszt, de la Verdi, et les comportements des "blouses" qui s'occupent de toute la petite patientèle. Elle a le temps d'évoquer - en alternance de sa vie en maison - son enfance et sa fuite lorsque ce fut la guerre pour passer en zone libre, y être accueillie par Gaston et avoir ses premiers émois. Autant le thème que l'écriture ravissent le lecteur, très vite accroché par l'histoire d'une vieille dame qui renoue avec son passé pour nous offrir de belles pages d'histoire intime auprès des siens, Juifs, venus de Pologne. Les grands-parents, les parents, sa sœur violoniste défilent au milieu des souvenirs. Rien de faux ni de chiqué dans cette remémoration d'instants fragiles et délicats. Rien de solennel non plus, tant la vivacité de la vieille dame restitue l'authenticité de sa vie passée et présente. La sobriété d'une écriture rapide et précise, la légère mélancolie qui baigne l'intrigue, la construction narrative qui alterne les épisodes : autant d'atouts pour un roman brillant et humain. Bref, un auteur qu'il nous plaira de retrouver. Ph. Leuckx, Les Belles Phrases *
Un voyage entre passé et présent, un voyage parfois troublant, mais qui m’a émue."La Vivaldi" c’est, à la base, le nom d’une chambre dans une maison de retraite, mais par facilité les infirmières donnent les noms de chambres à leurs patients eux-mêmes. Nous croisons donc la Vivaldi, la Puccini, la Strauss… Par bribes de souvenirs, la Vivaldi nous conte sa vie, son enfance, on en vient à s’attacher à cette petite fille devenue âgée qui se retrouve dans cette maison de retraite. D’un autre côté, nous nous attachons différemment à cette vielle dame et à la petite fille qu’elle était. Certaines scènes se passant dans la maison de retraite sont teintées d’humour, comme celle du chausson par exemple, qui se retrouve on ne sait comment sous elle alors qu’elle est assise et cherche d’ailleurs ce maudit chausson droit. Ce livre, je l’ai ressenti comme un journal intime que cette fameuse "Vivaldi" nous livrerait, un condensé de souvenirs qui se mélangent à son présent et où elle voient défiler les familles, les enfants qui courrent dans les couloirs, les blouses blanches. Si je devais trouver un qualificatif pour la plume de l’auteur, ainsi que pour ce livre, mon choix serait très simple, je vous dirais que ce mot est "authentique". Une écriture simple et fluide qui se lit comme nous dégustons une friandise que l’on adore, une gourmandise que l’on savoure, tout simplement. Alouqua, Le Monde enchanté de mes lectures *
Le temps sans cesse recommencé.
Une vieille dame de quatre-vingt-huit ans est admise à la maison de retraite Les Arpèges après avoir perdu l’usage de la parole. Les mots lui étant devenus douloureux, elle a décidé de ne plus en dire aucun. Aux Arpèges, elle occupe la chambre nommée La Vivaldi, un nom qui va désormais la définir, celui d’un espace de 16 mètres carrés où elle tourne en rond et d’où elle s’évadera dans ses rêveries. En étant aux Arpèges, je fais partie de ceux qui ne ressemblent à rien. En ne ressemblant à rien nous nous ressemblons tous. Ce rien nous est en partage. Il est notre butin, notre monnaie d’échange. Il nous rend tous égaux et ce d’autant que nos ego ont été déposés au vestiaire des Arpèges pour jouer une fin de partie sans affoler le monde par notre décrépitude. Sans nom propre et donc privée de parole, dotée d’un visage sur lequel les traits sont brouillés par les rides profondes, sans même les bijoux auxquels elle était attachée et qu’on lui a retirés, transparente à plus d’un titre, n'étant plus qu’yeux et oreilles, elle peut se faire dans le présent observatrice minutieuse des lieux et de ses congénères (la Schubert, la Prokofiev, la Liszt, la Fauré, le Rameau, le Wagner… avec leurs manies ou tares), du manège des chaussons des pensionnaires et des blouses (bleues, blanches et roses), comme elle les appelle, du personnel qui gouverne et administre l’endroit, tout en revisitant par le souvenir sa jeunesse. Rien de plus que sa jeunesse (on ne saura rien de sa vie sociale de femme), celle d’une fille originaire d’une famille polonaise émigrée en France. Proche de ses grands-parents qui l’attachent à son passé familial, leur mort va l’ébranler, la jeter hors de l’enfance, de l’insouciance propre à cet âge. À la déclaration de la guerre, elle est envoyée en zone libre par son père pour la mettre à l’abri ; elle se retrouve à la gare de Vierzon sans papiers, sans identité, plus nue que nue. Enfermée, elle réussit à s’évader et à trouver bientôt refuge jusqu'à la fin de la guerre dans une ferme, où elle connaîtra son premier amour, après quoi elle rejoindra Paris. D’une goutte de pluie glissant sur la vitre de sa chambre où elle vient de connaître une crise d’angoisse, la Vivaldi tire une philosophie de l’existence où tout n’est que recommencement, voyage du présent vers le passé, sans cesse recommencé dans l’instant. Ce récit, parfaitement maîtrisé dans ses allées et venues entre hier et aujourd’hui, pose de façon subtile la question de la mise à l’écart, de l’ostracisation des êtres différents, qu’ils se distinguent par leur origine, leur race, leur âge, leur handicap ou tout autre signe particulier, et qui sont dès lors appelés à se (re)construire une identité en dehors de celle assignée au plus grand nombre. La Vivaldi est le second roman de Serge Peker paru chez M.E.O., après Felka, une femme dans la Grande Nuit du camp inspiré de la vie de Felka Platek et de Félix Nussbaum, ce couple d’artistes ayant vécu en Belgique avant d’être envoyé au camp d’Auschwitz. Éric Allard, Les Belles Phrases *
Le titre est celui
de la chambre d'une maison de
retraite où les pensionnaires prennent
le nom de leur chambre. Le
récit est celui d'une vieille dame
de 88 ans et il va se
partager entre cette ambiance bien
racontée par l'auteur, médecin qui
connaît les maisons de retraite,
mais en y mêlant les souvenirs
de sa jeunesse, de Belleville
jusqu'à son départ mouvementé vers
la « zone libre » où elle
trouvera refuge dans une ferme.
Dans celle-ci, ne vit que le
propriétaire, homme plutôt bourru mais
qui la fera progresser dans cet
autre univers jusqu'à son retour
au bout de deux ans. L'écriture
est intime et chemine en
permanence dans le monologue intérieur
de la vieille dame. Les deux
« mondes » sont parfaitement
reconstitués, celui de la période
de la Shoah comme celui des
maisons de retraite.D.F., Cahiers Bernard Lazare *
Une vieille dame vit son automne dans une maison
de retraite. Elle a abandonné son nom de jeune fille dans le monde
qu’elle fréquentait hier et a adopté celui qu’elle a trouvé inscrit sur
la porte de la chambre qu’elle occupe. Finalement, « La Vivaldi »
ne lui déplaît pas. En déambulant plutôt qu’en marchant, elle découvre
peu à peu son nouvel univers. La dernière partie de sa longue histoire
peut débuter, car elle sait qu’il s’agit aussi de son ultime résidence.
Entre les repas et les courtes promenades, elle ne peut pas s’empêcher
de convoquer son passé et de revivre mentalement ce qui a fait la
saveur de toute une existence rythmée par les aléas du quotidien. Au
fil des multiples sensations ou des situations incongrues, elle
interpelle le « tu » de sa jeunesse revisitée par fragments et l’oppose
au « je » du présent qui se distille entre quatre murs dits protecteurs
et bienveillants. A mesure que les semaines s’égrènent, elle prend la
peine de se remémorer la petite fille juive qu’elle a été et qui,
durant la guerre, a fui en zone libre. Par la force de son monologue
intérieur, elle soulève le sel qui fait la richesse de chaque minute,
se résout à voir venir la Faucheuse, celle qui emporte l’un ou l’autre
pensionnaire lorsque son heure est venue, et mord dans chaque tranche
de bonheur qui lui est présentée.Amélie Collard, Bruxelles Culture *
J'ai d'abord relevé beaucoup d'humanité, on sent
que l'auteur maîtrise le sujet, peut-être parce qu'il est médecin dans
l'un des quartiers les plus populaires de Paris (20ème) où cette
humanité doit se transmettre chaque jour. L'écriture est rapide,
précise, les événements s'enchaînent et on ne s'ennuie pas une seconde.
Il y a également une belle progression amenée au lecteur sans
larmoiement, de manière fluide et agréable. On suit donc les débuts d'une vieille dame de 88 ans, qui ne parle plus, et qui se retrouve dans un univers qu'elle ne connaît pas du tout. Nous allons apprendre à connaître cet univers à travers ses pensées, son ressenti, ses réflexions intérieures et découvrir sa faculté d'adaptation. Et puis tout au long du roman, il y a un va-et-vient entre son présent et son passé, toujours précis, il est aisé de ne pas se perdre, et le fil de l'histoire n'est jamais perdu. Le fait que les patients aient des noms de musiciens [celui de leur chambre] apporte une touche d'harmonie mais en même temps laisse penser qu'une fois dans ces institutions, le patient peut perdre son identité pour se fondre dans une nouvelle communauté et devenir quelqu'un d'autre, dénué de nom de famille... Elle n'est plus elle, mais est devenue la Vivaldi […] "La Vivaldi" observe les autres patients, les visiteurs, le personnel soignant, mais que pense-t-elle vraiment ? Est ce que quelqu'un s'intéresse encore à ce que pense ces personnes devenues dépendantes ou est ce qu'on leur impose notre propre vision des choses ? Beaucoup de questions me trottent dans la tête après la lecture de ce livre. La Vivaldi a un passé […] et on voyage allégrement dans ce passé de juive polonaise exilée en France avant la seconde guerre mondiale. On ne saura pas grand chose de plus, juste ces bribes d'histoire qui montrent tout de même qu'elle n'a pas dû naître avec une cuillère en argent dans la bouche, même si elle ne donne pas le sentiment d'avoir été malheureuse non plus. […] Nathalie, blog "lapetitehirondelle" *
Médecin parisien, Serge Peker s’est lancé
depuis quelques années dans l’écriture. Dans son nouveau roman,
l’intrigue se dé¬roule dans une maison de retraite au nom très poétique
: « Les Arpèges ». Dès lors, et comme de bien entendu, les chambres des
résidents portent toutes des noms de mu¬siciens célèbres : Vivaldi,
Beethoven, Puc¬cini, Gluck, Mendelssohn, Prokofiev, Poulenc, Schubert,
Bizet, Fauré, Liszt, Bar¬tok, Rameau, Tchaïkovsky, Verdi, Wagner... Les
pensionnaires ont perdu leur identité et sont désignés, à défaut de
numéros, par le nom de leur chambre. La narratrice est donc « la
Vivaldi ». Née en 1925, de parents juifs originaires de Pologne, elle
raconte sa vie de personne âgée entourée de vieillards aux « Arpèges ».
Son récit passe, sans crier gare, de ses souvenirs d’enfance : son
père, chausseur, sa mère, sa sœur aînée, violo¬niste émérite, ses
grands-parents... à ses observations des personnages de la ruche à
retraités où les soignants, eux aussi, n’ont pas de noms. Ils sont
désignés comme « les blouses ». Seule la couleur, marque de la
hiérarchie, les distingue : voici les blouses blanches, mais aussi les
bleues et les roses, qui s’affairent, au quotidien, autour des pe¬tits
vieux dont elles ont la charge. Des pe¬tits vieux dont les seuls soucis
s’appellent canne et chaussons, ouïe et vue. Sans ou¬blier les bijoux
« confisqués » par la direc¬tion et mis dans un coffre, les repas
réguliers, les visites médicales, les piqûres, les chariots qui vont et
viennent, la télé et les séances de musique. Quant à madame la
directrice, sa spécialité, c’est de parler pour ne rien dire.Au fil des pages, on découvre l’enfance et la jeunesse de la Vivaldi, les maladies de sa mère, l’atelier de son père, les promenades dans Paris, les séances de cinéma et la découverte du cirque, les jeux de ballon, la mort de la grand¬-mère avec le kad¬dish du rabbin, l’histoire de Mar-dochée et d’Esther que lui contait son grand-père, l’occupa¬tion allemande, le passage en zone libre... À trois occasions seulement, des person¬nages sont nommément désignés par leurs prénoms : Germaine et Gaston, qui, autre¬fois, aidèrent la narratrice cherchant à ga¬gner la zone libre au temps de l’Occupation et Jean, le petit-fils de Gaston, partisan FTP. Un sujet original. Une écriture alerte. À découvrir. Jean-Pierre Allali, Journal de l’AMIF. *
Je ne connaissais pas Serge Peker, et je dois avouer que ce livre est une très bonne surprise. Tout d'abord, il l'alternance permanente entre les deux histoires maintient l'attention sur le roman et nous donne toujours envie d'aller plus loin. De plus, l'alternance entre deux tons radicalement opposés, propres à chaque histoire (ton plutôt ironique pour l'histoire de la "vieille" Vivaldi et le ton plutôt tragique pour la "jeune" Vivaldi) rend le roman d'autant plus passionnant et agréable à lire. Cependant, on pourrait déplorer que l'histoire de la "vieille" Vivaldi ne serve que de faire-valoir à l'histoire de la "jeune" Vivaldi, car il n'y a pas de lien précis entre les deux histoires (à part le personnage de la Vivaldi elle-même) et l'histoire de la vieille Vivaldi (même si elle est très chouette et très bien écrite) est bien moins intense que l'histoire de la "jeune" Vivaldi. On en vient toutefois à regretter que le roman ne soit pas plus long, tellement il est bien écrit. En résumé, deux histoires croisées passionnantes, un ton propre à chaque histoire qui donnent un très bon roman. ProfesseurDan, Babelio http://leslecturesduprofesseurdan.blogspot.be *
Un livre qui nous plonge dans le quotidien d'une maison de retraite, à travers l'œil acéré d'une petite grand-mère qui y fait ses premiers pas. Cette peinture de la vie en collectivité des petits vieux est réussie ; la perte d'identité des humains qui gravitent dans ce bâtiment au profit du nom de leur chambre ou de la couleur de leur blouse est bien vue. Au fil du récit de cette petite vieille — "la Vivaldi" — on replonge dans sa propre histoire. Ce parallèle entre le vécu actuel et celui de ses jeunes années offre une gravité insoupçonnée et nous découvrons doucement ce qui a marqué l'enfance de la "Vivaldi." Un livre qui se lit facilement, une fois qu'on est entré dans le texte, dont l'écriture saccadée — un choix j'imagine — manque à mon goût d'un peu de fluidité. Mais c'est une question de goût justement. Dromdeche, Babelio http://citajourdesyldia.canalblog.com/archives/2017/06/07/35360607.html *
Un beau roman sur le 4e âge. Une écriture élégante et une belle construction narrative. Ce deuxième roman de Serge Peker éblouit par sa simplicité et son écriture fluide, aisée, pour tout dire maîtrisée. Le thème en est limpide : placée en maison de retraite, une vieille dame de 88 printemps raconte par le menu sa nouvelle vie, où chaque pensionnaire est appelé(e) du nom d'un musicien connu. Pour elle, sa chambre arbore le nom de Vivaldi. La Vivaldi est aussi légère et futée que la musique qui lui est associée. Elle arpente les couloirs de la maison, croque les faits et gestes de la Liszt, de la Verdi, et les comportements des "blouses" qui s'occupent de toute la petite patientèle. Elle a le temps d'évoquer – en alternance de sa vie en maison – son enfance et sa fuite lorsque ce fut la guerre pour passer en zone libre, y être accueillie par Gaston et avoir ses premiers émois. Autant le thème que l'écriture ravissent le lecteur, très vite accroché par l'histoire d'une vieille dame qui renoue avec son passé pour nous offrir de belles pages d'histoire intime auprès des siens, Juifs, venus de Pologne. Les grands-parents, les parents, sa sœur violoniste défilent au milieu des souvenirs. Rien de faux ni de chiqué dans cette remémoration d'instants fragiles et délicats. Rien de solennel non plus, tant la vivacité de la vieille dame restitue l'authenticité de sa vie passée et présente. La sobriété d'une écriture rapide et précise, la légère mélancolie qui baigne l'intrigue, la construction narrative qui alterne les épisodes : autant d'atouts pour un roman brillant et humain. Bref, un auteur qu'il nous plaira de retrouver. Philippe Leuckx, Bleu d'Encre. *
Une vieille dame de 88 ans est placée en maison de retraite car elle ne parle plus. Elle nous y raconte sa nouvelle vie, où chaque résident est appelé par le nom du musicien de la chambre qu'elle occupe. Pour elle se sera Vivaldi. Nous allons apprendre à connaître son univers à travers ses pensées, son ressenti, ses réflexions intérieures... le récit est un chassé-croisé entre hier et aujourd'hui, alternance de génération et de ton ; la « jeune » Vivaldi, c'est sa fuite durant son enfance en zone libre (ton plutôt tragique) ; « la vieille » Vivaldi (ton plus ironique) c'est sa perception de ce qui l'entoure... Ce sont deux histoires passionnantes qui s'entrecoupent. Un livre qui se lit facilement. mireillemenard, Babelio. | ||