Écrivain et artiste plasticien belge, Monique Thomassettie est l'auteur de plus de cinquante ouvrages (poésie, contes et nouvelles, roman, théâtre), dans lesquels elle « vivifie mythes et symboles en les variant, en les mouvementant ». Certaines de ses œuvres ont été traduites en bosniaque, croate et anglais. « Her poetry is unusual in several ways : in its imaginary, its pictorial qualities, as wel as in its deep sense od the sacred. Humorous touches are present as wel… » (Renée Linkhorn and Judy Cochran, Belgian Woman Poets, An Anthology, Peter Lang, New York, 2000. « … un univers personnel empreint d'une magnifique poésie de l'être intime… Un talent rare d'une grande richesse intérieure qui s'offre à l'Autre au gré de publications singulières, donneuses de clés pour mieux saisir le monde tout d'originalité de l'auteur… » Nathalie Lescop-Boeswildwald, « Les Amis de Thalie. | ||
Œuvre de couverture : © Monique Thomassettie Acrylique avec collage de tissu | Vogue la Terre ? Vogue le Monde ? Textes poétiques Poésie et textes divers, contes et dialogues poétiques, précédemment parus en revues et ouvrages collectifs (dont Marginales, plus ancienne revue littéraire belge, dirigée par Jacques De Decker, Secrétaire perpétuel de l'Académie de Langue et Littérature françaises de Belgique.) 174 pages 9 reproductions d'œuvres plastiques de l'auteur (dont 6 en couleurs) ISBN: 978-2-8070-0003-2 2015 – 19,00 EUR | |
11,99 EUR |
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Extrait « L’arbre d’ici et l’arbre de là ont le même bruissement Ce bruissement est d’âme Bousculé entre des vents contraires, l’arbre du poème intensifie son chant En filigrane l’air opaque Et ce filigrane est sève lumineuse » Éclaircie, acrylique, 1992. | ||
Ce qu'ils en ont dit Enfin de grands livres Décidément
je commence à m'habituer aux écriveurs abondants. Monique Thomassettie
en est une aussi, produisant elle aussi des textes de tous les genres
possibles. Sa bibliographie est imposante et elle adore mélanger
poèmes, théâtre, légendes ou maximes. Sans compter, comme chez Anne
Mounic, les peintures et dessins de qualité qui illustrent ses
recueils. Les trois derniers livres reçus se singularisent par leur
variété : un recueil de poèmes tout d'abord, sous un double titre
en forme de questions : Vogue la Terre ? Vogue le
Monde ? Poésie oui, dans un sens, mais déjà pas du tout dans les
formes, proses, dialogues, aphorismes. Ce que je constate depuis que je
connais cette poète, c'est qu'elle vit en poésie à tous les moments de
sa vie et que l'on ne peut s'y tromper, même si parfois une prose prend
le dessus. Ce livre comme de nombreux précédents se fait anthologie et
c'est très bien ainsi. Faut-il mettre un ordre artificiel dans ces
éclats d'une mémoire exceptionnelle, j'en doute. Montaigne et les
moralistes sont assez riches pour s'en passer et se font lire avec
passion. Ici l'ordre est interne et passe constamment de hue à dia,
mais se lit sans autre effort que de suivre la poète dans ses jardins
intimes. Si l'on veut pénétrer plus avant dans ce cerveau d'artiste, il
faut tenir compte de la peintre, car là se trouve le fin du fin de ce
qu'elle imagine, illustre bien mieux que de simplement écrire ou
décrire. Ce n'est pas le dessin qui dit tout, mais les couleurs et les
formes, nées de sa sensibilité à fleur de peau, une tentation constante
d'amitié et de gentillesse qui transparaît dans chaque mot et chaque
trait de pinceau ou de plume. Le volume suivant est un recueil double
réédité. Paru d'abord chez Le Non-Dit en 1994, De blancs oiseaux
boivent la lumière et Nuit de Grand Vent, illustré cette fois de sept
aquarelles, huiles et pastels de l'auteure. J'avoue avoir flashé plus
en lisant (ou plutôt consultant) le tome deux d'Intuition, ce journal à
la fois intime, de pensées et de réflexions sur le parcours de la
poète, que je sens proche de telles mystiques exprimant leur proximité
affective avec leur dieu ou leur amour terrestre. Ces deux livres
méritent notre chevet. Paul Van Melle, Inédit nouveau * Monique
Thomassettie « compose » au sens premier, – pose avec – son
livre : il est tout à la fois tissé de poèmes, de fables,
de contes, de lettres, d’ anecdotes, de saynètes, de peintures, d’une
pièce cosmique… et j’en passe. Dans l’inventive volonté de rendre
compte – en un livre, copieux, près de 180 pages – de toutes les
ph(r)ases créatives de sa vie ordinaire, elle juxtapose les moments,
les lieux, les mêle et confond dates et sens. Le mythe, la fable, le conte l’éveillent peut-être davantage au graphisme qu’elle explore depuis longtemps, à la peinture qui a pris pouvoir sur elle jusqu’à envahir tous les murs de son appartement, vrai musée des grandes et petites toiles qu’elle a élaborées, exposées, recueillies. Cet art « du composite volontaire » (c’est ma formule – elle vaut ce qu’elle vaut) rejoint donc l’intense atelier de sa création : il y a là, certes, mise en abyme de son art pictural par l’évocation des maîtres référentiels (comme Ensor), et aussi par le récit d’un peintre proche qu’elle a intimement accompagné dans la douleur. Monique Thomassettie rejoint là la poésie « totale » dont se réclamait Cocteau : ne disait-il pas que tout est poésie ? Les divers domaines artistiques se fondent et…s’éclairent, sans doute. J’ai bien aimé, dans ce « programme » très marginal (oser les coexistences esthétiques des formes et des contenus), la récriture des fables, les beaux calligrammes de la première partie du livre (e.a., p.11), l’humour distancié des récits qui sonnent vrai, la méticulosité que l’auteur soigne dans les références bio et bibliographiques de ses écrits, ainsi que le choix de peintures qui « révèlent » (je souligne une fois de plus) un tempérament classique, fervent de la belle ouvrage, que certains trouveront peut-être trop sage ou traditionnel, affaire de jugement plastique et/ou esthétique… A vous de grappiller au fil des pages : p.9 : Refaire aux mots une virginité p.23 : Androgyne est le verbe / qui fait plume de tout bois Plusieurs sonnets montrent aussi l’intérêt de l’auteur pour des formes classiques – qu’elle maîtrise : pp.24 et suivantes. p.105 : Si je te dessine un rond, / il est moins géographique/ qu’intérieurement spatial Quelques toiles reproduites comme des vignettes très colorées portent la lecture plus loin dans l’imaginaire : l’acrylique de couverture exprime une liberté de couleur et de composition, qui fera taire le reproche de classicisme, que revendiquent hautement les autres œuvres (gouaches, aquarelle, huiles,…) aux beaux titres songeurs « Eclaircie » (1992), « Bouddha » (1985), « Déchirement » (1968), « Mandala imaginaire » (1990), « Procession passée » (1987), « Deux arbres » (1979) Philippe Leuckx, Reflets Wallonie-Bruxelles. * Monique Thomassettie est peintre autant que poète : certains de ses poèmes furent composés pour illustrer ses tableaux. Elle a créé le logo de la Maison d’édition M. E. O. et ses tableaux ornent aussi ses couvertures et celles d’autres volumes de l’éditeur. Une inspiration dynamique aux couleurs flamboyantes - « compacte [sa]lumière », « des blocs d’arc-en-ciel / plein les bras », « des couleurs magmatiques / d’Absolu ». Une inspiration bouillonnante qui se retrouve aussi dans sa langue écrite, textes poétique plutôt que poèmes, qui se propose de « Pétrir à plein cœur / les argiles des mots ». Une entreprise roborative de créer « Un Monde [qui prenne] appui sur les cailloux d’espoir » en célébrant la « joie de l’esprit/ dans le corps /du corps autour de lui // Cet esprit et ce corps qui sont miens ». Épanchement tumultueux et interrogation qui se retrouvent aussi dans la multiplicité de son d’inspiration métaphysique éclatée qui s’interroge, comme en témoigne le titre doublement interrogatif du second volume, sur une Terre et un Monde toujours à construire entre « l’imagination et la raison ». Selon elle « Le 21ème siècle sera conscient ou ne sera pas. » et elle s’interroge sur « Une quadrature du cercle », « Une paix commune ? » sur un Dieu aussi invisible que « La Pensée »... Cet « Odyssée d’un Verbe /inlassable/ en nous /retrouvé » se déploie sur deux décennies de textes courts repris ici en volume indépendamment de toute chronologie. Invoquant nombre d’inspirateurs, à commencer par Rimbaud, Valéry, Cendrars... Mais aussi Aurore Dupin devenue George Sand. Mais aussi la trinité hindouiste, « Un Tao sans Taïaut » et « la compassion / du Bouddha ». Mais aussi dans une belgitude largement revendiquée, Magritte, Maeterlinck, Ensor, Tintin copain de Charlot et Julos Beaucarne. Dans un ardent besoin de communication qui finit par s’ouvrir en dialogues et en comédie. Michèle Duclos, Temporel. | ||
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