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Descendant de lépreux et de danseuse traditionnelle, danseur-chorégraphe-chanteur-pédagogue camerounais plusieurs fois primé à l'étranger, engagé dans l’insertion sociale de jeunes défavorisés,
Zam Martino Ebale
se sent depuis tout jeune ce que la tradition de son pays natal nomme femme-minja, une nature féminine dans un corps masculin. Le bouddhisme lui a permis de transcender la souffrance et de s'accepter, de « transformer le poison en élixir », les larmes en joie, le karma en mission.
Il a dû s’exiler pour fuir la loi homophobe au Cameroun. Après être resté sept ans en séjour illégal rocambolesque (porteur d’un Ordre de Quitter le Territoire inexécutable, néanmoins subventionné par le Ministère de la Culture), il est devenu Belge et chargé de mission dans des projets internationaux de collaboration artistique, tout en produisant des chorégraphies, dansant, chantant, formant des élèves…


Zam Ebale

Zam

ZAM
"Né au mauvais endroit, au mauvais moment, dans le mauvais corps ?"

Récit de vie, 2019

232 pages

ISBN : 978-2-8070-0174-9 (livre) –  978-2-8070-0175-6 (PDF) –  978-2-8070-076-3 (ePub)
18,00 EUR


"ZAM", nous raconte le récit de vie éclairant, parfois heureux, souvent difficile. d'un artiste hors du commun.
L'ouvrage nous délivre également une philosophie de vie et nous montre une prise de conscience qui se veut rassembleuse, tout en dénonçant les préjugés qui provoquent le rejet, que ses victimes en soient des homosexuels, des lépreux, des séropositifs, des groupes ethniques ou sociaux, des adeptes d’une religion ou d’une philosophie, ou tout simplement… des femmes, auxquelles Zam Ebalerend souvent hommage dans ses chorégraphies.





e-books
10,99 EUR



PRIX DU ROMAN GAY 2019
(Récit autobiographique)




EXTRAIT

Apprenant que j’avais obtenu un permis de séjour illimité en Belgique – après une demande d’asile qui avait traîné sept ans avec des péripéties rocambolesques – pour échapper à la persécution des homosexuels au Cameroun, il [le responsable des éditions M.E.O.] m’a engagé à écrire un témoignage pour contribuer à modifier le regard jeté par la majorité de la société camerounaise sur l’homosexualité, ainsi que les préjugés qui y ont cours sur les danseurs. Un regard qui se matérialise par une loi condamnant les homosexuels à l’emprisonnement. Mon récit de vie pouvait donner à voir un être humain, certes homosexuel, mais en même temps chanteur, danseur, chorégraphe et pédagogue reconnu, mêlant modernité, tradition africaine et classicisme, de surcroît bouddhiste, Belge d’origine camerounaise, intégré dans divers milieux, engagé dans la promotion sociale d’enfants défavorisés, représentant son pays d’accueil dans le cadre de projets de coopération artistique avec l’Afrique, affectivement stable… Donc, pas une horreur, pas un monstre. Simplement, une personne née au mauvais endroit, au mauvais moment, et dans le mauvais corps. Au nom de quel droit, quelle morale, quels principes le « condamner » à partir d’une facette de sa personnalité, multiple comme l’est celle de n’importe quel humain ? Une facette qui ne nuit à personne, que de surcroît il n’a pas choisie, qui est protégée par la Déclaration universelle des droits de l’homme dont le Cameroun est signataire : « Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée […] Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes ». (Article 12) […]
Par paliers de réflexion, j’ai pris conscience que ce livre devait combattre surtout les préjugés qui provoquent le rejet, de quelque nature qu’ils soient […] Il y est certes toujours question du récit d’une vie particulière, mais ce récit doit s’ouvrir à quelque chose de plus vaste, ce qui d’ailleurs est en adéquation avec mon chemin de vie. […] Le droit à la liberté d’être homosexuel reste au cœur de l’ouvrage, mais il s’inscrit dans un combat bien plus vaste pour les droits de toutes les minorités, une lutte contre toutes les formes d’injustice et d’oppression.

Zam - chant              Zam danse

© des photos : Federico Ariu.





CE QU'ILS EN ONT DIT



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Sujet sensible que celui de « Zam », qui dévoile le parcours de Martino Zam Ebale, né homme avec une nature de femme. Dans son Cameroun natal, la société ne laisse aucune alternative à ceux qui se sentent différents. Il importe de rentrer dans le rang et de ne jamais faire de vagues. On ne rit pas avec les traditions ni avec la religion. Les coutumes homophobes, comme la loi, forcent chacun à se positionner et punissent toute transgression. Amené à fuir, l'auteur atterrit en Belgique où, rapidement, il noue des amitiés durables. Chanteur, danseur, chorégraphe et pédagogue, il prend à cœur de mener un combat contre l’homophobie et, malgré maintes difficultés, s’impose comme la voix des plus faibles, de ceux qui sont victimes des préjugés de toutes natures et qui se retrouvent en souffrance, alors qu’ils ne sont responsables de rien. Ce serait un peu comme accuser l’un ou l’autre à cause d’une facette de sa personnalité qui le distingue des autres citoyens, alors que la vraie richesse naît du dialogue qui s’entretient entre personnes de bonne volonté. Selon lui, aucune loi, aucun droit ni aucune morale ne peuvent se hisser en juges ou en censeurs. À partir de quel texte fustige-t-on celle ou celui qui vit autrement, pense ailleurs ou aime quelqu’un du même sexe que le sien ? Pointer de l’index les homosexuels revient à disqualifier une partie de l’humanité. Les stéréotypes ont malheureusement la dent dure, qu’ils ciblent les étrangers, les malades, les adeptes d’une philosophie... ou les femmes ! Voilà un témoignage à la première personne qui rappelle des valeurs inhérentes aux Droits humains et invite à la discussion. Après avoir été sans papiers durant sept années, Zam valorise aujourd’hui la Belgique en Afrique dans des relations de coopération artistique.

Sam Mas, Bruxelles Culture.


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Zam sur la scène, c’est un désormais quinquagénaire camerounais, naturalisé Belge, qui exerce les trois facettes de son talent : la danse, la chorégraphie et le chant sur les podiums européens, belges notamment, et africains à travers des projets estampillés Nord-Sud par différentes institutions internationales. Dans cet ouvrage autobiographique, il raconte comment la danse l’a saisi dès son enfance, pourquoi il a dû quitter son pays et se réfugier en Belgique où après un long combat, il a obtenu un statut pérenne tout en développant son art.
Petit-fils de lépreux, fils d’une importante personnalité politique proche du président du Cameroun, il appartient à une famille nombreuse où le père pratique la bigamie. Il est l’un des enfants de la première épouse délaissée mais s‘entend très bien avec la seconde. Il a une grand-mère  dont il a hérité une part du talent. « Ils ont d’abord vécu à Yaoundé, puis mon père a été muté à Garoua… C’est donc là que je suis venu au monde le 10 avril 1969, dans une famille bigame de la bourgeoisie protestante camerounaise ». Cette famille très aisée connait le malheur quand le père décède beaucoup trop jeune, la seconde épouse sait faire fructifier son héritage alors que sa mère, une artiste, dilapide sa part très vite. La première fratrie vit alors dans la précarité et Zam Martino décide de quitter l’école pour alléger les charges familiales et améliorer ses revenus en donnant des cours de danse. Il possède un réel don pour la danse et le chant, il réussit rapidement, acquérant vite une certaine notoriété dans son pays. Ce succès fait des jaloux et des envieux qui dénoncent son homosexualité, un délit au Cameroun, il doit s’enfuir pour échapper à la prison.
Après un long périple et bien des démarches, il se fixe en Belgique grâce à l’aide de personnes qui croient en lui et en son talent qu’il toujours cultivé en suivant de nombreuses formations. Quand il n’était encore qu’un tout petit enfant, sa grand-mère l’avait introduit dans le cercle de la danse des femmes, elle lui avait prédit : « Tu danseras et chanteras toute ta vie ! ». « Les trois piliers de mon existence sont réunis en un flash : la danse, la féminité, la spiritualité ». La grand-mère avait décelé son talent pour la danse et son ambigüité sexuelle, il serait un homme-femme, un être inquiétant et respecté dans l’univers animiste, pour son rôle d’intermédiaire entre le monde des morts et le monde des vivants. Sa mère avait prédit : « Toi, si tu étais une femme, tu serais un scandale dans la société. Tu iras très loin ! »
La vie de Zam s’articule autour de ces trois facettes, il danse dans de nombreuses structures avec de nombreux partenaires venus d’horizon très divers mais il ne se contente pas de danser, il crée de nombreuses chorégraphies dont certaines ont un réel succès. Il assume sa féminité en découvrant la spiritualité dans le bouddhisme qui deviendra sa voie, son chemin dans la vie. « Le bouddhisme m’a fait comprendre que tout est question de conscience. Nous avons tout en nous. Il suffit d’un déclic pour nous le révéler ». Le bouddhisme lui ouvre la voie de la spiritualité qu’il cultive par de nombreuses séances de méditation lui permettant de surmonter les crises graves qu’il doit parfois traverser. Il a connu l’expérience de la mort, il échappe à deux noyades, de la douleur ressentie à distance, il est malade quand d’autres souffrent ou meurent, Il est atteint de la maladie qui emporte son frère au moment où celui-ci décède, la croyance en des forces occultes, en l’ésotérisme. Il perd deux frères, une sœur adoptive, son père trop tôt et plusieurs amis très chers. La pratique de la méditation bouddhiste est la bouée de sauvetage qui lui permet de traverser toutes ces épreuves et croire en une vie après la mort. « Je suis persuadé que, lorsque l’on meurt, notre âme rejoint la grande conscience universelle pour revenir dans un autre corps, et que ce qu’on a accompli dans la vie […] peut devenir immortel ».
Toute sa vie s’articule alors autour de la danse, du chant et de la chorégraphie qu’il pratique en puisant dans sa part de féminité et dans la spiritualité bouddhiste. Il devient un défenseur de la cause des homosexuels au Cameroun, mais partout ailleurs aussi, en élargissant son combat à la lutte contre toutes les discriminations. Son art est imprégné d’un profond humanisme qu’il essaie de transmettre dans ses spectacles et ses enseignements. « Il s’agit en dernière analyse de ramener l’humain à l’humain. Et cet humain est digne de respect, quel qu’il soit, homme ou femme, noir ou blanc, hétéro ou homosexuel, chrétien, bouddhiste ou animiste… »
Dans ce poignant témoignage, j’ai retrouvé quelques expériences que j’ai personnellement connues : la jungle des financements publics qui semblent aussi inextricable en Belgique qu’en France qu’au sein des méandres des institutions européennes. « Les financements publics sont d’ailleurs très contraignants, ils requièrent énormément d’énergie pour les tâches administratives au détriment du travail sur le terrain ». Je confirme. Je me suis aussi souvenu que, quand j’étais investi dans la gestion du sport, une grande compagnie nationale avait, pour son mécénat, décidé d’investir dans ce qui appartient à chacun d’entre nous : le geste et la parole. Elle avait recherché des activités qui exprimaient la quintessence de ces deux attributs humains, elle avait choisi la gymnastique pour l’épure du geste (elle aurait pu choisir la danse) et le chant pour la parole. Zam aurait pu répondre à ces attentes.
Zam a transcendé son art par la spiritualité qu’il y intègre et avec l’humanité qu’il y insuffle éclairant ainsi la citation d'Ellen Degeneres que la préfacière, la députée européenne Maria Arena, a placé en exergue de son texte : : « Il est temps que nous aimions les gens pour ce qu’ils sont et qu’ils aiment qui ils veulent ».


Débézed, Critiqueslibres.com et Mesimpressionsdelecture.unblog



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Critiques dans Babelio

Né au Cameroun en 1969, Martino « Zam » Ebale raconte dans son livre sa propre histoire.
Il explique comment, très tôt, il a compris que sa vocation était de danser et de chanter, de communiquer avec son corps. Un corps d'homme, cela aussi il le comprend très rapidement, mais une nature de femme. Zam est ce qu'on appelle dans la tradition camerounaise, qui les accepte, une « fame-minja », un artiste androgyne au corps d'homme mais avec la grâce d'une femme.
Malheureusement, la tradition est de plus en plus souvent battue en brèche par la stupide rigueur du catholicisme et par la bêtise humaine. le premier, bien implanté au Cameroun, y condamne fermement l'homosexualité, pénalement punissable d'un emprisonnement de cinq ans. La seconde, universelle, s'épanouit en doublant le sectarisme religieux d'intolérance, de mépris et de rejet de la différence.
Zam explique comment il a tout d'abord essayé de vivre sa vie d'artiste, « fame-minja », homosexuel, dans son pays d'origine. Puis comment il a fui celui-ci pour échapper à l'homophobie latente du Cameroun moderne. Il raconte sa reconnaissance en tant qu'artiste dans son pays d'origine, mais sans que cela le protège vraiment, sa reconnaissance internationale aussi, dans d'autres pays africains, mais également en Europe. Où elle ne lui sera pas beaucoup plus utile qu'au Cameroun. Autre continent, même bêtise… Arrivé en Belgique, de stupides raisons administratives feront qu'il restera pendant des années avec un statut hybride, sous le coup d'un ordre de quitter le territoire invalidé par le Conseil d'Etat mais non reconnu par l'Office des Etrangers.
Jugé indésirable sur le sol belge, protégé par une décision du Conseil d'Etat mais ayant interdiction de quitter le territoire belge au risque de ne plus pouvoir y rentrer (vous avez dit imbroglio ???), Zam poursuivra obstinément la voie qu'il sait être la sienne, mêlant les arts, à la fois danseur, chanteur, chorégraphe, mais aussi compositeur et professeur de chant et de danse.
Il évoque ses rencontres. Celles liées à son métier d'artiste. Celles liées à son orientation sexuelle. Et toutes les autres, dues au hasard, à la chance ou à la malchance.
Il parle de ces années ubuesques passées en Belgique en tant que sans-papiers inexpulsable.
Il explique l'évolution de sa carrière, de ses différentes activités artistiques. L'évolution de sa personnalité aussi, ou plutôt la manière – sans prétendre citer Nietzsche… – dont il est peu à peu devenu ce qu'il avait déjà conscience d'être, la manière dont il a achevé de se construire, de s'accomplir. En tant que danseur. En tant qu'être humain.
Il explique son attachement à son pays d'origine et à l'Afrique, où il plonge ses racines les plus profondes.
Il raconte le dénouement de ses problèmes administratifs, enfin… après tant d'années.
Tout cela, Martino Ebale le fait à la fois sans étaler son intimité mais en toute franchise, sans détours ni faux-semblants. Il s'exprime avec sincérité, avec le souhait d'inspirer, d'aider les autres. Et on ne peut que l'en féliciter.
Mon seul reproche face à l'histoire de Zam est purement subjectif. Peu versé dans les arts (qu'il s'agisse de la danse, du chant…) et encore moins convaincu de religion ou de spiritualité, j'ai eu un peu de peine à marcher dans les pas de ce jeune Africain ne vivant que pour danser et communiquer avec son corps ; j'ai eu encore plus de peine à comprendre sa démarche bouddhiste, alors pourtant qu'elle est totalement positive et qu'il ne fait jamais oeuvre d'intolérance ni même de prosélytisme. Bref, je ne me suis jamais senti vraiment concerné. Si ce n'est par son combat pour faire accepter sa différence, ses différences, parmi lesquelles son homosexualité, qui m'a semblé à ses yeux secondaire par rapport au reste dans son récit.
Maintenant, je me félicite que Martino Ebale soit arrivé là où il voulait aller. Surtout, je l'en félicite lui, car son parcours n'a pas été facile et c'est grâce à son courage et son opiniâtreté qu'il a réussi. En cela, c'est indéniable, il est inspirant !

M_a_r_c


Avec ce livre, je découvre un homme, un artiste une culture dont j'ignorais à peu près tout.
« Né au mauvais endroit, au mauvais moment, dans le mauvais corps ? » Je ne sais pas, c'est lui qui le dit, qui le pense.
Il a du se coltiner parfois violemment avec l'adversité pour se construire, se forger son identité en tenant compte de sa différence et en intégrant tous les éléments de sa (ses) culture(s). C'est la diversité de sa culture (qui lui vient des femmes de sa famille, de son éducation, de son parcours) qui fait de lui l'artiste qu'il est devenu.
Cette diversité fait sa richesse et il la retranscrit dans ses arts (la danse contemporaine et la chanson), et surtout il a partage, la transmet à ses élèves.
S'il était né au bon endroit, au bon moment, dans le bon corps, peut-être se se serait-il pas forger ainsi sa personnalité et la danse contemporaine belge n'aurait pas cet homme pour produire des spectacles mêlant danse contemporaine et traditions africaines.

Bina

Malgré un temps de digestion, il me semble très compliqué de donner un avis construit sur cette lecture mais on va tenter. L'auteur jongle de manière déroutante et à première vue peu construite avec tous les points qui font de lui ce qu'il est et comment il l'est devenu. C'est une introspection foisonnante où tout s'entremêle pour montrer que chaque étape se met en place à l'aide d'une évolution conjointe de toutes ses croyances/opinions/passions…
Le parcours de ZAM est impressionnant et la façon dont il est présenté sonne juste ses descriptions et analyses très nuancées. Danse, chorégraphie, origines, famille, Afrique, Cameroun, homosexualité, homme/femme, émigration, immigration, clandestin, bouddhisme, pédagogie, engagement, aide aux jeunes… tout est lié, tout est traité pour illustrer le cheminement de cet artiste qui n'est pas forcément né au bon moment, au bon endroit, dans le bon corps.
Une fois habitué, au foisonnement des idées, on passe un excellent moment de lecture tout en se retrouvant dans un état d'esprit propre à l'introspection sur son propre parcours de vie. merci Babelio et les éditions M.E.O. pour cette lecture déroutante et passionnante.

Kedeline



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Article dans "Le temps de vivre", reprenant le communiqué de presse.

Temps de Vivre



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Danseur et chorégraphe Zam Martino Ebale a fui le Cameroun, où l’homosexualité est punie par la loi, alors que la tradition valorise l’androgynie. Son parcours pour obtenir des papiers en Belgique a duré sept ans, alors qu’il y a été rapidement reconnu comme artiste et subsidié pour ses spectacles. Dans « Zam, né au mauvais endroit, au mauvais moment, dans le mauvais corps ? » (Ed. MEO), Zam raconte la naissance d’un artiste libéré des assignations de genre et de nationalité. Il y développe aussi sa pédagogie interculturelle et sa conversion au bouddhisme.
C’est le récit d’un exil réussi, et l’esquisse d’une citoyenneté universelle.

Françoise Nice, Points critiques.





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Exil sexuel

L’homophobie persiste dans le monde. Au Cameroun, elle est même institutionnalisée : les homos sont considérés comme des criminels et les médecins forcés de dénoncer ceux qui se font dépister contre le VIH. Face à cette injustice, des collectifs et des individus se battent, informent et aident. C’est le cas de Martino Zam Ebale, artiste polymorphe, lui-même homosexuel. Il s’insurge contre les préjugés et le rejet de la communauté LGBTQIA+ dans le monde.
Danseur et chorégraphe internationalement primé, pédagogue engagé dans l’insertion sociale de jeunes défavorisés, le Belge d’origine camerounaise Martino Zam Ebale livre dans un récit touchant l’histoire de son combat et de sa vie. Forcé à l’exil pour échapper à la loi homophobe de son Cameroun natal, il est arrivé en Belgique et s’est vu confronté, malgré sa notoriété de danseur, à de multiples difficultés. Il restera en séjour illégal pendant près de sept ans.

Votre orientation sexuelle vous a-t-elle toujours posé problème ?

Au départ, ce n’était pas un problème ! Depuis mon plus jeune âge, je me sens fame-minja, c’est-à-dire, une nature de femme dans un corps d’homme. En fait, je proviens d’une famille bourgeoise au Cameroun. Mon père faisait partie de l’élite du pays. Ma grand-mère était maîtresse de cérémonie et chanteuse dans les rites traditionnels, elle m’a initié très tôt à la danse. D’ailleurs, dans la tradition camerounaise, des danseurs très efféminés, appelés kapele ou atcheng ou encore « l’intelligent », détenaient le savoir. Ils étaient acceptés, respectés, parce que liés à la tradition et au commerce avec l’invisible. Mais c’était avant que le christianisme n’occulte et ne réprime complètement cette forme d’homosexualité. Comme le yin et le yang, nous avons tous un peu des deux sexes en nous. Mais lorsque l’on parle de féminité, remontent les clichés imposés par la mode, la société, la culture. Je suis fier de mon parcours au Cameroun. Fier d’être né dans une telle mosaïque d’identités. Mes parents ont vécu en Europe et ont donc bénéficié d’une culture occidentale, mais ont aussi hérité des rituels de chants et de danse du sud du Cameroun. J’ai baigné dans tout ça et c’est de tout ça que ma création artistique est issue. Elle est le fondement de ma vie. J’ai également un autre lien avec la culture asiatique puisque je suis bouddhiste. Je peux dire que je suis un citoyen du monde.

Alors, pourquoi votre orientation sexuelle vous a-t-elle poussé à l’exil ?

Je n’ai pas vu venir la situation au Cameroun. J’ai bénéficié d’un soutien de la coopération France-Afrique au niveau culturel. Un responsable était venu dans les années 1980 pour choisir une dizaine de jeunes ambassadeurs de la culture africaine et tout se passait bien dans ma vie de danseur. J’ai ensuite travaillé, dans les années 1990, à la création d’une compagnie de danse contemporaine, mais toujours avec cet héritage traditionnel. Cela m’a propulsé au-devant de la scène, j’étais très populaire. C’était apprécié, mais en même temps mal perçu : un vrai clash entre la culture avant-gardiste et la censure traditionnelle des lois homophobes. Les pressions sont devenues petit à petit insupportables : je risquais cinq ans d’emprisonnement ferme, je pouvais même être lynché dans la rue. J’ai été forcé à l’exil. Quand je suis arrivé en Belgique, j’ai été reconnu par le ministère de la Culture puisque j’avais fait pas mal de tournées avec ma compagnie. Mais pendant sept ans, j’ai quand même vécu avec un ordre de quitter le territoire, en raison d’une « malfaçon » juridique.

Votre livre, c’est une catharsis ou un combat pour d’autres ?

La vie est un combat. Celui contre l’homophobie, contre les lois homophobes, est le mien. Avec mon livre, si j’inspire au moins une personne dans son combat singulier, j’aurai gagné. Actuellement, j’adhère à un programme de formation des jeunes danseurs burkinabés, je tente de leur octroyer des bourses en Belgique. Je me dois d’être ici et de les guider, d’inspirer à l’ouverture les jeunes d’Afrique et d’ici. Un tel programme n’est pas encore possible avec le Cameroun, en raison justement des lois homophobes, mais j’espère faire bouger les lignes. Mon livre bénéficie du soutien du Parlement européen. Il va être envoyé à tous les chefs d’État africains, le but étant de faire abolir les lois homophobes en Afrique. Aujourd’hui, tous les accords entre l’Europe et les pays africains nient complètement la question de l’homophobie. On continue à faire des échanges économiques et commerciaux en dépit des atteintes aux droits de l’homme et aux droits des LGBTQIA+. J’espère qu’un groupe de discussion entre les parlementaires européens et les députés du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) verra le jour pour tenter d’abolir ces lois liberticides.

Par Catherine Haxhe
Journaliste « Libres ensemble »
Espace de libertés (Mensuel du Centre d’Action Laïque) n° 479.


Espace de Libertés


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À travers ce livre, Zam nous conte son parcours très souvent difficile. Il nous explique pourquoi il a été obligé de quitter le Cameroun alors que sa notoriété était grandissante. Au Cameroun, l’homosexualité étant un délit, il n’a pas eu le choix après que certaines personnes jalouses ont mis en avant ce côté de sa personnalité. S’il ne veut pas finir en prison, il n’a d’autre choix que de prendre la fuite.
Grâce au bouddhisme il va voir les choses différemment, il va assumer sa part féminine. Après de nombreuses souffrances telles que la perte d’êtres chers, ou encore la maladie, il va devenir un défenseur de la cause homosexuelle dans son pays d’origine. Toujours en puisant sa force dans la spiritualité, ainsi que dans la danse et le chant.
Je me dois bien d’avouer que bien qu’étant belge habitant en Belgique, je ne connaissais absolument pas Zam, mais son récit m’a donné envie d’en apprendre encore plus en découvrant son univers. Un univers qui d’ailleurs m’a énormément touchée durant ma lecture. En finissant ma lecture, j’ai eu l’impression de connaître Zam, pas d’une manière précise, mais bien comme s’il restait quelques zones floues, des zones que j’ai envie de rendre claires en poursuivant mon apprentissage de la personne en elle-même. Le fait d’avoir pas mal de photos disséminées dans le récit donne cette impression d’un récit plus intime. Plus comme si Zam se trouvait face à moi en train de me raconter son histoire.
Une personne à connaitre, à apprendre à connaître.

Zam Ebale a connu le parcours incroyable de vivre en Belgique sans papiers durant 7 années, avec un Ordre de Quitter le Territoire post-posé de deux mois en deux mois… tout en fondant une compagnie de danse reconnue et subventionnée par le Ministère de la Culture, en recevant un prix d’Anne-Teresa De Keersmaeker, en créant des chorégraphies dansées dans des centres importants comme Les Riches-Claires, le Pianofabriek et bien d’autres, en représentant même la Belgique à des festivals internationaux comme celui de Monaco. Il est aujourd’hui naturalisé belge et représente la Belgique dans des projets de coopération culturels Nord-Sud.

Alouqua, Le monde enchanté de mes lectures








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