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Poète ayant fait « tous les métiers » (volontaire aux Philippines, magasinier, formateur en informatique, bureaucrate à la Maison des Étrangers, photographe), lancé à 40 ans dans des études d’Histoire de l’Art,
Xavier Forget
n'avait encore publié "que" dans l’Anthologie « La Nouvelle Poésie française de Belgique » aux éditions Le Taillis Pré,
ainsi que, aux éditions Maelström, un " bookleg" illustré de ses photos.



Xavier Forget

Coin de siècle
Dessin de couverture :
© Monique Thomassettie
"Obliques"


UN COIN DE SIÈCLE
“une odyssée”


Poésie, 2013
112 pages
ISBN: 978-2-930702-50-6
14,00 EUR


"Une évidence poétique et une émotion sans détour. Dans ce courageux et généreux recueil, Xavier Forget étonne, secoue, dérange. Univers foisonnant, riche d’associations originales qui prennent et surprennent…"
Monique Thomassettie, Préface (extrait).





e-book
6,99 EUR




Extraits


Équation

Mode pupilles dilatées
dans
ce tramway mimosa aux crissantes antennes-cigale
sous
 la pluie épandue en litres

Le dessus d’horizon
 en bleu Klein
sur  l’allée jade
ne retient pas
un remugle
de bataille d’entrailles
avec
une équation ramassée
dans l’indistinct
du Quelque part  :

Temps est égale racine place dans cœur

Tandis que le déclin du jour
flaire sa gerbe en acier
de déjà-vu



*

Ils contemplent
les spectacles de la mort
au salon-tranquille-avec-pantoufles-cool
mais devraient crier

Merci merci merci
Ciel  ciel  ciel
Merci

Pour béton, missiles, pantoufles
                        
Le Serpent
Je vais  le cracher
Et ma tête   mes poumons   mon ventre

et le panneau publicitaire des grandes surfaces
et le nouveau gadget 100% numérique
et la nouvelle drogue 100 % synthétique
et l’augmentation fiscale que je dégueulasse

Je ne dénonce rien,
j’aperçois
comme un enfant pourri,
l’ironie pure de la mort
et de la vie


*

Un homme en veston va aux toilettes
avant d’aller au rayon Boucherie
du Shopping Occident
chercher un produit Héros
pour le manger à point


Excusez-nous, mais la maison ne fait plus crédit :
les Trente Glorieuses tapies dans un souvenir
comme une Chevrolet ou une Bugatti au garage
Comme un vieux 33 tours.

Allez :
remets un verre pour la patronne
Vous, les autres,
servez-vous,  il n’y a plus rien





Ce qu'ils en ont dit


Assurément, Xavier Forget est un poète urbain. Le voici dans la solitude d’une nuit bruxelloise ou de la place Flagey,  dans l’anonymat du métro ou des trams,  dans les rues transméditerranéennes / du quartier de Matonge ou celles de coulisses éthyliques et malfamées,  les rues achat-vente, parmi  ces légions / de figurants de l’émotion zéro. Ce dont il parle, c’est l’atmosphère des villes devenues ce qu’elles sont sous l’emprise de l’économie de marché et l’empire de l’informatique. Car dans ses écrits la localisation rejoint la temporalité comme le suggère le titre Un coin de siècle.
Ceci n’empêche pas ou provoque la nostalgie de Rutebeuf, des dunes, des vagues, des arbres, des grillons ou d’une araignée, des oiseaux, du parfum des fleurs, de ronces aux fruits juteux,  de l’azur, de la lune…  Cela veut croire qu’Il fut un temps / où comme un enfant / il était possible / d’être / et maladroit et heureux / Innocent. C’est aussi qu’l y a en Forget l’Utopie / d’un chevalier / qui survivrait aux mirages en dépit des dérives économico-politiques qu’il épingle en mots simples, alignés en style direct, parfois même en langage texto.
Il n’est pas tendre avec nos illusions démocratiques perdues. Il y a là quelque chose de la lignée de Cendrars arpentant son époque, de celle aussi de Georges Linze mais sans son optimisme trop confiant. Et probablement  des rappeurs actuels quand ils ne se contentent pas de rimes à deux cents.

Michel Voiturier, Reflets Wallonie-Bruxelles

*

J’ai l'étrange impression d'aborder à un monde que j'ai déjà connu deux fois au moins. Le monde de l'aventure incontrôlée vécue par un aitiste, photographe et aujourd'hui poète, qui aura fait les quatre cent coups dans des tas de domaines. Xavier Forget ne se contente d'ailleurs pas d'un seul paysage et ne cesse de voyager dans ses textes comme il le fit dans son existence plutôt aventureuse (mais je préférerais écrire et penser "aventurière") en pratiquant des métiers divers, pas toujours culturels d'ailleurs. Du coup les textes d'Un coin de siècle viennent maifestement de tous les coins de la planète. Ne nous trompons pas, ce n'est pas du tour du monde, mais du tour de l'esprit. Et c'est fort, presque "américain" parfois (compliment et non reproche. Raconté sans gêne ni hésitation).

Paul Van Melle, Inédit nouveau n° 264.




*


Les impressions, les images, les mouvements de cœur et d'humeur foisonnent dans Un coin de siècle, de Xavier Forget. Recueil original, bondissant, surprenant, déroutant, qui, nous dit Monique Thomassettie dans sa préface, « lance un pont entre slam, haïku et kafkaïade ».
Au fil des pages, des rythmes, on voit sautiller sur l'eau grise de l'étang les mouettes, non loin de l'église « envoilée dans les nuages », un jour où « Tout est gris, l'odeur et la vie ». Flâner, dans les rues, la liberté, parfois « riant de plaisir pur », rêvant, regardant, désirant... Soudain éclate la verve sarcastique :
« Progrès :
fier de tes chaînes
On a cru en tes mensonges
tandis qu'un cerisier se demande
comment disparaître. »
« La société, madame, l'époque,
l'Europe, la planète, madame,
la mondialisation,
la délocalisation,
la dévertébralisarion »
Ailleurs soupire la lancinante nostalgie :
« La lune veut m'allumer
d'une douceur inédite
Mais tu n'es pas là »
« Acropole perdu
Je ne serai pas ta colonnade
Mon fronton tu n'es pas
A quand ce temple de nous deux ? »
Mais la partie n'est jamais définitivement perdue. À la manière des « années-enfance /
jamais finies ».

Francine Ghysen, Le Carnet et les Instants.



*


Voilà un poète dans son siècle, qui nous parle de son siècle, le XXIe, un petit-enfant de Cendrars qui se débat dans notre modernité sans âme. Ici, les images s'entrechoquent, nous donnent le tournis. Le poète triture la gangue du langage pour en taire sortir des éclats de vérité, L'homme crie, tonne, s'indigne ou ricane, frappe à notre porte, mais à l'évidence, il en a gros sur le cœur, "un cœur gros comme ça". Il espère pourtant semble-t-il, attend une lumière, quelque chose qui le sorte de sa condition éphémère. Cette œuvre kaléidoscopique, violente et tendre, toujours en mouvement, nous touche par son constat pathétique et son indignation salutaire. Il y a là un poète, un homme qui s'affirme dans ses contradictions, ses dénonciations et ses aspirations à voir s'ouvrir le ciel.

Maurice Cury, Les Cahiers du Sens.(à paraître)



*


Les mots du siècle, de la modernité tapageuse, des contraintes sociétales pleuvent dans ce contre-chant lyrique, qui dénonce l’anonymat d’une foule sentimentale, pourrie par les mécaniques de toutes sortes, les horaires, les crédits, les ordinateurs de vie quotidienne, les prédations communes et ordinaires.
Dans ce deuxième volume de vers (après un bookleg), Xavier Forget, jeune recrue d’une poésie belge et qui a le vent en poupe (citons Wauters, Ben Arès, Dancot, Delcorte, Piette et consorts), alterne les formes plus classiques, les répertoires prévertiens, les listes récrites, le pastiche du notre père et autres langages plus verts.
Celui qui déclare d’emblée « Je me fonds dans l’anonymat » « dans les rues figurantes » sait, et c’est un atout pour le débutant, contrôler ses élégies, ses états d’âme, ses appétits de marcheur, ses errances, ses migrations (« nomades malgré eux/ trimardeurs vers toujours plus d’incertitude »).
Du haïku maîtrisé à la longue mélopée engagée contre l’inertie, l’invisibilité des êtres, le poète traverse en biais, sur des sentes personnelles, un « coin de siècle », mal troussé, mal foutu, mal né, et s’emporte à bon escient contre les logeurs d’incertitudes, les fabricants de sommeils tristes, en tablant sur de belles images :
Habiter
ta main dans ma main
au-dessus
de ma chambre élégiaque

Tandis qu’une fois le noir venu
l’on aimerait encore sourire d’étourderies
et plaire.

Que s’évanouisse l’ennemi/ qui résonne/ en moi
Parfois, un zeste de prosaïsme, parfois quelques effets non désirés, mais dans l’ensemble, un livre qui promet et un auteur dont l’engagement sincère nous touche, par sa lente et précise description d’un réel sans âme.

Philippe Leuckx, Texture



*

Un extrait lu par Guy Stuckens dans son émission "Cocktail Nouvelle Vague", sur Radio Air Libre.


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