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Caroline Alexander


 
Née en 1936 en Allemagne, Caroline Alexander est emmenée clandestinement en Belgique en 1939. Enfant cachée durant la guerre. Après des études de Droit à l’Université Libre de Bruxelles où elle a surtout fréquenté le Jeune Théâtre de l'ULB, elle s’installe  à Paris. Elle y exerce différentes activités dans le monde du cinéma et du théâtre (notamment attachée d epresse en France de Liz Taylor et Richard Burton), puis dans le journalisme culturel à partir de 1965 (Le Soir Illustré, Pan, Femme d’Aujourd’hui, Femme Pratique). Elle devient responsable des chroniques théâtrales et/ou musicales à L'Express, aux Echos, à la Tribune, au Matin, collaborant également  avec Paris-Hebdo, Télérama, Diapason, Arts, Le Journal des Spectacles, La Quinzaine des Spectacles
Depuis 2003, est responsable de la rubrique musique classique sur le site www.webthea.com.
Son premier roman (autofiction) "Ciel avec trou noir", paru en 2014 aux ditions M.E.O., a obtenu le Prix Emma Martin.


Caroline Alexander
Vie-miniature

Illustration de couverture
Illustratons intérieures
© Raymond Passauro


UNE VIE EN MINIATURE


Roman, 2018

108 pages.
ISBN : 978-2-8070-0156-5 (livre) –  978-2-8070-0157-2 (PDF) –  978-2-8070-058-9 (ePub)
14,00 EUR
Illustrations de Raymond Passauro


Tandis que son mari volage court la prétentaine, la narratrice, journaliste culturelle, se découvre l’extraordinaire faculté de rétrécir puis de reprendre sa taille normale. Avec la complicité de ses trois chats et particulièrement de Jupiter, le troublant persan chinchilla qui n’est peut-être pas étranger au phénomène, elle découvre une existence merveilleuse qui, à force d’allées et venues entre les deux dimensions – au sens propre –, va prendre le pas sur sa vie ordinaire.
Un roman-conte, dont la réelle profondeur se dissimule sous des allures primesautières.





e-book
8,99 EUR




Extrait


À chacune de ses absences, le Don Juan chasseur que j’avais épousé tisonnait les cendres de cette peur. Je me calfeutrais alors dans notre lit et reportais ma solitude, mon besoin d’aimer, sur mes trois chats. Woody, le gros chartreux de gouttière, le plus affectueux, aimait s’allonger le long de mes reins. Loulou, sa mère, menue, craintive, vexée, se réfugiait au pied de la couette, et Jupiter l’insolent, le persan chinchilla comme le précisait son pedigree, boule de poils blancs chinés de gris, si drôle et si doux, s’installait, impérial, sur l’oreiller, au-dessus de ma tête. Ils me tenaient compagnie, heureux d’occuper des zones interdites puisque, lorsque Maxime était présent, la chambre à coucher leur était interdite. Jupiter ronronnait en sourdine, Woody ronflait de contentement, Loulou, roulée en boule, poussait des soupirs de souris. Ils me berçaient et je faisais le vide jusqu’à ce que le sommeil petit à petit m’engourdisse.
C’est dans un de ces moments que « la chose » se reproduisit. Je n’avais pas bougé de l’orbite de mon drap, je n’avais senti qu’un vague picotement, une ondée de chaleur légère, mais mes compagnons subitement prirent des dimensions de fauves.
Je me secouai. Où étais-je ? Dans la savane du Parc Krüger en Afrique du Sud ? Quand, à l’aube naissante, figée sur le quatre-quatre de la promenade, j’évitais de bouger pour ne pas apeurer la lionne blonde qui allaitait ses petits ou le léopard échappé d’une toile du Douanier Rousseau qui posait en mannequin stylé, la queue enroulée sur la branche d’un baobab ? Un souvenir de voyage, quand Maxime, au retour d’une escapade-amourette, m’avait offert en réconciliation de découvrir la vie sauvage préservée d’Afrique du Sud.
Illusion du réveil… J’étais bel et bien dans mon lit, entourée de mes chats. Mais mon lit avait pris la dimension d’une plage et mes compagnons celle de félins du jurassique. […]
Peur. Panique. Qu’allaient faire de moi ces chats d’habitude si gentils, mais qui ne pouvaient plus me reconnaître ? Me croquer ? Me démanteler, jouer avec mes bras, mes jambes, ma tête comme ils le font avec un moineau ou un mulot ? Woody, le patapouf, dormait. Loulou aussi. Jupiter m’observait de ses yeux jaunes. Me cacher ? Dans quel pli du drap ou de la taie de broderie blanche ? Comment faire vite quand le mouvement le plus large me faisait avancer de quelques millimètres à peine ?
Jupiter tendit vers moi sa patte courtaude et d’une secousse me retourna. Je me retrouvai enfouie dans les poils blancs sous son aisselle. Étrange sensation ! Douceur, chaleur, et ce parfum cuivré, primitif, qui m’enivrait comme un alcool. Je ne comprenais plus rien à rien, mais je n’avais plus peur. Je me sentais bien. En sécurité.
Alors, dans ce creux de vivante et chaude fourrure, je finis par m’endormir.



Ce qu'ils en ont dit



Du haut de son mètre soixante-deux, l’héroïne (journaliste culturelle) vit avec Maxime, un mari volage, peu présent et prévenant lorsqu’il s’agit de se faire pardonner une énième incartade. Alors que l’existence s’inscrit dans le ronron, elle se découvre la faculté de rétrécir, puis de retrouver sa taille normale. Une étrange impression qui la plonge d’abord dans un sentiment de panique ingérable, avant de se familiariser avec ce don et d’en faire usage pour s’évader d’un monde où elle ne se sent pas totalement à l’aise. L’occasion de se mettre à la dimension de ses chats Loulou, Woody et Jupiter et de passer d’agréables instants en leur compagnie même si, au début, elle ne savait pas de quelle manière ils allaient gérer la situation et risquaient de s’en prendre à elle comme ils le font avec un mulot ou un oiseau qu’ils démembrent et déchiquètent. Ainsi débute une curieuse aventure où le temps et l’espace empruntent une tangente singulière, où les heures, les jours et les semaines passent sans autre calendrier que l’aube et le crépuscule, avec des errances dans la maison, afin de la découvrir sous un angle différent. Quant au boulot, quelques esquives suffisent pour s’absenter, sans pour autant omettre de rentrer la critique réclamée, toujours la plus juste possible. Caroline Alexander invite le lecteur à un merveilleux périple et baigne son récit de remarques idoines sur les priorités de l’existence, le droit au rêve et la séduction qui peut naître de mille choses invisibles au regard.

Daniel Bastié, Bruxelles-culture


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Voici un roman étonnant que l’on n’attendait peut-être pas de l’auteure du roman-autofiction sombre et poignant, « Ciel avec trou noir ».
« Une vie en miniature » est sans conteste un livre plus léger, mais l’on sait bien que la légèreté n’empêche nullement la profondeur.
La narratrice, journaliste culturelle comme son auteure, est une femme en souffrance. Son mari, Maxime, la trompe énormément, passant sans jamais vraiment s’attacher, d’une aventure à une autre.
Ses vieux démons l’assaillent, surtout la peur de l’abandon, à peu près le seul passage que nous livre l’auteure sur son passé douloureux, petite fille juive d’à peine trois ans séparée de sa mère sur un quai de gare au début de la Seconde Guerre mondiale.
Durant les absences de ce mari, qu’elle aime et ne cesse d’attendre, elle commence à faire des rêves étranges qui, de nuit en nuit, deviennent une réalité surprenante. Avec la complicité très mystérieuse de ses trois chats – chez qui elle recherche la consolation d’une douceur perdue –, elle se découvre une faculté extraordinaire : celle de réduire sa taille aux dimensions d’une poupée, pour retrouver sa taille normale, en général le matin, aux côtés de Maxime endormi revenu de son escapade.
Elle prend de plus en plus goût à cette « nouvelle vie », à laquelle elle apprend à accéder sur commande, dès que le besoin s’en fait sentir.
« Je me sentis partir, tout doucement, un envol ou une glissade, quelques picotements ténus et puis, sans rupture, sans douleur, sans avertissement, le bonheur soyeux de me trouver calée entre ses pattes de chat. Petite, poupée, objet quasi invisible… mais lucide ».
Elle découvre un nouveau monde dans lequel elle se sent bien, en paix, une vie parallèle qui finit par prendre le pas sur sa vie ordinaire de femme.
« Le premier rayon de soleil acheva de me sécher. Un papillon cerise et ocre se posa sur mes cheveux et se fit ombrelle par-dessus ma tête […] J’allais au secret des choses, inertes ou vivantes ».
Devenue presque invisible, elle a aussi la possibilité d’observer son mari et de prendre conscience des aspects ridicules de son comportement à lui…
C’est l’histoire d’une fuite, fuite de la réalité, d’une vie de couple malheureuse, mais pas uniquement, c’est aussi une libération. Une fable métaphorique. Une sorte de leçon sur la nécessité de prendre du recul face à nos problèmes, nos enfermements, nos sujétions, nos dépendances affectives, nos habitudes, notre vie ordinaire. Pour enfin, prendre son destin en main.
Peu à peu, les lignes bougent. Elle évolue dans sa tête et dans sa vie, par rapport à ce mari volage. L’on sait à quel point les épreuves de la vie font avancer et nous transforment, et c’est peut-être ce qui peut nous arriver de mieux dans la vie. Nous ne dévoilerons pas ici jusqu’où ira la transformation de la narratrice. En tout état de cause, jusqu’au mot « liberté »…
L’on ne manquera pas de signaler aussi les jolis croquis de chats qui jalonnent le livre (Raymond Passauro).

Martine Rouhart, Reflets Wallonie-Bruxelles


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A-t-on remarqué combien le moment est à la réflexion sur la critique ? Il y a eu les essais de Jean-Luc Jenner, Pour en finir avec la critique théâtrale (édition Atlande), et de Jean-Pierre Léonardini, Qu’ils crèvent les critiques ! (Les Solitaires intempestifs), dont a rendu compte Dominique Darzacq ici même. Dans les premières pages son livre sur ses épreuves après l’attentat contre Charlie Hebdo, Le Lambeau (Gallimard), Philippe Lançon s’interroge sur le style de critique qu’il pratiquait naguère. Notre amie Caroline Alexander évoque aussi la critique par un chemin dérobé qui est celui de la fable. Après avoir publié Ciel avec trou noir, elle fait paraître une sorte de conte fantastique, Une vie en miniature, dont la narratrice est critique de théâtre et d’opéra.
Cette journaliste vit avec ses trois chats, qui l’entourent plus que son mari, plutôt volage, trop rapidement séduit par le premier minois qui passe. Elle se découvre une faculté de métamorphose magnifique : à la demande, elle se transforme en chaton. Changeant ainsi d’échelle, elle peut mener une autre vie, observer sans être repérée, profiter de la douce existence des félins qui n’appartiennent à personne et ne se soucient que de leur propre bonheur. Notre héroïne passe sans cesse de son aspect normal, qui lui permet d’enchaîner les pièces de théâtre et les opéras (elle salue au passage quelques artistes aimés, comme André Engel), à sa version réduite grâce à laquelle tout est possible. Le mari s’éprend de ce chaton inconnu, mais il ne sait pas à qui il a affaire !
Le livre de Caroline Alexander, sans doute assez autobiographique, fort malicieux, d’une tendre ironie, est une sorte de conte d’Hoffmann dont la fantaisie s’enrichit de l’humour acerbe du XXIe siècle. Agrémenté des dessins de Raymond Passauro – dont le graphisme caresse aussi bien les chats que l’écriture de Caroline Alexander -, cette hymne à la liberté chante l’allégresse d’être dans le monde à condition de savoir s’en échapper à loisir. Il n’est pas très moral. Rien de tel que les contes qui n’assènent pas de morale !

Gilles Costaz, webtheatre.fr



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Avec les parutions de cet éditeur, je ne sais jamais trop à quoi m'attendre, mais heureusement je suis toujours surprise dans le bon sens du terme par ce que je découvre. Tout comme ici avec Une vie en miniature.
Je peux déjà vous dire que si vous êtes amoureux des chats, vous devriez franchement aimer ce roman assez court, vu que celui-ci fait juste un peu plus de 100 pages. Mais attention, le nombre de pages ne veut pas dire que c’est une histoire incomplète ou avec une sensation de travail bâclé !
Avant de parler de l’histoire en elle-même, je voudrais souligner que les illustrations qui sillonnent ce livre sont très bien réalisées, des portraits de chats dans lesquels nous pouvons ressentir un réel attachement à cet animal. En tout cas, moi qui aime les chats, je les trouve bien réalisées, et elles illustrent parfaitement l’histoire.
Dans un couple, tout n’est jamais tout blanc ou tout noir, il y a parfois des nuances grisâtres qui se glissent dans les pages. Si en apparence tout se passe pour le mieux, il se peut qu’il y ait une réelle souffrance chez l’un ou l’autre, il se peut qu’un des deux se montre volage, que celui-ci aime butiner ailleurs. C’est le cas du couple dont nous faisons la rencontre avec ce livre. Pendant qu’elle reste la plupart du temps chez elle, sauf pour se rendre à des opéras, pièces de théâtre, séances de cinéma pour son travai Monsieur, lui, se permet de faire quelques écarts dans sa fidélité de mari.
Suite à une énième incartade de l’homme qu’elle aime, elle va faire des rêves plus qu’étranges, qui vont se transposer dans la réalité et elle va se rendre compte qu’elle a la faculté de rétrécir, de ne plus faire que quelques centimètres, elle qui n’est déjà pas très grande. Durant ces moments où elle est de taille minime, elle va trouver du réconfort et de l’aide avec un de ses chats, les deux autres ont plutôt l’air de s’en foutre un peu, mais pas Jupiter. L’amour et la compassion qu’elle n’a plus avec son mari, elle les obtiendra de son compagnon à quatre pattes. Il existe entre eux deux un lien très fort, un lien spécial. Mais à qui oser parler de cette expérience ? Elle risque de passer pour folle ! Petit à petit, elle va découvrir un autre monde, un monde que en tant que personne de taille normale elle n’a jamais regardé de près, mais l’herbe du jardin, la faune qu’elle renferme, les senteurs que l’on y trouve, tout cela va devenir son petit coin de paradis lorsqu’elle est de taille miniature.
Les moments où elle se retrouve minuscule, en compagnie ou pas de son chat, sont des moments de liberté, des moments qu’elle ne peut avoir ou ressentir en temps normal. C’est une histoire touchante et parfois désarmante, qui nous fait prendre conscience que le chemin vers notre propre liberté peut se trouver juste sous nos yeux, qu’il ne faut pas forcément chercher très loin pour trouver enfin le bonheur auquel chaque être a droit.

Alouqua, blog + Babalio

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« Quoi ? Moi, l’agnostique, la logique, la sensée, la raisonnable, la raisonneuse, je deviendrais l’espace de quelques heures une Alice qui, au lieu de traverser les miroirs, passerait, qui sait, par des trous de serrure ? »
La narratrice d’Une vie en miniature s’éberlue de sa soudaine capacité à rapetisser. Pas plus grande qu’un doigt, elle se déplace en se mêlant au pelage blanc de Jupiter aux yeux jaunes, la menant entre draps dans la chambre et lit d’herbes au jardin. Il est son chat protecteur qui lui permet de vivre l’impossible. N’a-t-on pas tous rêvé d’être une petite souris pour voir sans être vu ? Notamment l’être aimé ?
De là à ce que le rêve devienne réalité… De là à se heurter à l’incompréhensible… « Oui ? Non ? Vrai ? Faux ? Ne pas se poser la question ! Ne pas consulter de neurologue. Encore moins un psychiatre ! Surtout ne pas savoir. La griserie de ces moments m’étourdissait d’un tel bonheur. Je n’avais pas envie d’y voir clair. »
Cependant : « Pourquoi, quand, comment ? La dernière question me laissait bien sûr perplexe, mais aux deux premières répondaient les mêmes circonstances et le même état d’esprit : Maxime en chasse et mon désarroi, mon malaise, mon souhait d’être loin. »
Ironie que de vouloir être loin quand on peut être tout près. Si le fantastique de la situation donne accès à la réalité, il permet surtout de découvrir une vérité bien pauvre. La narratrice voit bien que les amours courtes et pataudes de son époux sont sans intérêt.
« Tellement conforme au cliché de la vie de bureau, avec le patron plus très jeune, inquiet de sa séduction, qui drague sa secrétaire célibataire, et celle-ci qui s’offre en vue d’une promotion et, qui sait, d’une place dans la société. Cette histoire, si bête et si banale, m’inspirait plus de compassion que de jalousie. »
Alors la vérité guérit-elle de la jalousie ? Ou bien la réalité ne surpasse-t-elle jamais le rêve ? Ou encore le rêve est-il le seul accès au bonheur, en habillant la vérité toute nue ?
« Tout était tellement entré dans le domaine du fantastique depuis le jour où j’avais découvert ma faculté de changer de dimension. Depuis le moment où, avec Jupiter, étaient nés des liens inconnus du monde humain. »
« Roman d’amour et de chats », tel pourrait être l’épilogue de Caroline Alexander : « Les chats savent toujours ce qui n’est pas dit. » Mais si on peut rapetisser à la taille d’une petite souris, peut-être est-il possible de se transformer en chat ? Pourquoi pas ? Alors là…

Tito Dupret, Le Carnet et les Instants



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La narratrice a le don de se miniaturiser et ainsi de ne pas se faire voir ! C'est grâce à son chat Jupiter et lorsque son Maxime lui cause du souci !
La narratrice a une vie bien remplie : journaliste, elle couvre les actualités théâtrales et musicales. Son mari Maxime, un homme d'affaires important, est souvent absent : il court aux quatre coins de la planète. Maria, la femme de ménage, est précieuse pour la bonne tenue du logement. Outre son métier de journaliste, elle a une passion pour ses chats : Woody, Loulou et Jupiter. Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille : elle a des soupçons, les absences de Maxime lui semblent suspectes. Elle s'ouvre à son amie Céline et se désole en câlinant son chat Jupiter... miracle, elle devient lilliputienne et peut se cacher dans le blazer de Maxime. Puis, elle retrouve sa taille normale... Et tout évolue au gré des pages.
Une histoire surréaliste remplie de tendresse, d'humanité. le lecteur s'y laisse prendre car tout est merveilleux.


DHALLUIN, Babelio








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